Le transport combiné rail-route, grand oublié de la campagne présidentielle

Aujourd’hui, à quelques jours du second tour de la présidentielle et alors que la campagne monte en puissance, une ombre plane sur les professions de foi des deux derniers candidats. Comme à chaque course présidentielle, le thème des transports est effleuré dans les programmes mais n’est traité qu’avec une vague superficialité.

On nous parle de “travail à la carte”, de mesures punitives prises à l’encontre des transporteurs les plus polluants. On s'enflamme pour la condition des routiers et celles des voyageurs, mais les problématiques du transport combiné Rail-Route (TCRR), elles, sont placées sous silence.

Alors que les objectifs de la COP 21 nous engagent à réduire nos émissions de gaz à effet de serre et que le ferroviaire reste l’un des modes de transport les plus vertueux (-85% d'émission de CO2 par rapport au transport routier et -59% en ce qui concerne la consommation d’énergie); on s’étonne du peu d’engagement des candidats en faveur de ce mode de transport vert. A l’ère du bas carbone et constatant que ces solutions alternatives à la route ont d’ores et déjà fait preuve de leur efficacité, il est urgent de mettre en place des mesures pour relancer le fret ferroviaire et particulièrement le TCRR.

Une industrie à la marge des préoccupations politiques

Pourtant, la technique du transport combiné ne manque pas d'atouts. Depuis sa création il y a près de 90 ans, le TCRR reste l’un des modes de transport les plus propres et les plus durables, contribuant largement au désengorgement des grands axes routiers et autoroutiers. A l’heure où le secteur du transport routier et de la logistique manque cruellement de volontaires à l’embauche, le Combiné Rail-Route s’attache à proposer des métiers de plus en plus qualifiés, notamment en sollicitant les conducteurs routiers pour des missions juridiques et commerciales, lors des chargements et déchargements. Somme toute, des avantages notables, que nos politiciens semblent pourtant délaisser.

Il faut dire qu’en tout temps, les choix gouvernementaux n’ont été que peu favorables à la technique du transport combiné, la pénalisant, voire la sanctionnant de manière récurrente. Avant même d’évoquer l’état désastreux des infrastructures ferroviaires et l’augmentation croissante du prix des sillons depuis la libéralisation du fret en 2008, pensons à tous ces coups de pouces avortés qui nous mettent aujourd’hui dans la difficulté. A l’encontre de toutes règles de bienséance économique, le gouvernement Français a finalement choisi l’abandon de l’écotaxe, pourtant favorable à notre activité. Sur les routes, il a préféré la généralisation du 44 tonnes pour le poids total roulant autorisé, accordant ainsi une plus grande compétitivité au transport routier, mais nous privant de facto de tout avantage concurrentiel. Petit à petit, le prix du pétrole n’a cessé de décroître, diminuant ainsi l’avantage acquis au Fret Ferroviaire et au Transport Combiné Rail Route.

Faire un pas vers une logistique plus propre

Face à cette incompréhensible attitude, nous ne pouvons que tirer la sonnette d’alarme. L’avenir de notre industrie du transport se tourne désormais vers la rationalisation énergétique, qui trouve toute sa logique dans la généralisation du fret ferroviaire et plus particulièrement du Transport Combiné Rail Route. Chaque année, ce mode de transport permet d’économiser environ 1,2 millions de tonnes de CO2. Par ailleurs, avec l’arrivée du Bio GNV au premier et dernier kilomètre routier, le transport combiné Rail-Route est désormais l’alternative la plus pertinente qui existe sur le marché avec un transport terrestre en longue distance décarboné. Autant de raisons pour lesquelles il semble indispensable de soutenir l’activité du fret ferroviaire et du TCRR. Mais comment agir ?

Productivité, performance et bon sens au cœur du plan d’action

S’appuyer sur un réseau de qualité est indispensable pour concourir à la bonne réalisation de nos missions, c’est pourquoi nous proposons le développement de partenariats durables entre les opérateurs du TCRR et les pouvoirs publics, afin de moderniser les infrastructures actuelles en particulier pour les terminaux. Dans cette même logique de performance, nous sommes convaincus que la généralisation de l’utilisation de trains longs de 850 mètres au lieu de 750 mètres, sur le réseau national, permettrait un gain de productivité de plus de 10%, tout en consommant moins de CO2 et moins d’énergie. Mais au-delà de ces considérations techniques, ce dont notre industrie a particulièrement besoin, c’est de retrouver un peu de bon sens.

Plutôt que de remettre continuellement en question les subventions liées au TCRR, telle que l’aide au coup de pince, pourquoi ne pas prendre en compte son activité en valorisant la tonne de CO2 économisée par rapport à la route pour chaque voyage ? Quant à cette inflation ferroviaire qui plombe le coût des sillons depuis plus de dix ans et qui n’a aucune réalité économique, il serait grand temps d’en supprimer les effets ; et pour finir, arrêtons de discriminer les trains de marchandises par rapport aux trains de voyageurs, particulièrement lorsqu’ils sont à l’heure.

Chers candidats, nous ne sommes qu’à un pas d’adopter une logistique plus propre et c’est avec tristesse que nous constatons votre manque d’initiatives. Quand allez-vous reconnaître que le transport combiné Rail-Route est une pièce moteur de ce grand changement ?