Villes intelligentes : l’opportunité des données

Générer plus de données et les exploiter pour en tirer des enseignements nous permettra de prendre des décisions plus réactives et mieux avisées.

Selon un rapport du cabinet Orbis Research, le marché global des villes intelligentes a été évalué à 530 milliards de dollars US en 2017 et devrait atteindre les 1945 milliards d’ici fin 2023, avec un taux de croissance annuelle de 24.21% sur la période 2018-2023.Cette croissance des villes intelligentes est largement alimentée par une demande grandissante de solutions innovantes pour les transports, la consommation énergétique, la durabilité des ressources environnementales ; et elle est guidée par l’expansion de la population en zones urbaines.

Les villes intelligentes peuvent se classer en deux catégories. Celles qui, comme NEOM et Al Qidiya en Arabie Saoudite, sont construites de zéro, fournissant une opportunité unique d’inclure le digital dès le départ. Et les villes existantes qui adoptent une technologie pour résoudre des défis spécifiques ou globaux relatifs à l’habitat urbain comme la congestion du trafic, la consommation énergétique, les déchets, etc. Amsterdam, nommée capitale européenne de l’innovation par la Commission Européenne est un bon exemple. L’utilisation que fait la ville de l’Internet des Objets (IoT), son approche de l’open data, la création d’une plateforme pour la ville connectée et la collaboration qu’elle encourage entre les entreprises privées et publiques sont des modèles qui méritent d’être considérés.

Que l’on parle de "digital par essence" ou de "digital par choix", le volume sans précédent de données générées nous propulse dans une nouvelle phase de la révolution numérique. Alimentée par l’Internet des Objets, l’explosion des nouvelles technologies comme les capteurs ou les drones, combinée à la "smartification" des biens de consommation courante (ampoules électriques, réfrigérateurs, télévisions…), est en train de changer notre quotidien. La plupart des villes dans le monde mettent en œuvre des initiatives pour rendre plus intelligents les services publics comme les transports, la santé, la sécurité et la productivité de leurs résidents.

La "smartification" du quotidien

Les données peuvent désormais fournir des connaissances sur la manière dont les gens vivent à travers la consommation énergétique, alimentaire (réfrigérateurs connectés, etc.), la gestion des déchets, la santé, le sport et les loisirs ; sur comment ils se déplacent (vélo, voiture, train, avion, bateau ou à pied) ; et aussi sur la façon dont ils travaillent. Tous ces enjeux liés à la smart city incluent aussi un volet sécurité, l’idée étant d’optimiser celle des citoyens, faisant ainsi émerger le concept de "safe city".

Les bâtiments, voitures, maisons et personnes connectés envoient constamment des signaux – ce qui se passe à tout instant, leur localisation, tout problème rencontré, ce qui pourrait mal se passer et quand une intervention de façon proactive est nécessaire. Fournir des informations sur ce qui s’est passé et pourquoi est une bonne chose, mais quand toutes ces données sont utilisées pour établir des prédictions basées sur l’intelligence artificielle, le machine learning ou le deep learning, le paradigme est véritablement transformationnel.

Pourquoi tout cela est-il si important ? Parce que quand les données nous permettent d’adapter nos comportements – ce que nous faisons, où nous allons et comment nous faisons les choses – elles peuvent nous rendre plus heureux, en meilleure santé et plus en sécurité. En réalité, alors que ceci résout des problèmes, cela en crée de nouveaux – parmi lesquels des questions sur la sécurité des données.

L’approche par la donnée

De plus en plus de maîtres d’ouvrage, de maîtres d’œuvre et d’entreprises générales utilisent les données pour prendre des décisions plus avisées pendant les différentes phases de leur projet. Mais une fois le projet terminé, il y a désormais deux ouvrages à livrer – l’ouvrage physique et sa copie digitale. Ces "jumeaux numériques"  doivent non seulement être maintenus, mais les données que ces bâtiments intelligents, connectés, génèrent doivent être collectées, sécurisées, analysées et utilisées. Ces phénomènes vont connaître une nouvelle dynamique grâce à la data science dont l’industrialisation devrait aboutir à une accélération des résultats concrets et des possibilités.

Il faut encourager les résidents à partager leurs données quand ils peuvent obtenir quelque chose en retour – factures d’énergie réduites, assurances premium moins chères, routes désencombrées, villes plus sécurisées, services d’urgences plus rapides, etc. De nombreuses villes à travers le globe ont implémenté avec succès des partenariats public / privé mais aussi des collaborations fournissant de réels bénéfices en retour à leurs résidents (Amsterdam en est un bon exemple, justement). La clé de tout cela est de s’assurer que les bonnes technologies soient mises en place pour produire, capturer et analyser ces données rapidement, en toute sécurité et efficacement, et le cloud joue un rôle essentiel dans ces résultats.

Il est difficile d’affirmer catégoriquement que les villes intelligentes riment avec habitants plus heureux, en meilleure santé et dans un environnement plus sûr. Ironiquement, nous aurons besoin de bien plus de données avant de pouvoir statuer. Ce que nous savons, en revanche, est que générer plus de données et les exploiter pour en tirer des enseignements nous permettra de prendre des décisions à la fois réactives et prédictives plus avisées. Et cela ne peut qu’être positif pour améliorer la vie des citoyens.