De la nécessité d’imposer le chauffage intelligent en France

Pour ne plus avoir de problème de pic de consommation pendant les vagues de froid, l'Etat devrait imposer le chauffage intelligent. Si 150 000 logements étaient gérés avec ce type de systèmes, la France économiserait l’équivalent de la production annuelle d’une centrale nucléaire.

A chaque nouvelle vague de froid, le problème de la consommation énergétique française et le dépassement de la limite du réseau est un véritable enjeu. Pendant la vague de froid de février 2012, le chauffage électrique était responsable de 40% de la consommation énergétique nationale d’après RTE. Toujours selon RTE, pour chaque degré de température extérieure en moins au niveau national, la consommation peut croître de 2 400 mégawatts (maximum) soit l’équivalent de la consommation de Paris intra-muros. De fait, pour éviter les coupures électriques de délestage, on augmente la capacité de production.

Augmenter la capacité de production, oui, mais à quel prix ?

En France, le nucléaire fournit les trois-quarts de l'électricité. Début 2017, sur le parc des 59 réacteurs tricolores, 12 étaient à l’arrêt pour des vérifications de sécurité décidées à la suite d'une concentration excessive en carbone dans l'acier de leurs générateurs de vapeur (une anomalie susceptible d'affaiblir leur résistance). Pour parer à des coupures de courant de délestage, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a donné son feu vert pour le redémarrage de 9 des 12 réacteurs.  Sont-elles véritablement opérationnelles ? Est-ce la bonne solution ? L'Hexagone peut également importer de l’électricité de chez ses voisins, mais le seuil de capacité théorique est fixé à 12 000 mégawatts.

Ne pouvons-nous pas trouver d’autres solutions et économiser l’énergie plutôt que d’augmenter la production en dépit du bon sens ou importer de l’électricité et remettre en cause notre indépendance énergétique ? 

Les Français sont régulièrement appelés à être éco-responsables via la diffusion de messages de sensibilisation sur la consommation énergétique. Mais le véritable civisme ne résiderait-il pas dans l’équipement individuel de solutions efficaces pour économiser l’énergie que nous partageons tous ?

Les thermostats connectés, gadgets ou innovations au service du public ?

Il existe des solutions innovantes et facilement accessibles permettant de réduire la consommation énergétique, comme les thermostats intelligents. Mieux encore l’ensemble des données de consommation et de température agrégées au niveau national permettraient à la communauté d’être automatiquement coresponsable de la consommation et aux pouvoirs publics de connaître en temps réel les besoins en matière de consommation électrique.

Bien plus qu’un simple gadget qui offre un confort immédiat, ces solutions connectées participent à l’effort de réduction de la consommation d'énergie. Si l’on gérait 150 000 logements avec un chauffage intelligent, on économiserait l’équivalent de la production annuelle d’une centrale nucléaire.  Si ces solutions sont diffusées à grande échelle, on pourrait agir de manière concrète et rapide sur les pics de consommation.

Les thermostats connectés pilotent le chauffage de façon autonome sans aucune programmation et diminuent la consommation énergétique avec une véritable capacité d’apprentissage, en prenant en compte le mode de vie, mais aussi en calculant l’inertie du chauffage en fonction de l’isolation du logement, du taux d’humidité, de la température extérieure, pour une optimisation optimale des périodes de chauffage.

Une utilisation au niveau national de ces solutions amènerait à une baisse de la consommation énergétique qui permettrait de mieux gérer les pics. Parce que nous sommes collectivement dépendants des services publics en matière d’électricité, il est vital que l’Etat s’engage dans une véritable politique de gestion intelligente et connectée des chauffages en France en normalisant et en généralisant l’intégration de thermostats intelligents pour tous les chauffages. La technologie le permet aujourd’hui. C’est le miracle du monde connecté.