FairMoney lève 10 millions d'euros pour lancer le N26 des pays en développement

FairMoney lève 10 millions d'euros pour lancer le N26 des pays en développement Cette fintech franco-nigériane, qui a commencé par proposer des micro-crédits, compte diversifier son offre bancaire et attaquer de nouveaux pays africains et asiatiques.

Avec leurs levées de fonds record, N26 et Revolut espèrent bien conquérir le plus de pays possible. Pour l'instant, les deux néobanques stars ont plutôt en tête les pays occidentaux. Pourtant, les pays en développement sont de bons candidats pour leur offre car ils sont souvent sous-bancarisés et leur population adepte du paiement via le mobile. C'est pourquoi FairMoney, fintech franco-nigériane, est en train de bâtir une banque mobile destinée aux pays en développement. Pour y parvenir, elle vient de lever 10 millions d'euros auprès de Flourish Ventures (fonds d'investissement de Pierre Omidyar, fondateur d'eBay), les associés de DST Global et ses investisseurs historiques (Newfund, Speedinvest et Le Studio VC). Au total, elle a levé 15 millions d'euros.

Créée en 2017 par trois Français dont un d'origine nigériane, FairMoney était d'abord une application de micro-crédits dédiée au marché nigérian (190 millions d'habitants) avec des prêts allant de 10 à 400 euros. Pour en obtenir un, il suffit de remplir un rapide questionnaire puis FairMoney consulte le relevé bancaire de l'utilisateur (qu'il reçoit par SMS) pour estimer sa capacité d'endettement. L'application utilise également d'autres données (géolocalisation par exemple).

Ce processus prend environ cinq minutes et si la demande est validée, le transfert des fonds est effectué instantanément car le Nigéria est doté d'un système de virements instantanés (l'équivalent de l'Instant payment en Europe). Le taux du crédit varie entre 10 et 25%, un montant qui peut sembler très élevé. "Au Nigéria, la situation économique est bien plus compliquée qu'en France. L'inflation est importante et les taux de défaut sont très élevés, de l'ordre de 10%. Nos taux sont tout à fait correct", justifie Laurin Hainy, CEO de FairMoney. Aujourd'hui, la fintech compte 200 000 clients (qui ont contracté 350 000 crédits) dont deux tiers sont des commerçants. Le crédit moyen s'élève à 40 euros.

Attirer plus de particuliers

Depuis deux mois, FairMoney s'est lancé dans le paiement. Elle permet à ses utilisateurs de payer leur crédit téléphonique (très courant en Afrique) ou encore leur électricité. Grâce à son tour de table, la jeune pousse travaille sur un compte courant adossé à une carte bancaire et un compte d'épargne. Cette fois, l'objectif est de s'adresser à ceux qui n'ont pas accès aux services financiers. Ils seraient 1,7 milliard dans le monde d'après les derniers chiffres de La Banque Mondiale. FairMoney travaille également sur une offre pour les clients qui n'ont pas de smartphone, sans donner plus de détail. Avec ces offres, la start-up espère attirer davantage de clients particuliers.

La levée de fonds servira aussi à attaquer de nouveaux marchés d'ici fin 2019, début 2020. "On cherche des pays sous-bancarisés avec des populations importantes qui utilisent des smartphones. On regarde du côté de l'Egypte, du Vietnam, de l'Indonésie et de l'Inde", indique le CEO de la fintech. Ces implantations seront accompagnées d'ouverture de bureaux avec des services client locaux. Les équipes tech (10 salariés) restent à Paris et les 35 autres (compliance, support…) au Nigéria. La jeune pousse prévoit de passer de 45 salariés à 100 d'ici fin 2020. De nouveaux profils tech rejoindront le bureau parisien. FairMoney vise les 500 000 clients d'ici fin 2019 et les 2 millions fin 2020. D'ici là, la jeune société devra probablement faire face à l'arrivée d'un gros concurrent : Facebook et sa crypto-monnaie libra, qui doit être lancée au premier semestre 2020 et qui cible les populations non bancarisées.