Banques, inspirez-vous des géants de la tech

Banques, inspirez-vous des géants de la tech Dans son rapport annuel sur la situation des services financiers, le cabinet de conseil Olivier Wyman soulève l'inquiétude grandissante des banques sur leurs perspectives de croissance.

Face à la concurrence croissante des fintech, les banques traditionnelles n'ont d'autre choix que d'évoluer en s'associant aux jeunes pousses, à l'exemple de moneyou, filiale d'ABN Amro spécialisée dans l'épargne, qui s'est alliée début septembre avec la start-up britannique Bankable. Ou en rachetant ces nouveaux acteurs, comme l'a fait BNP Paribas avec l'acquisition de 95% de Compte-Nickel. Mais selon un rapport publié par Oliver Wyman sur la situation des services financiers, les banques ont encore beaucoup à faire pour éviter de se faire concurrencer sur leur propre terrain par les géants de la tech.

Le secteur de la finance a pourtant connu une bonne année en 2017, reconnaît le cabinet de conseil, qui souligne que la plupart des nouvelles régulations ont été bien intégrées par les banques, que les perspectives de croissance s'améliorent et que les taux d'intérêt commencent à se redresser. "Pourtant, en discutant avec les banquiers pour réaliser cette étude, nous n'avons pas constaté qu'ils étaient d'humeur très festive", soulignent les experts. Si les banquiers rencontrés sont ainsi plutôt confiants à horizon 3-5 ans, ils sont en revanche de plus en plus inquiets quant à l'adaptation de leur business model à plus long terme et craignent d'être mis sur le bas-côté en termes de création de valeur, ou d'être disruptés par des concurrents plus agiles.

"Les services financiers ont été historiquement conçus pour un monde plus sûr et avec moins de choix"

Trois aspects inquiètent plus particulièrement les banques, selon le rapport. Le fait qu'elles sont désormais très loin derrière les géants de la tech en termes de perspectives de croissance, et loin derrière leurs performances historiques. Sur la dernière décennie, les sociétés technologiques ont su prendre en charge et résoudre les principaux problèmes de leurs utilisateurs et clients, leur permettant de croître très fortement. Les sociétés technologiques ont notamment utilisé leurs nombreuses données clients pour connaître plus précisément leurs attentes et besoins, en créant des algorithmes à partir de ces datas, souligne Oliver Wyman. "Amazon.com marche parce que j'obtiens ce dont j'ai besoin, de façon rapide et sans friction", résument les auteurs du rapport. Les services financiers, pendant ce temps, ont lutté pour créer de la nouvelle valeur client ou améliorer la croissance de leurs revenus. Une dynamique qui n'est plus viable pour les banques, qui devront donc à tout prix accélérer la création de valeur client, au risque de se faire avaler une partie de leur marché par la concurrence des fintech ou des géants technologiques. Pour ce faire, l'innovation est clef, rappelle le cabinet de conseil, qui cite encore en exemple les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon).

Deuxième aspect qui risque de pénaliser les performances des financières à long terme : les fondements historiques sur lesquels elles ont basé leur croissance et leur rendement se sont détériorés. Ainsi, la faible progression des revenus, des taux d'intérêt et l'envolée de l'immobilier ont sapé les perspectives de croissance des financières, explique le cabinet de conseil. Par ailleurs, la digitalisation de l'économie, l'urbanisation et l'immigration ont permis d'offrir aux clients traditionnels des banques beaucoup plus d'options qu'avant pour gérer leur argent. Enfin, les citoyens disposent de moins d'aide fiable qu'auparavant, avec la dislocation du modèle traditionnel familial. Tout ceci a affecté la pertinence des produits financiers traditionnels, souligne le rapport. "Les services financiers ont été historiquement conçus pour un monde plus sûr et avec moins de choix", résument les auteurs. "Dans un tel contexte, ils offraient alors un endroit sûr pour placer son épargne et emprunter, avec un besoin limité de conseil. Le monde a changé et ces produits offerts ont moins de valeur pour le client qu'avant". Les consommateurs et clients ont désormais besoin d'être conseillés pour dépenser de façon avisée et ajustée (avec les nouveaux outils de comparateurs de prix...), souhaitent optimiser leurs revenus et pouvoir transférer des fonds très facilement à n'importe quel moment et n'importe où.

Il est encore temps d'agir pour les banques, tempèrent cependant les experts, mais elles devront se dépêcher. Car les géants de la tech n'ont pour l'instant pas encore élargi leur expertise big data aux informations financières. Et même si elles le faisaient, elles seraient confrontées à de nombreuses régulations et à la prudence des régulateurs. Et les banques disposent encore d'un atout majeur par rapport aux GAFA : la confiance des clients. "Quelqu'un va mettre en place le Google Map de la vie financière. Cela pourrait être Google, Amazon ou Alibaba. Mais cela pourra aussi être JP Morgan, BBVA ou MetLife. Nous pensons que cela va advenir, et certainement dans peu de temps", préviennent les auteurs du rapport. Tout le challenge pour les banques est de se mettre tout de suite au travail sur ces sujets, pour avoir une longueur d'avance. "Les jeux ne sont pas encore faits, et il n y a pas de vainqueur clair. Du moins pas encore", concluent-ils.

Article originel publié sur WanSquare par Marie-Amélie Fauchier-Magnan le 24/01/2018.

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