La logistique du don : la question centrale à régler pour en finir avec le gaspillage alimentaire

Vous pensiez que le problème du gaspillage état définitivement réglé suite au vote de la loi ? Et si ce n’état pas le cas ? Et si la question centrale était d’offrir aux professionnels de la grande distribution une alternative logistique fiable et pérenne pour faire le lien avec les associations ?

Après une pétition lancée en janvier 2015 et qui a réuni plus de deux-cents mille signatures, le Parlement puis le Sénat ont voté le 3 mai 2016, une loi anti-gaspillage. Son objectif est d’encourager et d’encadrer la mise en place de toutes les dispositions nécessaires pour récupérer, valoriser les denrées alimentaires et éviter leur gaspillage. Dans l’année qui suit sa promulgation, la loi impose même aux commerces de plus de 400M2 de signer une convention avec une ou plusieurs associations "précisant les modalités selon lesquelles les denrées alimentaires, encore consommables,  leur sont cédées à titre gratuit".

Donner oui,  mais comment et à qui ?

Il y a quelques mois, Michel-Edouard Leclerc soulignait dans son blog[1] l’épineuse question de la collecte de marchandise à courte DLC (date limite de consommation). Il mettait l’accent sur l’impérieuse nécessité pour les professionnels de la grande distribution de travailler avec des acteurs logistiques afin de maximiser le nombre de jours de collectes réalisées par les associations. Ce point est capital. Le fait que des centaines de millions de tonnes de produits soient désormais disponibles pour le don est une excellente nouvelle. Néanmoins, sans opérateurs logistiques pour épauler les associations dans la collecte de ces produits, ces dernières risquent de passer à côté d’une marchandise providentielle. Ces acteurs logistiques sont essentiels pour acheminer ces marchandises jusqu’à leurs propres entrepôts ou jusqu’à ceux des associations, en attendant a redistribution aux personnes nécessiteuses.

 

Un défi logistique immense au regard des exigences sanitaires

Si cette loi représente une opportunité phénoménale pour les associations, elle présente également un défi que seuls des professionnels de la logistique pourront relever. Dans un monde professionnel connecté et dans une économie où l’agroalimentaire est soumis à des contrôles rigoureux, il est essentiel de se conformer à des processus très exigeants.  A fortiori lorsqu’il s’agit de plusieurs centaines de millions de tonnes. Traçabilité, chaîne du froid et responsabilité pénale en cas de problème sanitaire contraignent les distributeurs et les associations à une exigence de chaque instant. Face aux tonnes de nourriture qui vont désormais être disponibles, il est de l’intérêt des acteurs impliqués, grande distribution et associations, de créer des partenariats fructueux et vertueux avec des opérateurs logistiques innovants.


La création et le renforcement d’un écosystème à trois parties prenantes - grandes distribution, logisticiens spécialisés et associations - permettront de résoudre le problème du gaspillage. Quelques acteurs logistiques précurseurs sont d’ores et déjà impliqués. Certains d’entre eux proposent de simples services de livraison dans des camions réfrigérés. D’autres acteurs vont beaucoup plus loin et proposent un service complet qui s’étend du transport, dans les meilleures conditions sanitaires, jusqu’à la livraison journalière des invendus, en lien avec les toutes les associations concernées. Grâce à une plate-forme informatique avancée, ils assurent également, à chaque étape, une traçabilité informatique de chaque produit transporté. Nous n’en sommes qu’au début. La route est encore longue. 

De nombreux directeurs de magasins et de nombreuses associations sont encore démunis. Ils  n’ont pas encore conscience de la valeur que ces partenaires peuvent leur apporter. Cet écosystème à trois parties prenantes est pourtant la clé pour permettre une redistribution de  100% de la nourriture disponible dans les magasins, dans le respect des normes sanitaires. Les bénéficiaires des associations, souvent des familles précaires, pourront ainsi accéder à des produits alimentaires frais et variés. Dans le cas contraire, ces millions de tonnes de marchandises, rendues disponibles grâce à la loi, risquent fort de ne pouvoir être redistribuées, faute d’être collectées à temps et dans les bonnes conditions.