DSP2 et open banking : opportunités ou menaces pour les banques ?
La directive européenne sur les services de paiement, entrée en vigueur le 13 janvier dernier, va rebattre les cartes. Les banques vont évidemment devoir s'adapter.
Les consommateurs accèdent aujourd’hui à de multiples avantages de services à portée de clic ou de smartphone mais également avec "l’uberisation" de la société. Pour répondre à ces nouvelles demandes, la réglementation évolue afin d’ouvrir l’accès aux informations sur les comptes bancaires des particuliers dans le but de proposer de nouveaux services et de mieux les cibler.Au-delà de pouvoir effectuer
des transactions sans intermédiaire bancaire via des fintech ou
start-up, les API peuvent servir à intégrer et associer les services de
différents prestataires, toujours dans l’objectif de garantir une expérience
client homogène, sur une seule interface regroupant tous les services et
produits des différents intervenants. Entrée en vigueur le 13 janvier dernier, la nouvelle directive sur les services de paiement, dite DSP2, bouleverse l’équilibre du secteur
bancaire obligeant les banques à se réorganiser en conséquence. Si certains
pays sont en avance, comme le Royaume-Uni, l’échéance court jusqu’à septembre
2019 pour les autres.
Dans ce contexte, les banques ont une longueur d'avance,
grâce à leur expérience du traitement des données privées, de la gestion des
risques, d'un grand volume d’opérations et du fait de leur importante
clientèle. Pourtant, ces dernières ne semblent,
en majorité, pas encore prêtes pour ce changement. Selon l'étude "PSD2: Driving digital transformation in banking" réalisée par l’Efma et Microsoft, 49 % des établissements financiers ne sont pas à
ce jour dotés de systèmes adaptés à la nouvelle réglementation. 68 % de
ces derniers en prévoient la mise en œuvre dans les prochaines années, alors
que 32 % n’ont rien planifié. Ces assertions semblent plutôt risquées, car
retarder la mise aux normes équivaut à transformer les opportunités en menace.
S’agissant des risques liés à la DSP2, 53 % des banques craignent la perte
de contact avec leur clientèle.
Les établissements financiers se retrouvent une fois de plus à devoir changer
de perspective et là encore la réactivité et la capacité d’adaptation feront la
différence. La question à se poser est donc la suivante : que vont devenir les
banques ? C’est dire ô combien cette révolution sera radicale.
Les
banques ignorant ces facteurs risquent de perdre une partie du contact direct
avec leurs clients et même de compromettre tout moyen de les connaître. Les
méthodes traditionnelles vont perdre en efficacité progressivement, et il
deviendra difficile de satisfaire les attentes des clients en matière de
personnalisation de la relation et du service.
Néanmoins,
cette vision n’est pas linéaire et cette nouvelle réglementation offre également
de nouvelles sources de croissance. En effet, les établissements financiers ont
accès à de nouveaux scénarios d’open banking,
où la banque devient une plateforme, allant même jusqu’à devenir une "bank
as a platform". L’utilisation d’API ouvertes pourra permettre en effet
à la banque de se transformer en véritable "supermarché de produits
financiers" par la création de réseaux avec des fintech (ou insurtech), présentant de nouveaux avantages en
terme d’efficacité et d’améliorations pour le client.
Si les
banques ne sont pas encore prêtes, le rapprochement avec le monde des fintech pourrait impliquer des avantages significatifs pour les
deux acteurs. La solution pour les banques pourrait être de collaboration avec
ces nouveaux acteurs et d’envisager la tendance de l’open banking comme un
catalyseur de services bancaires
guidés par les données. La création de nouvelles offres exige des compétences
d’extraction de valeur des données et la
mise en place de partenariats entre les acteurs du
secteur pour maximiser les capacités analytiques. Tout ceci favorise la
création de propositions différenciées pour les clients et l’émergence de
nouveaux modèles économiques.
A
titre d’exemple, l’un des avantages pour les banques serait une plus grande
réactivité aux signaux du marché couplée à davantage de souplesse dans le déploiement des solutions appropriées. Parmi les autres avantages envisageables, la réduction
des coûts de mise à jour ou encore la rentabilité
accrue, comme le démontre une étude d'Accenture, seraient non
négligeables. De plus, l’exploitation stratégique
du big data occupe
une place de premier plan dans l'analyse du comportement du client afin de personnaliser les offres et de se rapprocher encore plus
des préférences de chacun.
Les
contours de ces nouvelles opportunités commencent à se préciser notamment grâce
à des acteurs innovants émergents. De nombreuses start-up se spécialisent dans
l’offre d’API et de plateformes SaaS utilisant les technologies des
organismes de paiement (comme
MangoPay utilisée par Growish) pour pouvoir
communiquer avec les API de ces derniers et proposer des services clé en main
aux autres acteurs BtoB. Il s’agit de services axés non seulement sur la
technologie mais aussi sur l'expérience client, présentant toutes les
caractéristiques permettant de transformer un système de paiement en outil de
marketing. La banque Danoise Saxo Bank a bien compris qu’il s’agissait d’une
opportunité d’étendre ses activités BtoB en développant des solutions en marque
blanche pour d'autres établissements bancaires grâce l’open banking.
L’ouverture de l’innovation exige un effort de refonte du modèle d’entreprise et de l’infrastructure mais elle mènera, à terme, sans aucun doute à la collaboration entre les différents acteurs de l’écosystème dont le seul but est l'innovation et l'offre de services à valeur ajoutée pour les clients.