Présidentielle : ce qu'en disent les entrepreneurs de banlieue Emploi : Sarkozy jugé plus crédible qu'Hollande

Avant de connaître les résultats de la présidentielle, que pensent les entrepreneurs de banlieue des mesures destinées aux quartiers difficiles de François Hollande et Nicolas Sarkozy ? Nous les avons d'abord interrogés sur la proposition du candidat socialiste, la création de 150 000 emplois d'avenir destinés en priorité aux quartiers populaires.

franck sodoyer, tout à dom.
Franck Sodoyer, Tout à Dom. © TAD

Franck Sodoyer : "Ce n'est qu'un remake des emplois jeunes !"

"Les contrats emplois jeunes n'ont pas révolutionné la problématique de l'emploi pour les jeunes. Cette nouvelle mesure n'est qu'un remake des emplois jeunes ! Mais quelle valeur ajoutée ont-ils bien pu apporter à l'époque ? Dans le meilleur des cas, ceux qui ont bénéficié de ces contrats à la fin des années 1990 lorsqu'ils ont été mis en place sont restés cinq ans dans l'entreprise et ensuite ils sont retournés directement à la case départ." 

emilie vallé.
Emilie Vallé. © Talents des cités

Emilie Vallée : "Le risque à long terme, c'est de favoriser la précarité."

"Dans un premier temps, c'est une bonne chose que de sortir les personnes de l'inactivité. Mais il ne faut pas qu'au bout de cinq ans ces mêmes individus se retrouvent dans une situation identique. La mise en place des emplois d'avenir peut donc se révéler intéressante mais à condition de pérenniser les contrats par la suite. Le risque, c'est qu'à la fin du contrat, les jeunes basculent à nouveau dans la précarité. C'est ce qu'il s'est produit pour certains d'entre eux qui avaient bénéficié des emplois jeunes à la fin des années 1990." 

salem bessad.
Salem Bessad. © SB

Salem Bessad : "On préservera la paix sociale pendant un temps, et après ?"

"On ne tient pas compte des échecs des politiques mises en place dans les années 1990 et 2000. Pourtant, ils sont riches en enseignement. On sait aujourd'hui que les emplois jeunes n'ont pas fonctionné. La création des emplois d'avenir risque d'accentuer la précarité. Les dirigeants seront contents : ils auront partiellement gommé les chiffres du chômage. Et ensuite ? "

En visite le 14 mars 2012 dans le quartier Beauval à Meaux, Nicolas Sarkozy propose, quant à lui, dans le prolongement de la rénovation urbaine entamée en 2003 par Jean-Louis Borloo, de faire passer de 5 à 15% la "clause d'insertion professionnelle". Une clause qui impose aux entreprises qui décrochent des marchés publics dans les quartiers populaires d'embaucher en priorité des jeunes qui en sont issus. 

mustafa yildiz.
Mustafa Yildiz. © MY

Mustafa Yildiz : "Le problème, c'est que les entreprises ne jouent pas toujours le jeu."

"C'est une idée intéressante, mais en tant que conseiller municipal de la ville de Cenon et membre de la commission d'appel d'offres, je sais par expérience que les entreprises ne tiennent pas forcément leurs promesses dès lors qu'elles ont obtenu le marché. Les moyens humains pour contrôler si les entreprises jouent le jeu ou non sont, quant à eux, inexistants." 

emilie vallé.
Emilie Vallé. ©  Talents des cités

Emilie Vallée : "Si ça ne conduit pas à l'emploi, ça peut au moins déboucher sur un diplôme."

"J'ai moi-même utilisé cette clause dans l'entreprise que je gère avec mon père. C'est une très bonne chose d'avoir les moyens d'aider une personne dans la précarité à retrouver le chemin de l'emploi. Je me souviens que l'une des personnes que nous avions embauchées, mais que nous n'avions pu garder faute de moyens, avait par la suite suivi une formation dans le bâtiment qui avait débouché sur un diplôme."