L'objet connecté le plus répandu de France est… le compteur d'eau

L'objet connecté le plus répandu de France est… le compteur d'eau Veolia a installé 1,5 millions de ces appareils communicants dans l'Hexagone et la Saur plus de 500 000. Loin devant les 550 000 compteurs Linky déployés par ERDF.

Et non, les compteurs électriques communicants, comme le Linky d'ERDF, sont loin d'être les objets connectés les plus massivement déployés dans l'Hexagone. Ils se font éjecter de la première marche du podium par les compteurs d'eau. "Nous avons testé nos tous premiers appareils intelligents chez Disneyland Paris à Marne-la-Vallée en 1994. La demande de nos clients pour ce type d'équipements monte progressivement en puissance depuis 10 ans", contextualise Frédéric Renaut, directeur smart technologies de la Saur, le troisième opérateur tricolore de distribution d'eau, derrière Veolia et Suez Environnement.

Sur 3,5 millions de compteurs gérés à ce jour par l'entreprise dans l'Hexagone, 500 000 sont communicants. Veolia a de son côté installé en tout 1,5 million de ces appareils presque pensants en France et Suez 1,2 million. A titre de comparaison, ERDF n'a posé qu'un peu plus de 550 000 compteurs Linky en France.

 

Les compteurs sont déployés progressivement par les techniciens. © Saur

Ces équipements n'ont pas été déployés en un jour. Les sociétés chargées d'assurer la distribution de l'eau pour le compte des collectivités locales remplacent progressivement les compteurs en fin de vie (ils sont en moyenne renouvelés tous les 15 ans) par ces outils de mesure plus modernes, capables de communiquer quotidiennement et de manière automatique la consommation d'eau des habitants d'un logement. "La volonté des politiques est également un facteur à prendre en compte. Certaines communes nous réclament ces appareils intelligents, d'autres sont plus rétives. Mais le sens de l'histoire c'est que tous les compteurs d'eau soient à terme connectés", affirme Frédéric Renaut.

"Pour collecter les données émises chaque jour par nos compteurs communicants, nous avons développé en 2011 m2ocity, un opérateur de télécommunication dédié à l'Internet des objets", rappelle Philippe Malterre, directeur général adjoint pour l'activité eau de Veolia en France. Cette filiale est détenue à 80% par le groupe et à 20% par Orange.

"m2ocity a déployé en 5 ans un réseau couvrant 25% de la population nationale qui est, depuis deux ans, progressivement rendu compatible avec la technologie LoRa. C'est à ce titre la première entreprise à avoir massivement testé le transfert de données via ce système", détaille le DGA. La filiale de Veolia serait même, selon un communiqué, le premier opérateur LoRa en nombre d'objets connectés. Pour rentabiliser ses antennes, elle propose ses services à des entreprises tierces, qui utilisent son réseau pour faire transiter des informations émises par leurs propres objets connectés, comme pourrait le faire un opérateur IoT comme Sigfox ou Bouygues Telecom.

Le réseau m2ocity est paramétré par des agents Veolia. © Photothèque Veolia - Salah Benacer

Grâce aux compteurs connectés, plus besoin d'attendre six mois ou un an qu'un technicien vienne effectuer un relevé : le client final connaît sa consommation d'eau au quotidien, via des applications dédiées qui lui transfèrent ces données. Il peut ajuster son comportement pour éviter les factures astronomiques. Ce système lui permet également de repérer plus vite les fuites dans son domicile et à nouveau de faire des économies.

Du côté des clients directs des entreprises de gestion de l'eau, les communes, ces compteurs permettent également de repérer des fuites sur le réseau de tuyauterie de la ville. "Grâce à l'alerte en temps réel et la localisation des fuites d'eau sur le réseau transmises par les capteurs, les communes peuvent programmer rapidement des interventions. Ces appareils permettent également de mieux gérer cette ressource rare qu'est l'eau et d'éviter aux collectivités locales des investissements lourds sur les installations de production", lorsque ce n'est pas nécessaire, souligne Philippe Malterre.

Pas de données disponibles sur les économies permises par l'installation de ces compteurs communicants en France. "Elles sont propriété des communes", s'excuse le dirigeant de l'activité eau de Veolia en France. D'ici un ou deux ans, elles pourraient devenir publiques, du fait de la nouvelle politique d'open data mise en place par le gouvernement. "Cela permettra à des start-up de développer de nouveaux services pour le consommateur final, qui donneront plus de valeur à ces appareils", pointe le directeur smart technologies de la Saur, Frédéric Renaut.

Mais ces avantages ont un prix : "déployer ces compteurs reste cher. C'est vrai que nous n'avons plus besoin d'envoyer un technicien chez les particuliers pour réaliser un relevé une ou deux fois l'an mais l'investissement matériel est plus lourd que pour un compteur classique, d'autant qu'il faut aller changer l'antenne radio des appareils tous les trois ans", détaille Frédéric Renaut. Et certains compteurs tombent en panne. "Nous visons un taux de défaillance de 1,5% par an", rapporte Philipe Malterre de Veolia. Pas besoin d'investir donc si c'est pour ne pas utiliser à bon escient les données collectées et faire des économies substantielles.