Quel potentiel pour la blockchain dans l’assurance ?

Les grandes compagnies d’assurance investissent des sommes importantes dans la technologie d’échange d’information blockchain pour déterminer ses applications possibles dans le secteur de l’assurance. Décryptage.

Apparue en 2008 en concordance avec la monnaie numérique bitcoin, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente et sécurisée. Sa particularité est de fonctionner sans organe central de contrôle, c’est-à-dire sans intermédiaire. Bien qu’initialement développée pour le milieu de la finance, la blockchain peut techniquement enregistrer n’importe quelle information. De quoi piquer l’intérêt des acteurs du secteur de l’assurance

Ainsi, en décembre 2015, Allianz France ajoutait la start-up londonienne Everledger à son accélérateur niçois pour étudier le potentiel de la blockchain. Deux mois plus tard, Axa annonçait un investissement de 55M de dollars dans la société Blockstream. Alors que les acteurs du secteur repensent activement leur stratégie d’acquisition et de fidélisation, l’intérêt de ces grandes sociétés d’assurance pour la blockchain s’explique simplement : cette technologie a le potentiel de faire disparaître les phases de déclaration et de faire naître de nouveaux systèmes d’assurances en ligne sans intermédiaire.

Faciliter les déclarations ou les faire disparaître  

Dans son application la plus simple, la blockchain permet à un assuré d’envoyer une déclaration de sinistre à son assureur. Le document est daté, vérifié puis ajouté à la blockchain. Dès lors que cette information fait partie de la base de données virtuelle, le document est accessible par l’assureur. L’avantage pour le consommateur ? Par la nature sécurisée et non-modifiable de la blockchain, l’existence de la déclaration et sa date d’envoi sont de fait incontestables. De quoi simplifier bien des démarches d’indemnisation, où les dates sont parfois l’objet de litiges. Mais le potentiel de la blockchain ne s’arrête pas là, et les compagnies d’assurance imaginent déjà des systèmes entièrement automatisés.

Oracles et smart contracts 

Les smart contracts – ou « contrats intelligents » ­– sont des programmes informatiques capables d’exécuter les conditions et termes d’un contrat sans intervention humaine. A l’aide d’entités spécialisées appelées « oracles », opérant avec une blockchain, il est possible d’automatiser le déclenchement d’une indemnisation une fois les conditions remplies, sans qu’il y ait un lien entre l’assureur et l’assuré à chaque étape du processus. 

 

Dans le cas d’un accident de voiture par exemple, les smart contracts offrent la possibilité aux assureurs de contrôler le coût d’un sinistre. Un simple signal serait relayé à l’aide d’un smartphone – ou directement via une voiture connectée – pour avertir la blockchain de l’accident. Après vérification de l’oracle, les smart contracts appliqueraient les conditions du contrat avec, par exemple, le paiement d’une indemnisation à un tiers.

 

Avec l’avènement de l’Internet des objets (voitures, maisons et désormais santé connectée), des processus d’indemnisation accélérés grâce à la blockchain et aux smart contracts pourraient se multiplier pour couvrir de nombreux types d’assurances.