Fintech européenne : innovation, collaboration et cours de langue

Pour conquérir le marché européen, les fintech du Vieux Continent allient leurs forces. Une stratégie qui leur permettrait de concurrencer sérieusement les banques traditionnelles.

Quel est le point commun entre Paris et Berlin ? Ces villes sont souvent présentées comme deux rivales pour le titre de Silicon Valley européenne. D’autres villes, comme Londres, Lisbonne, Dublin ou encore Amsterdam, sont également citées régulièrement dans cette discussion.

Derrière cette image de "compétition" se cache une autre réalité : de plus en plus de fintech avec une approche européenne collaborent ensemble afin de développer leurs offres, continuer à innover pour leurs utilisateurs et remplacer les banques traditionnelles.

L’union fait l’innovation

Aujourd'hui, des start-up européennes s'allient dans de nombreux domaines, notamment celui de la fintech. En travaillant main dans la main, elles commencent à faire mieux que simplement exister face aux acteurs bancaires traditionnels dont elles se distinguent par leur approche. Les fintechs nées au sein de l’Union Européenne ont certes un ancrage local mais elles ont définitivement une approche internationale.

Elles profitent d’une législation qui a fait tomber de nombreuses barrières. Le numérique ne connaît pas de frontières. Cette ouverture se retrouve dans l’ADN des fintech. Il n’est pas étonnant de rencontrer un designer allemand travaillant dans une start-up française sur la refonte d’un service à destination du marché italien. Une approche européenne somme toute naturelle pour une génération biberonnée aux programmes de type Erasmus.

Au-delà de ce sentiment d’appartenance européenne, ces fintech partagent d’autres valeurs, notamment celle de l’innovation et de l’expérience client avant tout. C’est cela qui rend la collaboration entre ces entreprises si évidente. Mais l’innovation sans vision n’a aucun sens. Là encore, elles regardent dans la même direction : prendre la place des acteurs traditionnels du monde de la finance. À première vue, cet objectif peut sembler irréaliste. Il l’est pour une seule start-up, mais en regardant de plus près, de nombreuses fintech révolutionnent déjà différents secteurs de cette industrie.

L’innovation pour les nuls

Portées par leur envie de réinventer des pans entiers d’une industrie figée dans le passé, où l’UX vient en dernier, des fintech ont réinventé le crédit, l’épargne ou encore les virements internationaux. Ces nouveaux acteurs offrent une expérience client sans friction et des frais compétitifs avec lesquels les acteurs traditionnels ne peuvent pas rivaliser. Ces fintechs sont en effet particulièrement attractives, et pas seulement pour les particuliers.

De par leur ADN similaire, les néobanques ont naturellement des affinités avec ces fintech. Ces jeunes banques, dont le but avoué est de devenir les acteurs bancaires majeurs de demain, commencent souvent en tant que simples pourvoyeurs de comptes courant. Et sont ensuite dans l’obligation de proposer de nouveaux services pour rivaliser avec les acteurs historiques.

Pour être agiles et innover rapidement, les néobanques se positionnent comme des plateformes. Ainsi, nul besoin de développer de nouveaux produits à partir de zéro. Elles intègrent les pure players directement dans leur produit avec une approche "plug & play". Dans cette collaboration entre des fintech-pure player et des fintech-plateformes tout le monde s’y retrouve : une expérience client intacte, des revenus supplémentaires et l’acquisition de nouveaux clients.

La course à l’innovation

Il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien d’une compétition, et même si les acteurs traditionnels ont pris du retard, ils sont toujours bien présents. Ils n’ont pas les mêmes défis que les fintech et les néo-banques, mais comme ces dernières, ils sont dans l’obligation d’innover. Pour cela, les banques traditionnelles ont plusieurs options. La première, la plus évidente, serait de le faire en interne, mais les processus décisionnels étouffent généralement l’agilité nécessaire à l’innovation. La seconde est donc de se tourner vers les fintech.

La première possibilité est de mettre en place un partenariat, mais la différence d’ADN et de rythme peut rendre l’opération compliquée et générer de nombreuses frustrations. L’autre possibilité est d’acheter une ou des fintech, mais encore faut-il réussir à en conserver l’esprit d’innovation originelle.

Les acteurs traditionnels réussiront-ils à trouver la bonne formule pour innover ? Fidèles à leur créneau, les fintech savent, elles, que le plus important c’est qu’il n’y ait qu’un seul gagnant : le client. De leur côté, les choses sont claires : elles continueront à innover et à s’associer pour répondre aux attentes d’utilisateurs beaucoup plus exigeants. Et ce à tous les niveaux : expérience, tarifs, transparence, disponibilité…

Souvent perçue comme une industrie peu attractive, l’industrie bancaire connaît actuellement une révolution, et dépasse ses propres frontières. Les fintech prouvent qu’en s’unissant les start-up peuvent radicalement changer la donne. Cette approche collaborative pourrait rapidement devenir la nouvelle norme.