Bankin' lève 20 millions d'euros auprès du groupe Casino

Bankin' lève 20 millions d'euros auprès du groupe Casino Le montant représente plus des deux tiers des fonds levés depuis sa création par la start-up française et l'opération octroie des droits de vote au groupe de distribution. Mais la part du capital acquise reste, pour l'instant, un mystère.

Les levées de fonds à deux chiffres se multiplient dans la fintech. Après Alan et ses 40 millions d'euros et Shift Technology (53 millions d'euros), c'est au tour de Bankin' d'annoncer officiellement un tour de table de 20 millions d'euros, ce qui porte à 28,4 millions d'euros le montant total collecté depuis sa création en 2011. Selon nos informations, c'est le groupe Casino qui a injecté ce montant. Dans un article de mind Fintech publié en janvier dernier, le patron de Bankin' Joan Burkovic assurait que le groupe Casino avait réalisé un "investissement minoritaire".  Les rumeurs sur une prise de participation majoritaire ou un rachat courraient depuis plusieurs mois. Mais "non, il n'y a pas de rachat prévu dans un ou deux ans", assure encore le dirigeant au JDN . 

"Non, il n'y aura pas de rachat prévu dans un ou deux ans"

Une chose est sûre : le groupe Casino détient au moins un dixième des droits de vote dans Bankin', puisque l'opération a été soumise à l'approbation de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). "L'acquéreur doit soumettre à l'ACPR une demande d'autorisation préalable dans les cas suivants : l'acquisition du pouvoir effectif de contrôle sur la gestion de l'établissement, ou l'acquisition du tiers, du cinquième ou du dixième des droits de vote dans l'établissement", nous confirme l'institution.

Cet investissement n'est pas une grande surprise. Casino s'intéresse de plus en plus à l'univers du paiement. En novembre dernier, le distributeur a annoncé une prise de participation de 5% au capital de la solution de paiement mobile LyfPay. Le mois suivant, le groupe a annoncé un partenariat avec Natixis Payments afin de créer un wallet pour Cdiscount (Casino est actionnaire majoritaire du site) et d'autres enseignes à terme.

Booster le coach financier

De son côté, Bankin' (2,9 millions d'utilisateurs) va pouvoir poursuivre le développement de son coach financier qui mêle algorithmes et conseils humains. L'agrégateur vient de sortir deux nouvelles fonctionnalités gratuites. La première, baptisée "Mes opportunités", fournit des recommandations personnalisées à l'utilisateur tel que le montant qu'il peut épargner par mois ou le meilleur crédit immobilier. "Nos coachs financiers l'accompagnent dans ses décisions et le met même en relation avec le courtier en question", précise Joan Burkovic. Une équipe d'une dizaine de coachs (sur 50 salariés) est actuellement en place. Et une petite dizaine viendra grossir les rangs d'ici fin 2019.

"Notre activité BtoB accélère fortement grâce notamment à la DSP2"

La deuxième fonctionnalité, "Ma progression", aide l'utilisateur à mieux gérer ses dépenses quotidiennes de façon ludique. Le coach financier sera enrichi en 2019 mais aucune précision n'est apportée. Pour l'instant, Bankin' s'est positionné sur la banque quotidienne, le crédit immobilier (et renégociation), l'assurance emprunteur (et renégociation), l'assurance-vie, l'épargne court terme et le transfert d'argent à l'international. Et cela grâce à un réseau d'une dizaine de partenaires dont Fortuneo, ING, ou encore le robo-advisor Yomoni, qui devrait s'agrandir cette année.

La levée de fonds permettra aussi à Bankin' de recruter une petite dizaine de personnes pour son activité BtoB Bridge, qui facilite la connexion aux API des banques. Aujourd'hui, le nombre de clients n'est pas connu, mais quelques noms ont été communiqués comme October (ex-Lendix), Milleis Banque ou encore Sage. "Ce business accélère fortement grâce notamment à la DSP2 (directive européenne sur les services de paiement qui permet aux agrégateurs de se connecter via des API aux banques, ndlr)", indique Joan Burkovic. "La levée de fonds permettra de renforcer cette position internationale", a-t-il ajouté. Bankin est présent en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni, pour ces deux activités. Son CEO assure que la part du chiffre d'affaires à l'international est "significative", sans en dire plus. En revanche, l'agrégateur n'a pas prévu de s'implanter dans de nouveaux pays cette année, sauf si "un pays propose une API bancaire fiable et simple à connecter, on pourra alors faire un arbitrage", précise le dirigeant. Aucun objectif de rentabilité n'est prévu pour le moment. Joan Burkovic assure que le chiffre d'affaires est en croissance, sans, encore une fois, rendre de comptes.