Et si la blockchain changeait la conformité financière ?

La blockchain permet des de mettre en place des méthodes pratiques et peu onéreuses qui ont le potentiel pour changer profondément les pratiques en matière de compliance financière.

La lutte contre le blanchiment d’argent (AML), la connaissance du client (KYC) et d’autres types de réglementations sont au cœur des obligations de toute institution financière. La tokenisation  de la finance est caractérisée par des interactions commerciales directes avec des mesures opérationnelles plus directes et irréversibles. La réglementation devra être adaptée. On peut facilement imaginer qu’avec l’attrait croissant pour la tokenisation de la finance  la réglementation sera de plus en plus normalisée et vérifiée de plus en plus en amont. Par conséquent, pour les institutions financières,  la priorité sera donnée à la collaboration avec les nouveaux acteurs, notamment les consultants en KYC, les start-up technologiques et les éditeurs de logiciels d'analyse de la blockchain. En 2016, Thomson Reuters a publié un rapport selon lequel il était estimé que les institutions financières dépensaient entre 60 et 500 millions dollars par an pour se conformer aux normes en KYC et AML.

Amaury Boisset, spécialiste de la blockchain explique: "Je ne dirai pas quelque chose de très original, mais les institutions financières remarquent que les régimes de réglementation se complexifient et que les sanctions en cas de non-respect de la réglementation sont très punitives. Cela a un coût financier énorme et une influence profonde sur la réputation de l'institution. La majorité des coûts de conformité découlent de l'inefficacité des programmes dédiés. N'oubliez pas que ces programmes sont généralement encore basés sur du papier ce qui rend les échanges entre les parties prenantes très lent … La conformité est extrêmement coûteuse mais les institutions financières doivent faire face à la pression croissante de leurs clients en matière de facilitation des transactions. Actuellement on remarque que les process en conformité sont souvent manuels, lents et fragmentés,  cela peut gêner les activités du client et évidemment nuire en ce qui concerne la relation entre les institutions financières et leurs clients."

Du point de vue de la conformité, la blockchain présente des caractéristiques qui semblent très prometteuses : dès que des données sont enregistrées dans la chaîne de blocs, elles ne peuvent être ni supprimées ni modifiées. Les transactions sont immuablement enregistrées grâce à la technologie du grand livre distribué (DLT).

Nous pouvons imaginer que, dans un proche avenir, les process en compliance ne seront probablement réalisés qu'une seule fois. Ils pourront être encodés dans une identité numérique autonome et utilisés par les clients chaque fois qu'ils devront traiter avec une nouvelle institution financière. Avec l'accord du client, les institutions financières pourront alors transférer la référence aux informations attachées au client vers tout les acteurs de la chaîne de valeur. Les autres institutions pourront savoir les éléments de compliance nécessaire avec beaucoup plus de facilité qu’aujourd’hui.

L'utilisation de la technologie blockchain pour la compliance présente deux avantages majeurs. D’abord le développement d'une utilisation intra-bancaire avec un registre unique mais un accès sélectif pour une variété de services pour le même client. Ensuite,  la création d'un registre individuel protégé et transférable dans diverses institutions financières avec potentiellement des droits d'accès pour les institutions d'audit. On le comprend aisément les frais de conformité seront considérablement réduits.