L’industrie du Futur, utopie ou réalité pour les PME françaises ?

Poussée par les pouvoirs publics en tant que fer de lance de la compétitivité française, l’industrie du futur est-elle une réalité ?

Récemment, la Banque des Investissements a chiffré à 5 milliards d’euros, le coût de la modernisation des outils de production des entreprises dans l’Union Européenne. Preuve que ce changement nécessite des investissements lourds, alors même qu’aujourd’hui 90% des entreprises du secteur industriel français sont des petites et moyennes entreprises aux moyens financiers limités

Une industrie à deux vitesses

La France, dont l’industrie était autrefois florissante, tente aujourd’hui de retrouver une industrie performante. Le gouvernement a mis en place des plans successifs débutés en 2013 en faveur d’une relance de l’industrie française. Les grands groupes ont saisi rapidement ce contexte favorable en développant des usines connectées et performantes, souvent prises en exemples de l’industrie du futur. Mais les PME n’ont pas les mêmes ressources pour déployer une transformation radicale de leur mode de production.

La transformation digitale est un sujet complexe pour les dirigeants de PMI qui ne savent pas toujours comment l’aborder. Comme l’atteste l’enquête réalisée par BPI France auprès de plus de 1800 dirigeant de PME et ETI, 87% d’entre eux précisent qu’ils ne considèrent pas la transformation digitale comme une priorité pour leur entreprise.

Et pourtant ce passage à l’industrie du futur est vital pour faire face à une concurrence mondiale de plus en plus forte, à l’accélération des délais de production et à l’exigence accrue de ses clients. Il est important que les PME industrielles s’adaptent à ces mutations de leur environnement pour être plus flexibles, plus réactives, plus rentables et qu’elles repensent leur organisation - quelquefois même leur business model - pour proposer à leurs clients des produits compétitifs et à forte valeur ajoutée.

 

Des aides publiques pour soutenir les 260 000 PMI françaises

Dans ce contexte d’une industrie à deux vitesses, celles des grands groupes digitalisés et des PME qui peinent à entamer leur transformation, des mesures nationales et européennes ont été mises en place pour soutenir l’accélération de la transformation numérique de l’industrie française. Récemment, la Banque européenne d’investissement a annoncé son appui pour le lancement d’un fonds de 300 millions d’euros visant à soutenir 70 PME qui souhaitent rénover leur outil industriel. L’Alliance Industrie du Futur, association nationale de coordination et d’aide à la modernisation de l’industrie, annonce avoir accompagné 4.100 PME industrielles à fin 2016 au travers de programmes régionaux et nationaux. Au regard du potentiel d’entreprises, soit environ 30.000, il y a encore du chemin à parcourir et tout particulièrement sans doute, auprès des plus petites entreprises industrielles.

Malgré ce soutien des pouvoirs publics, 93% des dirigeants interrogés estiment ne pas avoir bénéficié de conseil, d’accompagnement ou de financement, selon une étude menée en septembre dernier par Sylob et Opinion Way auprès de 300 dirigeants de PMI. Et 88% d’entre eux ne pensent pas en bénéficier prochainement.

L’industrie du Futur mobilise de nombreuses instances publiques mais reste encore trop peu une réalité terrain. Les PME et ETI, qui rappelons-le représentent 90% des entreprises industrielles en France, doivent prendre conscience des enjeux de la transformation digitale et en faire une priorité pour leur entreprise.

Il est indispensable d’accompagner leurs dirigeants dans cette démarche, sans quoi l’industrie du futur restera l’apanage des grands groupes industriels et notre industrie ne bénéficiera pas pleinement de cette nouvelle révolution industrielle.