Acquisition des talents : les fintech plus séduisantes que les banques ?

Dans les années 1990, travailler dans une banque était un signe de reconnaissance, une fierté, mais ces dernières années, les scandales bancaires se sont accumulés. Les jeunes talents se tournent plus vers les entreprises technologiques.

Les banques françaises sont de gros pourvoyeurs d’emplois en France : 17 000 recrutements en CDI en 2016 pour les principales banques françaises.  Mais l’image du monde bancaire s’est ternie (affaire Kerviel en 2008, sanction américaine contre BNP & Ca en 2014, Panama Papers en 2015...), poussant les jeunes diplômés à chercher ailleurs. 

En effet, selon l’étude 4ventsgroup, menée en avril 2017, sur les entreprises préférées des jeunes diplômés français. Les entreprises technologiques trustent les premières places (Google 1er, Facebook 3ème, Amazon 17ème …), loin devant les banques. En effet, seulement deux banques françaises apparaissent dans ce top 50, la BNP Paribas (17ème  place) et la Société Générale (38ème  place).

Aujourd’hui, on observe de nouveaux acteurs technologiques qui viennent concurrencer les banques sur le terrain du recrutement.  En effet, les fintech, ces start-up financières innovantes,  drainent les talents dans leurs organisations agiles, et privent les banques traditionnelles de profils compétents. Elles interviennent sur tous les métiers de la banque, et recherchent des profils sur la plupart des postes proposés en banque traditionnelle. Un véritable enjeu de recrutement est en train de s’imposer aux banques françaises, pourtant habituées à recruter les meilleurs profils de jeunes diplômés sortis des grandes écoles…

Le  recrutement dans le secteur bancaire, un milieu en pleine mutation

Malgré la désertification des agences, les banques restent de gros pourvoyeurs d’emplois, rappelons que le secteur bancaire reste le premier employeur privé de France (les grandes banques de la place, prévoient de recruter  plus de  10 000 personnes en CDI sur l’année 2017). Avec une pyramide des âges vieillissante, et un business model qui s’effrite, toutes les banques ont entamé depuis le début des années 2000, un renouvellement progressif et limité des effectifs, principalement via le recrutement de profils de jeunes diplômés. Depuis 2013, les jeunes de moins de 30 ans représentent 59% des recrutements et 49,6% des cadres recrutés, l’âge moyen de recrutement est de 30,4 ans (Source :Fédération Bancaire Française).

Depuis les années 2010, les fintech viennent concurrencer les banques sur le terrain du recrutement.  On dénombre plus d’une centaine de fintech françaises en 2017 (Lepotcommun, Bankin', LemonWay figurent parmi les plus connues...) et  Etant donné que ces "jeunes pousses" sont de plus en plus nombreuses, et qu’elles parviennent à lever des millions, et que leurs besoins en recrutement sont en constante augmentation et sont un indicateur à surveiller pour les DRH des grands groupes bancaires.

Banques et fintech recrutent-elles les mêmes profils ?

Le monde bancaire doit composer avec une clientèle de plus en plus appétente sur le digital. Les clients (surtout les millenials) attendent d’une banque qu’elle soit full digital, et qu’ils puissent accéder à la majorité des services via leurs téléphones ou leurs tablettes.

Les acteurs historiques ont donc entamé une transformation digitale interne pour pouvoir répondre à ces nouveaux besoins, via le développement de nouveaux produits et services. Ces transformations ont bouleversé les métiers, et par conséquent, une partie des besoins de recrutement. Les banques cherchent à recruter davantage de développeurs et de programmeurs (5,2% des recrutements en 2017).

Sur ce même marché,  les fintech,  étant par nature des start-up, cherchent des profils ayant une double appétence bancaire et digitale. En effet, même si elles recrutent majoritairement des développeurs/programmeurs (33% des recrutements) elles sont également avides de chefs de projets, de profils spécialistes du webmarketing, ou encore d’ experts du service client.

Pour recruter ces perles rares, les fintech misent sur leur  image de "start-up" attractive auprès des profils sortis d’école et sont capables de proposer des salaires équivalents au marché, parfois accompagnés d’une prise de participation dans le capital, permettant de fidéliser la jeune recrue. Par exemple, dans une fintech un Chief Technology Officer peut prétendre à un salaire de 70 000 euros avec une expérience de 3 ou 4 ans.

Les banques traditionnelles attirent les talents en proposant des perspectives de carrière longue, la possibilité de changer de métier, et des conditions salariales plus confortables (prime d’intéressement, et de participation, comité d’entreprises...) mais l’environnement de travail (bureaux traditionnels, costume cravate imposé, logiciels historiques...) reste souvent un point noir aux yeux de la génération Y et des millenials.

Les banques traditionnelles moins attractives ?

Les banques sont en pleine transformation et continueront à embaucher des jeunes talents pour continuer leur transformation digitale. Elles doivent composer avec leurs actifs historiques (réseau d’agence à redéployer), et s’adapter à un marché de moins en moins rigide (notamment via l’ouverture des données issues de la réglementation DSP2 et à l’émergence de nouvelles technologies).  Si le besoin de recrutement est réel, les banques doivent travailler leur attractivité pour pouvoir attirer des profils techniques (développeurs) qui préfèrent aujourd’hui se tourner vers des fintech ou des start-up. Sur ce sujet, la Société Générale fait office de pionnier, avec son campus "Les Dunes" conçu en mode "start-up" (flex office, espace de relaxation, équipement dernier cri) permettant de re-créer un environnent attractif  à l’intérieur d’un groupe historique sur le marché...

La concurrence est saine, mais plus pour longtemps !

Les banques traditionnelles accusent un retard dans l’attractivité des jeunes diplômés sur des postes IT, face à des fintech toujours à la pointe de la technologie. Cependant, elles conservent une avance sur le recrutement de profils commerciaux, car elles recrutent plus massivement ce type de profils et jouissent d’une forte notoriété (même si les fintech parviennent, de temps en temps, à débaucher des cadres de la banque traditionnelle, pour leurs postes à haute responsabilité). En résumé, les banques traditionnelles restent en position de force sur le recrutement de talents expérimentés, mais voient les fintech les concurrencer sur les recrutements de jeunes talents. Qu’en sera-t-il dans quelques années, quand les millenials composeront la majorité des profils à recruter ?  

Les banques traditionnelles ont intérêt à se transformer de l’intérieur pour redevenir attractives auprès des générations futures.  Face à elles, les fintech doivent veiller à maîtriser leurs croissance, pour ne pas perdre trop vite l’agilité et la souplesse qui plait tant aux jeunes talents, au risque de voir un nouvel acteur émerger, et drainer à son tour les meilleurs profils.