Les centres villes, indispensables pour l’avenir des villes moyennes

Les centres-villes des villes moyennes sont de plus en plus délaissés par les français, au profit des périphéries. Et pourtant, on a tout à gagner à les redécouvrir.

A une époque où on parle de développement durable, de smart city et de la ville de demain, il est très surprenant qu’on ne parle que très peu des centres-villes. Les centres-villes, notamment dans les villes moyennes comme Quimper ou Saint Brieuc, en Bretagne, mais aussi partout en France, sont de plus en plus délaissés par les commerçants comme par les habitants.

Les commerces de centres-villes ont été remplacés par des grandes et moyennes surfaces en zones commerciales. Certains services comme l’optique, certaines grandes enseignes comme La Fnac, mais aussi des restaurants s’y implantent toujours. Depuis quelques années, des services publics comme Pôle emploi ou la CAF ont suivi les banques et les assureurs dans ces périphéries. Cette situation a été démontrée dans une étude du gouvernement datant de 2016. Et la situation ne change pas alors même que le sujet des centres-villes est de plus en plus présent dans le débat public et l’actualité commerciale, avec des groupes comme Carrefour et Amazon qui cherchent à être présent au cœur des villes.

Mouvement ancien

Mais ce mouvement de désertification, de départ des commerces et services n’a fait que suivre un mouvement beaucoup plus ancien. Depuis 30 ans, les populations des villes moyennes, en région, quittent les centres villes pour se loger en périphérie. Les foyers français ont commencé à s’installer dans des zones pavillonnaires dans les années 70. Ce mouvement s’est accéléré dans les années 90. Dans le même temps, on parle souvent de familles qui quittent les villes pour vivre en campagne.

Les populations urbaines se sont donc installées dans les périphéries des villes, voire en zone périurbaine. Les foyers français ont cherché à acquérir un pavillon, avec jardin. Ils ont voulu adopter un modèle qu’on leur présentait comme celui de demain. Ceux d’entre eux qui souhaitaient rester en centre-ville, ont été poussés dehors par des hausses de prix incroyable en cœur de ville. Ces périphéries se sont transformées. De zones de culture ou d’élevage se sont transformées en zones pavillonnaires occupées par d’immenses lotissements. Autour de ces lotissements, se sont implantés des centres commerciaux avec parking qui permettent aux populations de se déplacer avec leur voiture.

En effet, qui dit habitation en zone périphérique dit souvent voiture indispensable, surtout en province. Les villes moyennes de 150000 habitants ne sont pas équipées des mêmes moyens de transport urbain qu’une ville comme Paris, Nantes ou Lyon. La voiture est souvent indispensable. Elle permet de se rendre au travail, d’emmener les enfants à leur activité de loisirs, d’aller faire des courses. Les commerces et services ont donc suivi les populations et se sont déplacés vers les périphéries. Car, très souvent, les centres-villes ne sont pas adaptés à la voiture. Routes pavées, peu de places de parking, parking payant, surfaces immobilières peu adaptées aux besoins d’aujourd’hui.

Logements et commerces vides

La conséquence de ce mouvement de population est la désertification des centres-villes. Si les plus grandes villes échappent à ce phénomène, les villes moyennes meurent à petit feu. Il suffit de se balader en ville pour observer les boutiques vides, à louer, et les appartements aux volets fermés.Les deux allant souvent ensemble puisque les immeubles abritant un local commercial n’ont souvent pas de logement à l’étage, juste une réserve, voire rien. La population des centres-villes a vieilli et s’est, en général, appauvrie, hormis, éventuellement, l’hyper centre ou certains quartiers plus côtés que les autres.

Les commerces de proximité ont suivi le rythme. Le nombre de vacances locatives dans les murs commerciaux de centre-ville est en hausse régulière (10% en France en 2015), et les commerces sont de plus en plus fragiles financièrement. Si le prix de l’immobilier y est pour quelque chose, ce n’est pas le seul facteur. Les clients ne sont plus là.

Les pouvoirs publics n’ont pas encore pris conscience de l’ampleur du problème. Il y a pourtant urgence. On continue à promouvoir de grandes zones commerciales pour répondre aux besoins des populations vivants à l’extérieur des centres villes, on continue à vouloir calquer l’organisation des grandes villes sur les villes moyennes (réduire les stationnements, rendre la ville beaucoup moins accessible,…) et on ne regarde pas les couts qu’engendrent ces infrastructures. On a pourtant vu que les villes moyennes ne sont pas les grandes villes, ne sont pas toutes équipées de métro, tramway,…

Dans le même temps, il est extraordinaire d’observer qu’un propriétaire, ou une mairie, qui veut réhabiliter un immeuble va se trouver face aux Architectes de France, qui vont empêcher toute rénovation possible avec les normes actuelles. Conséquence, des centres-villes parfaits pour des photos souvenirs et les touristes mais invivables à l’année.

Intérêts convergents

Car, effectivement, revenir en centre-ville a un intérêt immense pour tout le monde. Des pays transport plus important, des infrastructures plus couteuses (électricité, eau, assainissement, route,…). A l’heure du digital, c’est tous les réseaux qu’il faut revoir. Enfin, les finances publiques vont être de plus en plus tendues, les municipalités seraient bien inspirés de réfléchir à leurs coûts de structure.

Pour les populations, l’avantage de vivre en comme l’Allemagne ou certains pays scandinaves l’ont bien compris. Ils ont maintenant un critère qui permet de vérifier le nombre d’habitants pouvant loger au km², et ce, pour chaque projet. L’idée est d’optimiser l’espace. Cette logique a de nombreux avantages par rapport à la situation actuelle.

En effet, les zones périphériques ont de nombreux inconvénients en matière de coût. Elles demandent un réseau de centre-ville est le même. Réduction des temps de transport, gain financier, gain de temps, lien social retrouvé. Et les nouvelles technologies, le digital, la robotisation ont toute leur place dans ces centres-villes.

Enfin, l’expansion des zones périphériques des villes moyennes a une incidence sur les terres agricoles. Les surfaces disponibles étant réduites, le prix du mètre carré augmente. Dans le même temps, nous savons maintenant que nous ne pourrons pas continuer sur un système de production agricole intensif. Nous allons devoir augmenter les surfaces nécessaires pour une production donnée. Toutes ces raisons font qu’il est indispensable de se préoccuper de la survie, et du développement social et économique de nos centres-villes, en ville moyenne.