Bitcoin : la décision de la bourse de Chicago ne fait pas l'unanimité

Bitcoin : la décision de la bourse de Chicago ne fait pas l'unanimité L'un des plus gros opérateurs boursiers au monde, le CME, a décidé de lancer d'ici la fin de l'année des contrats à terme sur la monnaie virtuelle, afin de protéger les investisseurs contre sa volatilité.

Le bitcoin divise profondément le monde de la finance, tiraillée entre la crainte de voir ses services progressivement remplacés par cette monnaie virtuelle "peer to peer", et l'opportunité de réaliser de juteuses plus-values en se lançant dans la course aux cryptomonnaies. La bourse de Chicago a choisi son camp en annonçant jeudi dernier qu'elle proposerait d'ici la fin de l'année, des contrats à terme sur le bitcoin. Une annonce qui a fait grimper la devise en flèche, dépassant pour la première fois la barre des 7000 dollars, contre 5200 dollars deux semaines plus tôt. Les investisseurs en cryptomonnaies ont effectivement interprété cette décision comme le début d'un encadrement des devises virtuelles, qui pourrait permettre d'en démocratiser la circulation et d'éviter qu'elle ne soit qu'un instrument de blanchiment, de fraude ou de spéculation réservée aux boursicoteurs chinois (le pays représente 20% des échanges mondiaux pour le moment).

La bourse de Chicago avait déjà lancé un instrument de cotation du bitcoin en temps réel l'an dernier

La bourse de Chicago est précurseur dans le domaine des cryptomonnaies puisqu'elle avait déjà lancé un instrument de cotation du bitcoin en temps réel l'an dernier, basé sur les données des principales plateformes d'échanges de devises virtuelles. Cette fois-ci, le but du CME serait de proposer des produits dérivés sur la principale monnaie virtuelle, afin de de permettre aux investisseurs de se protéger contre sa très grande volatilité, près de 30 fois supérieure à celles des trois grandes monnaies mondiales. Rappelons que le bitcoin a pu progresser de plus de 600% depuis le début de l'année, mais qu'il est descendu de 20% en deux jours mi-septembre (à 3590 dollars), après que les autorités chinoises ont interdit les ICO. Et, selon certains analystes très bullish sur la devise, celle-ci pourrait atteindre les 10 000 dollars dans les prochains mois.

Il reste que la décision de la CME n'a pas manqué de susciter les critiques d'une partie de la place financière mondiale. Tout d'abord parce que le président du CME, Bryan Durkin, avait affirmé il y a quelques mois à peine sur Bloomberg, qu'il n'avait aucune intention de lancer des contrats futurs sur le bitcoin. Le CEO de la bourse de Chicago a justifié cet apparent changement d'avis par le fait que les clients du CME eux-mêmes avaient demandé la création de tels contrats. Le patron de Crédit Suisse Tidjane Thiam, cité par Bloomberg, a en tout cas estimé que la plus célèbre des cryptomonnaies avait "tous les aspects d'une bulle" et qu'elle n'aurait certainement pas "une fin heureuse", rejoignant le club des financiers anti-Bitcoin. Début septembre, le patron de JP Morgan Jamie Dimon avait ainsi fait une sortie très remarquée sur la devise virtuelle, affirmant qu'elle était "une fraude, qui exploserait en vol", et qu'il licencierait tout trader qui échangerait cette cryptomonnaie.

"De nombreux institutionnels vont enfin oser investir dans le bitcoin"

La société de brokerage américaine Themis Trading a de son côté réagi aux annonces du CME en demandant à l'organisme de régulation Commodity Futures Trading Commission de ne pas agréer les contrats sur le bitcoin, vu le manque de moyen de contrôle actuel sur la cryptomonnaie. Selon la société américaine, approuver ces contrats reviendrait à commettre la même erreur que lorsque les subprimes ont été autorisés. Selon Themis Trading, les cyptomonnaies devraient d'abord être sérieusement encadrées avant que la vente de produits dérivés sur ces devises soient autorisée.

Sans surprise, la décision du CME a en revanche suscité l'enthousiasme des spécialistes de la blockchain (la technologie qui permet au bitcoin d'exister). Les entreprises du secteur ont ainsi estimé que le nouveau contrat sur le bitcoin, lancé par une place de marché reconnue, constituait un grand pas en avant vers la régulation des cryptomonnaies. Le site d'information Ctyptocoins news cite ainsi Serafin Kion Engels, patron de Data Wallet, selon lequel le lancement de contrats sur les bitcoins par la bourse de Chicago marque "le début d'une démocratisation de son utilisation par les investisseurs institutionnels". Même son de cloche de la part de Taulant Ramabaj, CVTO de ULedger, également citée par le média spécialisé dans les cryptomonnaies : "de nombreux institutionnels vont enfin oser investir dans le bitcoin, qui feront le pari que les régulations à venir dans le domaine n'empêcheront pas pour autant le développement des devises virtuelles". Goldman Sachs, par la voix de son patron, a d'ailleurs déjà annoncé il y a quelques semaines qu'elle envisageait de se lancer dans le trading de bitcoin. Mais tous les acteurs ne suivront pas forcément le mouvement, par crainte de se faire rattraper par les régulateurs, une fois que ceux-ci auront fini de plancher sur le sujet.

Article originel publié sur WanSquare par Marie-Amélie Fauchier-Magnan le 06/11/2017.

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