Pour échapper au Brexit, la fintech Ipagoo installe un deuxième siège en France

Pour échapper au Brexit, la fintech Ipagoo installe un deuxième siège en France Cette filiale du groupe financier Orwell permet aux groupes bancaires d'ouvrir des comptes multidevises pour leurs clients. Elle vient d'obtenir un agrément de l'ACPR.

Le Brexit tarde toujours à venir mais certaines fintech n'attendent plus. La start-up britannique Ipagoo, filiale du groupe de services financiers Orwell, installe son deuxième siège à Paris, quartier Montparnasse. Elle avait déjà un bureau, composé de quatre personnes, mais uniquement dédié au marché français. Créée en 2015, la start-up propose une solution en marque blanche qui permet aux banques d'ouvrir des comptes multidevises à leurs clients dans plusieurs pays étrangers.

La nouvelle structure servira à piloter les activités hors Royaume-Uni de la société. En plus de l'Hexagone, Ipagoo opère en Espagne et en Italie et compte se développer en Allemagne et en Pologne fin 2019 ou début 2020. Le Portugal est aussi dans la roadmap. Pour accompagner ces déploiements, la fintech prévoit d'embaucher une quinzaine de personnes d'ici la fin de l'année.

"Au 1er janvier 2018, nous n'avions aucune garantie d'obtenir un agrément pour le 29 mars"

Ipagoo a obtenu fin mars un agrément de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Sans ce graal, elle n'aurait pas pu continuer ses activités en dehors du Royaume-Uni car son agrément britannique n'aurait plus été valide. La France n'était pourtant pas le premier choix d'Ipagoo, plutôt tenté par le Luxembourg, capitale financière attractive. Elle avait commencé les démarches pour obtenir un agrément dans le Grand-duché il y a quelques mois. "Au final, nous avons perdu beaucoup de temps. Seulement 4-5 personnes géraient les dossiers fintech, plusieurs aspects étaient sous-traités, le processus était assez long et les compétences tech très limitées", raconte Jérôme Prigent, patron d'Ipagoo France. "Au 1er janvier 2018, nous n'avions aucune garantie d'obtenir un agrément pour le 29 mars (date initiale du Brexit, ndlr). Nous avons donc appelé l'ACPR (l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, ndlr)". Ipagoo est passé par le "fast track", un processus accéléré dans lequel la fintech s'est engagée à mettre ses ressources à disposition de l'ACPR 24/24h. Résultat : Ipagoo a obtenu un agrément d'établissement de monnaie électronique en seulement deux mois, un record.

Crédit Agricole comme premier client

Dans l'Hexagone, la fintech a déjà signé avec Crédit Agricole Île-de-France. Ensemble, ils ont élaboré l'application Globan'Go qui permet d'ouvrir des comptes locaux dans plusieurs pays. Cette offre, qui sera lancée courant avril, s'adresse aux 35 500 clients de "Globe-Trotter", un service de la banque réservé aux 18-29 ans. Les jeunes obtiendront une carte bancaire sans frais (paiements et retrait gratuits) et pourront ouvrir un compte courant avec un iban local au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie. Ce dernier détail est important puisque les prélèvements (loyer, électricité…) ne peuvent pas être effectués avec des ibans étrangers.

La plupart des grandes banques françaises sont déjà rentrées en contact avec Ipagoo, assure son responsable France. Un groupe bancaire est même en discussion avancée avec elle. La néobanque franco-belge Anytime est bien avancée pour proposer des comptes en Italie et en Espagne. Orange Bank aurait pu être un client idéal pour Ipagoo puisqu'elle prévoit de se lancer en Espagne fin 2019. "Nous sommes malheureusement arrivés trop tard. De plus, il y a quelques batailles politiques en interne qui ne facilitent pas les discussions", glisse Jérôme Prigent.

Ipagoo ne va pas s'arrêter à l'Europe. Elle est en train d'acquérir une licence aux Etats-Unis, ce qui devrait être finalisé en 2020. Les clients de Globan'Go pourront alors ouvrir des comptes en dollars outre-Atlantique. Une aubaine pour les étudiants qui partent en échange universitaire.

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