La foodtech sauvera-t-elle la planète ?

La prise de pouvoir des millennials et la problématique des protéines transforment le rapport à nos société quant à l'alimentation. Une tendance que les innovations numériques des foodtech saisissent.

La prise de conscience de l’urgence environnementale et humanitaire au niveau mondial pousse aujourd’hui les innovateurs de tout bord à transformer nos modes d’alimentation. L'objectif est de répondre justement aux exigences de transparence des nouvelles générations (ces « Millennials »), comme au risque imminent de pénurie des ressources mondiales.

Traçabilité et sécurité au cœur des exigences de millennials

Avec 2,3 milliards d’individus, la génération des millennials représente aujourd’hui plus de 30% de la population mondiale, et représentera 50% de la population active en 2020. Une génération qui, du fait d’une plus grande prise de conscience de ses comportements de consommation, et de leurs conséquences, notamment née des scandales alimentaires à répétition comme des écarts majeurs de richesse entre les pays du Nord et les pays du Sud, a complètement transformé son rapport à l’alimentation. Protéger la planète et ses ressources en luttant contre les cultures intensives, en consommant moins de viande, mais aussi local, fait désormais partie des exigences de cette génération désormais désireuses de manger mieux !

Des attentes qu’a bien compris une partie de l’écosystème foodtech en pleine expansion au coeur même de la Silicon Valley, où le numérique entend bien bousculer les codes de l’industrie favorisant, en premier lieu, l’émergence et la transmission de données sur les aliments et leur parcours. En effet, à l’heure où seul moins de 1% des produits est réellement contrôlé, les technologies d’analyse en particulier ADN sont de plus en plus rapides (quelques heures vs quelques jours auparavant) et fiables car corrélées à des bases de données de plus en plus importantes, ou d’analyse allergène en temps réel par le consommateur des aliments et des ingrédients, tout comme les plateformes de traçabilité qui percent actuellement, sonnent comme des évidences, si ce n’est de véritables nécessités, face à la recrudescence des rappels alimentaires et des risques d’intoxication que court aujourd’hui la population (on dénombre aux USA pas loin de 100 millions de cas d’intoxication alimentaire par an)

Trouver de nouvelles protéines

Mais les innovations numériques en matière de Food n’entendent pas seulement se limiter à l’analyse des aliments déjà produits, mais bien être désormais à l’origine même de cette production. En effet, la technologie se veut aujourd’hui en mesure de répondre à un problème majeur : l’augmentation de la population mondiale. La consommation de protéines reste un sujet prédominant des recherches actuellement menées. Carburant énergétique du corps humain, la consommation de protéines, dès lors essentiellement portée sur la consommation de viande devrait, en effet, bientôt montrer ses limites : le nombre de personnes consommant de la viande dans le monde devrait doubler d’ici 2050, notamment du fait de l’augmentation de la consommation chinoise. Associé aux problématiques de changement climatique, de bien-être animal, de consommation excessive et de pollution de l’eau, ou encore de pathogènes alimentaires, l’élevage de viande, déjà pointé du doigt tant par les observateurs que par le grand public, se veut de plus en plus critique.

Il s’avère donc urgent de trouver de nouvelles formes de protéines capables d’être produites en quantité suffisante pour nourrir une population mondiale en très forte croissance. En la matière, les innovations se veulent de deux natures : les substituts végétaux type viande, lait et même œuf végétal ou boisson nutritionnelle riche, et les viandes dites cultivées. A partir de plantes, ou cultivée in vitro à partir d’extrait de cellules animales, ces deux types de viandes se revendiquent aujourd’hui « propres » et productibles à grande échelle, avec un impact limité tant sur les ressources que sur la santé humaine. Si le produit coûte aujourd’hui encore très cher, de l’ordre de 8000 € les 500 gr, les investissements faramineux réalisés dans des startups précurseurs (steak 100% végétal, blanc d’œuf sans poule, poulet cultivé,...), à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, laissent pourtant présager un développement rapide et une mise sur le marché à un prix compétitif d’ici 3 à 5 ans maximum.

Mais une fois la barrière technologique dépassée, restera un obstacle de taille pour convaincre ce marché : celui de l’acceptation par le consommateur. Comment faire manger un steak ou un œuf qui n’en est pas vraiment un et, qui plus est, sorti d’une éprouvette ? Là encore, la transparence comme l’expérience devront être de mise, et la Tech laisser place au Marketing...