Transparence alimentaire : la confiance par les données

Partout dans le monde, nous assistons à l’émergence d’une perte de "confiance", envers les institutions, les politiques, les entreprises ou les médias. Certains des facteurs de ce manque de confiance sont liés aux évolutions géopolitiques, économiques et sociétales.


Une confiance rompue qui est souvent due à un manque de compréhension et de réciprocité dans le partage de l’information. Cela peut créer de l'ignorance, ce qui peut conduire à de la méfiance, puis à de la défiance.
Dans le domaine économique, l'un des exemples les plus marquants de ce manque de confiance est celui de la transparence alimentaire. Un rapport de recherche du Center for Food Integrity, intitulé "A Dangerous Food Disconnect  (une déconnexion alimentaire dangereuse)", note qu'il existe un décalage inquiétant entre, le niveau de responsabilité que les consommateurs attribuent aux divers intervenants pour produire des aliments sains et sûrs, et le niveau de confiance qu’ils accordent à ces groupes. D’autre part, cette étude révèle un faible niveau de confiance de la part des entreprises agroalimentaires et des organismes de réglementations et de régulations chargés d'assurer la sécurité des aliments. Selon le rapport, dans l'ensemble, la confiance est en baisse par rapport aux années précédentes, et cela "pourrait refléter un sentiment sociétal plus large." 
Ces évolutions sont le signe d'une perte de confiance dans la capacité des entreprises à rassurer les consommateurs, et dans la faculté des marques à faire progresser respect et transparence, par l'innovation.  
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu risques 
L'une des clés pour (r)établir la confiance et créer la transparence envers les produits, est la façon dont les entreprises traitent les données et la gestion qu'elles font de celles-ci. La donnée est en effet la clé de voûte du monde numérique d’aujourd’hui, et elle est une ressource extrêmement précieuse qui aide à définir comment interagissent les organisations et comment elles traitent avec le monde extérieur. 
Le succès croissant d'applications comme Yuka, de la base de données communautaire Open Food Facts, montre que les consommateurs veulent une meilleure transparence dans les aliments et produits alimentaires qu’ils consomment. Une attente forte de la part des consommateurs qui s’est traduite dans le cadre de la loi de Santé de 2016 par la mise en œuvre progressive, mais facultative, du système d’étiquetage nutritionnel "Nutri-Score", devant permettre de faciliter le choix d’achat au regard de la composition nutritionnelle des produits.  
D'autres applications informatives similaires axées sur les données gagnent en popularité, comme Good Guide pour des choix meilleurs et plus sains sur les produits de beauté et les produits ménagers ou Good on You pour des achats plus éthiques. 
Dans le marketing et la gestion de la relation client, l’heure de vérité est le moment où un client ou un utilisateur interagit avec une marque, un produit ou un service. Avec ce type d'applications précédemment citées, les entreprises perdent cette connexion avec le client, car celui-ci aura pu se faire sa propre idée sur le bienfait ou méfait du produit.  
"Changer de logiciel" à l’ère de la confiance   
Les industriels sont désormais obligés d'en tenir compte parce que les consommateurs sont maintenant influencés lors de leur processus d’achat par ces nouveaux modes d’accès à l’information, plutôt que par un discours façonné et véhiculé par une marque. 
Elles se doivent donc de bâtir une culture de confiance. Avec une telle culture, une entreprise réagirait plus rapidement à un manque ou à une crise de confiance. En réagissant mieux, les entreprises peuvent éviter le point de rupture avec les consommateurs. Et c'est particulièrement vrai pour les jeunes consommateurs qui consomment rapidement des produits et pour qui la confiance et la transparence sont des droits inaliénables. Si une marque ne répond pas à leurs besoins en termes de confiance et de transparence, ils passeront à une autre. 
Les entreprises doivent maintenant prendre de nouvelles mesures pour contrôler leurs données afin d'assurer confiance, transparence et ouverture. Le problème est qu'il est de plus en plus difficile de créer de la confiance dans un monde où tout est "données", où tout s'accélère et où chacun peut facilement s'approprier ce qui est "réel" et reprendre le flambeau de la confiance avec la publicité, le ciblage programmé et les infox. 
Le facteur confiance n'est pas quelque chose que les entreprises agroalimentaires doivent prendre à la légère, pas plus qu'elles ne devraient retarder l'élaboration d'une stratégie de gestion des données qui contribuera à renforcer cette confiance. Il est temps de commencer maintenant.