Où en sont les banques pour l’assurance emprunteur ?

Depuis quelques années, le législateur a mis en place un certain nombre de mesures permettant au consommateur final de gagner en pouvoir d’achat et en transparence dans un secteur d’activité en pleine révolution industrielle et économique.

La loi protège le client en lui assurant d’avoir un contrat d’assurance de prêt au minimum équivalent en termes de garanties à celui déjà souscrit grâce à une nomenclature de 18 critères dits objectifs (les critères CCSF). En dix ans, le modèle économique de l’assurance emprunteur a évolué d’un contrat groupe à un contrat individuel permettant ainsi de bénéficier de garanties sur mesure et d’une tarification en adéquation avec l’assurance souscrite. Les économies peuvent atteindre jusqu’à 15 000 euros vis à vis de certains contrats au dépend parfois d’un parcours d’adhésion plus contraignant. Depuis la mise en place de la Loi Hamon, les établissements bancaires sont à même de proposer un choix de plusieurs contrats d’assurance de prêt lors de la souscription d’un crédit immobilier.

L’arrivée du digital et la résurgence des droits des consommateurs bouleversent aujourd’hui les modèles économiques en place. L’évolution des usages et de consommation imposent aux professionnels de se réinventer sur des modèles transparents et disruptifs.

L’ensemble du modèle (banque-assurance) est remis en cause voire devenu obsolète, puisque le modèle de rémunération à ce jour basé sur des commissions récurrentes pouvant atteindre près de 40% du montant de la cotisation d’assurance. C’est ce qui est pointé du doigt entre autres aujourd’hui.

Quant au parcours d’adhésion ? Il est devenu lui aussi trop lourd administrativement aux yeux des clients avec des critères de sélection tarifaire basés sur une meilleure connaissance médicale du risque à couvrir. Dans un contexte où le consommateur est de plus en plus avisé voire expert, les fintech leur offrent la possibilité de répondre intégralement à leurs attentes et leurs besoins.

L’enjeu n’est plus de savoir si l’offre d’assurance de prêt correspond aux bonnes garanties ou si un courtier est plus efficace qu’un conseiller bancaire, mais bel et bien de mettre à disposition du client une palette de services qui répond en temps réel à ses besoins.

La technologie est à ce jour le maillon manquant permettant au secteur bancaire et assurance qui doit ré-équilibrer la disparité existante entre les attentes d’un client et l’offre actuellement disponible sur le marché. D’ailleurs ceux-ci ne s’y sont pas trompés puisqu’ils investissent massivement dans le digital via l’acquisition de fintech.

Faut-il pour autant que les fintech "émergentes" soient toutes dévorées par "l’establishment" désireux de parachever sa révolution industrielle et économique ?

Dans un contexte où le secteur d’activité attise aussi les convoitises des Gafa désireux d’avoir leur part du gâteau, une coexistence sera-t-elle à l’ordre du jour ? Un nouvel ordre financier ne risque il-t-il pas d’émerger après une rude bataille ?