Les X-PAYs au secours du paiement mobile ?

Apple Pay et Android Pay vont-ils redynamiser le paiement mobile de proximité, alors que le gros des transactions mobiles se fait toujours dans des applications comme celles d’Uber ou de Starbucks ?

15 ans déjà qu’Orange inventait le paiement mobile, en insérant une carte bancaire « plastique » à l’intérieur d’un StarTac, le téléphone « à clapet » inspiré de la série télévisée Star Trek. Une invention technologique incroyable : on ouvrait l’appareil, et l’on plaçait sa carte bancaire dans une fente à côté de la carte SIM !

Prouesse ? Deux formats de SIM coexistaient à cette époque, celui de la taille d'une carte bancaire et celui des SIM actuelles. Du coup, le StarTac possédait deux emplacements. Et comme l'Europe est déjà passée au format mini SIM, le second slot était libre pour accueillir la carte bancaire ! Une belle tentative, mais l’offre ne fut jamais commercialisée...

Cette introduction pour rappeler que le paiement mobile en Europe et en Amérique est depuis longtemps une affaire de « cuisine » technologique…

« SIM-Centric » ou wallets, pourquoi ces échecs ?

Ces balbutiements furent suivis d’une approche plus universelle dite « SIM-centric », qui occupa des milliers d’experts à travers le monde. Mais cette approche fut abandonnée aussi, avant de naître. La faute à qui ? Une implémentation technologique brillante, mais pour laquelle banques et opérateurs mobiles devaient s’accorder sur le partage des commissions… 10 ans après, les négociations continuent toujours !

Aucun répit dans l’innovation autour du paiement. L’approche SIM-centric est remplacée ensuite par les wallets. Ces derniers, dont la technologie a été développée par des acteurs n’appartenant pas à l’industrie du paiement, requièrent d’adapter les terminaux de paiement et/ou les systèmes de caisses, et, ce faisant, obligent leurs promoteurs à négocier commerçant par commerçant.

On ne compte plus les initiatives par centaines, les expérimentations tous azimuts, les annonces tonitruantes, mais finalement, il y a très peu d’adoption par les consommateurs. Pudiquement, l’usage est de dire que l’adoption n’est pas encore « massive ». Même Google wallet fait un four !

Force est de constater que l’avènement des smartphones a révolutionné notre manière de nous informer, de nous déplacer et d’interagir avec les autres mais ne nous a toujours pas enlevé le goût de sortir notre carte bancaire quand il s’agit de payer.

HCE, oui, mais… et les iPhones ?

Arrive la technologie HCE. Elle permet de payer avec un téléphone Android NFC comme si on payait avec une carte bancaire sans contact. Sous-entendu sans avoir à modifier le terminal de paiement, car le téléphone se fait passer pour une carte. Mais elle exige que la banque émettrice maîtrise parfaitement le développement de l’application bancaire mobile.  Même si l’aspect technologique peut être géré par la banque, il est indispensable que cette dernière fasse de gros efforts d’éducation pour persuader ses clients de télécharger l’application et de payer avec! De surcroît, la solution ne fonctionne pas sur… les iPhones.

Les X-Pay (ApplePay, SamsungPay, AndroidPay...) parviendront-ils à sauver le paiement mobile du naufrage ?

En 2016, arrive une idée simple, les X-Pay. L’application de paiement, installée nativement sur le smartphone de l’utilisateur et le serveur avec qui l’application parle, sont gérés directement par le constructeur du smartphone (Apple, Samsung…) ou l’éditeur de l’OS mobile (Android).

L’expérience utilisateur est optimisée pour les utilisateurs, car le paiement devient une fonction de base du téléphone : pas besoin de télécharger l’application de sa banque, pas besoin d’apprendre à s’en servir. Les développements informatiques pour les banques et les schémas monétiques (Visa, Mastercard…) sont allégés. Les banques n’ont plus qu’à passer un accord commercial avec le ou les X-Pay de leur choix pour offrir à leurs clients la possibilité de  « payer mobile. »

Les premiers déploiements des X-Pays sont encourageants et l’usage frémit. Chaque jour, de nouveaux utilisateurs renoncent à prendre leur carte de paiement dans leur portefeuille et paient avec leur téléphone.

Est-ce la solution ultime pour que les consommateurs adoptent enfin massivement le paiement mobile ? On peut quand même constater que l’usage des X-Pay est bien moins important que les paiements réalisés dans les applications mobiles comme celle d’Uber et qui sont des transactions e-commerce classiques. Peut-être que le meilleur moyen de faire adopter le paiement mobile, c’est encore de le rendre insensible et invisible.