La ville de demain, cité interdite pour les automobilistes ?

Les villes instaurent des politiques de mobilité pour réduire les problèmes de congestion et améliorer la qualité de l’air. Péages urbains, vignettes, circulation alternée, la ville de demain deviendra-t-elle une Cité Interdite pour le commun des mortels, automobilistes que nous sommes ?

Open data, open source, open innovation... Le concept d’ouverture sature l’espace médiatique et professionnel, s’imposant comme l’un des mots clés du futur. Pour autant, cette notion semble s’appliquer beaucoup moins à l’espace de la ville de demain.

À en croire certaines évolutions récentes, il semblerait que nous nous dirigions plutôt vers une cité fermée, une cité interdite. Interdite à certains modèles de véhicules - jugés trop bruyants ou trop polluants par exemple –, ou interdite à certaines personnes qui ne pourraient se procurer des voitures nouvelle génération, ou encore à certains usages de mobilité – comme le fait d’être seul dans son véhicule, une pratique jugée trop dommageable pour la qualité de l’air.

Simultanément, la ville est aujourd’hui ouverte à tous et ne cesse d’accueillir de nouvelles offres. Depuis quelques temps, les véhicules électriques individuels comme les trottinettes, les vélos ou autres gyropodes envahissent l’espace – de manière parfois anarchique –, transformant la cité en une jungle urbaine, peuplée d’usagers aux commandes d’objets roulants pas toujours bien identifiés, et jonchée d’engins parfois abandonnés n’importe où... La gestion de l’espace sur les trottoirs devient l’objet d’un véritable débat, qui n’ira pas sans de nécessaires clarifications juridiques pour déterminer les usages tolérés ou non.

Lieu de passage et d’échanges

Je suis convaincu que la Cité restera quoi qu’il arrive un lieu de passage et d’échanges, où les automobilistes trouveront leur place – même pour stationner ! Il existe une seule condition – mais pas des moindres – à l’avènement de ce scénario : que l’ensemble des parties prenantes travaillent en étroite collaboration. Charge aux pouvoirs publics et aux autorités locales des villes et des agglomérations de réguler, de donner de la visibilité et des objectifs clairs pour que la mobilité urbaine s’organise sereinement et que chacun puisse exercer son rôle.

Pour ce faire, les relations entre les pouvoirs publics et les opérateurs de transports publics d’un côté, mais aussi entre les constructeurs automobiles, nouveaux entrants de la mobilité, et les spécialistes de la donnée (GAFA ou opérateurs télécoms par exemple) seront absolument cruciales pour permettre un développement cohérent. L’enjeu consistera à trouver le modèle qui sera bénéfique pour chacune des parties comme pour l’ensemble des opérateurs... et des usagers. Le cas de Transpolis s’avère à cet égard intéressant. Ce partenariat public-privé offre près de Lyon un terrain d’expérimentation pour de nouveaux systèmes de transport et de mobilité. Il repose sur l’implication d’acteurs complémentaires, aussi bien des centres de recherche, que des industriels, des PME ou encore des startups.

Cette convergence et cette collaboration des acteurs n’en est encore qu’à ses balbutiements, et il est impossible de prédire qui seront les gagnants et les perdants de la mobilité dans la ville du futur. Mais une chose me semble certaine : le facteur clé de succès est et demeurera plus que jamais le fait d’établir et d’entretenir un lien direct avec les usagers.