La Parisienne Assurances, pionnier de l'open insuring en France

La Parisienne Assurances, pionnier de l'open insuring en France Cet assureur français, qui a la particularité de commercialiser uniquement des produits en marque blanche, a multiplié les API et développé une plateforme qui s'appuie sur la blockchain.

Après l'open banking, place à l'open insuring. La directive sur les services de paiement (DSP2) pousse les banques à ouvrir leurs systèmes d'informations. Les assureurs n'ont, quant à eux, pas d'équivalence pour le moment. Ce qui n'empêche pas certains acteurs de s'y mettre à l'image de La Parisienne Assurances, société qui conçoit des solutions d'assurance en marque blanche aussi bien pour des acteurs traditionnels (réassureurs et courtiers) que non traditionnels (assurtech, e-commerçants…). 

Cette compagnie d'assurance, fondée en 1829, a délivré ses premiers services sous forme d'API en septembre 2017, plus précisément des API de tarifications qui permettent de fixer un prix de façon dynamique en fonction du niveau de risque. Celles-ci ont été testées en mode pilote par quelques partenaires. En avril 2018, La Parisienne a lancé la plateforme IPaas, pour insurance product as a service, qui rassemble toutes ses API. Cette plateforme s'appuie sur une blockchain qui permet d'automatiser la gestion des polices d'assurance, et donc de diminuer ses coûts de transaction, mais aussi d'automatiser la gestion des sinistres quand un événement spécifique permet de régler pro-activement le consommateur final.

"Avant, nous nous adressions seulement aux distributeurs spécialistes de l'assurance et maintenant à tout type de distributeur"

Grâce à ses 50 profils techniques (sur une centaine de salariés), elle a enrichi la plateforme au fil des mois et compte aujourd'hui 31 API, dont voici quelques exemples dans les domaines de l'auto, l'habitation et les nouvelles mobilités : "panne mécanique auto/moto", "véhicule sans permis", "auto à l'usage", "multirisques immeuble", "home sharing"… Une API "toujours à l'heure", qui servira aux distributeurs à rembourser les consommateurs en cas de retard d'avion ou de train, sera lancée avec un partenaire en octobre 2019. Les API sont évidemment disponibles en libre-service. "N'importe quel développeur peut les tester dans un environnement bac à sable sans action de notre part", précise Benoît Merel, COO de La Parisienne Assurances.

Intégration rapide

La société s'engage auprès de ses partenaires à une intégration rapide : moins de 10 jours hommes de travail. "Nous faisons en sorte que toute la documentation soit facile d'accès et que nos partenaires aient tout l'accompagnement dont ils ont besoin", indique Benoît Merel. Pour l'assurtech Luko, qui propose des assurances 100% en ligne, il a fallu moins d'une semaine pour tout intégrer. Pour Lovys, concurrent de Luko, il a fallu six mois car La Parisienne a créé un produit spécialement pour la start-up. "Dans le paysage français, La Parisienne Assurances se démarque par son niveau technologique très élevé, sa capacité à mettre en place une nouvelle offre et d'adapter les produits en fonction de ses partenaires", témoigne João Cardoso, fondateur de Lovys.

Pour La Parisienne, les API sont générateurs de nouveaux business. "Avant, nous nous adressions seulement aux distributeurs spécialistes de l'assurance et maintenant à tout type de distributeur, même ceux qui n'y connaissent rien à l'assurance", explique le COO. L'assurtech britannique Zego, qui cible les plateformes de livraison et de mobilités, s'est tournée vers La Parisienne Assurances pour les trottinettes Dott en France et en Belgique. "Nous avons choisi La Parisienne Assurance car elle s'intéresse aux nouveaux usages de la mobilité. Si elle continue à proposer des produits dans ce secteur, nous continuerons à travailler avec elle", avait indiqué au JDN en juillet dernier Sten Saar, cofondateur de Zego. La Parisienne assure aussi la start-up spécialisée dans le paiement fractionné Alma ou encore Yamaha dans 8 pays européens. Sur les 21 distributeurs, huit sont des acteurs non traditionnels. L'objectif de l'assureur est d'augmenter la part de non spécialistes.

"On ne veut pas empêcher un partenaire de collaborer avec nous car il ne peut pas se brancher à une API"

En 2018, plus de 1 million de requêtes d'API sont passées par semaine et plusieurs dizaines de milliers de contrats sont passées dans la blockchain avec une progression de 10% par mois. La Parisienne Assurances souhaite travailler uniquement en API avec ses partenaires, mais ne les oblige pas pour autant. "Si le partenaire ne peut pas, on peut faire des exceptions. On ne veut pas empêcher un partenaire de collaborer avec nous car il ne peut pas se brancher à une API", insiste Benoît Merel qui souhaite toutefois que 100% du chiffre d'affaires passe par les API en 2019...

Ce chantier d'apisation n'est évidemment pas à la portée de tout le monde. "Mettre à disposition des API est assez facile. Après, il faut que l'API interagisse avec le back office. L'avantage de La Parisienne Assurances est que nous avons construit notre back office en même temps que la couche d'API. On n'avait pas le legacy", raconte Benoît Merel. Difficile, donc, pour un grand assureur d'entamer le même chantier. Et si quelques expérimentations d'assureurs traditionnels français sont en cours, il n'y a pas encore de quoi parler d'open insuring.