Crise : rien n'a changé Les produits toxiques n'ont pas été nettoyés

Dès le G20 de Washington en 2008, "les produits financiers de plus en plus complexes et opaques" ont été identifiés comme l'une des "causes premières de la crise".

La crise financière a commencé aux Etats-Unis avec l'éclatement de la bulle immobilière qui s'est propagé à la finance mondiale via des produits financiers exotiques issus de la titrisation. Des produits eux-mêmes compilés dans d'autres produits financiers, le tout créant des actifs risqués garantis par d'autres instruments tout aussi complexes. RMBS, CDS, CDO, CDO de CDO... Une jungle d'abréviations que l'on a vite fait d'englober sous l'appellation "produits toxiques" ou "armes financières de destruction massive" selon le bon mot de Warren Buffet.

Ces produits, à l'origine créés pour répartir le risque entre plusieurs acteurs, se sont pour beaucoup transformés en actifs toxiques avec la crise. Qui rachèterait un instrument basé sur des crédits que les emprunteurs ont cessé de rembourser il y a trois ans et dont les biens hypothéqués ont perdu la moitié de leur valeur ? Réponse : personne.

Dès le G20 de Washington en 2008, "les produits financiers de plus en plus complexes et opaques" ont été identifiés comme l'une des "causes premières de la crise". Les dirigeants des plus grandes puissances économiques se sont alors engagés à renforcer "les exigences de divulgation sur les produits financiers complexes" et à faire "en sorte que les sociétés divulguent des renseignements complets et exacts sur leur situation financière".

Les actifs toxiques polluent toujours les bilans des établissements, financiers ou non, et les montants passés en provisionssont sujets à caution.

Trois ans plus tard, on est loin du compte, Dexia en étant l'exemple le plus récent. Selon un rapport de l'Autorité de contrôle prudentiel en 2010, "le stock de produits dérivés sans modèle de valorisation" dans le bilan de la banque franco-belge était "très important". Et de conclure à une "surévaluation" de plus de 2 milliards d'euros, ce qui a permis d'augmenter "artificiellement les fonds propres du groupe".

C'est l'autre grand problème irrésolu : les actifs toxiques polluent toujours les bilans des établissements, financiers ou non, et les montants des "provisions pour perte sur marché à terme" sont sujets à caution. Une véritable bombe à retardement : comme toute provision, il s'agit de potentielles pertes. Fin 2010, les 10 plus grandes banques américaines conservaient depuis au moins un an pour 13,8 milliards de dollars de ces "unrealized losses", selon le Wall Street Journal.

les produits otc sont des produits échangés de gré à gré.
Les produits OTC sont des produits échangés de gré à gré. © JDN