Le monde à l'ère du chômage de masse Des emplois détériorés

Les 4 novembre dernier, les Etats-Unis se sont félicités des statistiques de leur marché du travail. Pour le 13e mois d'affilée, ils avaient créé en octobre davantage d'emplois qu'ils en avaient détruits, avec un solde positif de 80 000 emplois. Mais les emplois créés aujourd'hui ne valent pas forcément ceux perdus hier : pour les anciens chômeurs, le retour à la vie active se traduit souvent par une baisse du salaire par rapport à leur précédent emploi.

D'après une étude du National Employment Law Project, le plus grand nombre d'emplois créés en 2010 l'a été dans... la gestion des déchets (304 000 créations). Un secteur qui affiche un salaire moyen de 12,91 dollars de l'heure. En 2008, annus horribilis de l'emploi outre-Atlantique, le plus grand nombre de destructions de postes a eu lieu dans la construction (1,9 million d'emplois supprimés). Or le salaire horaire y est nettement plus élevé : 19,48 dollars.

les nouveaux emplois créés paient moins bien que les emplois supprimés par la
Les nouveaux emplois créés paient moins bien que les emplois supprimés par la crise. © JDN

Si on compare la moyenne des salaires horaires générés par les créations d'emplois en 2010 à celle des emplois détruits en 2008 (graphique ci-dessus), le résultat n'est guère plus brillant : 15,96 dollars contre 17,23 dollars, soit une baisse de 7,4%. Les travailleurs américains œuvrant en moyenne 1 778 heures en 2010 selon l'OCDE, le manque à gagner s'élève à 2 260 dollars. Si l'on ajoute que le nombre moyens d'heures travaillées atteignait 1 798 en 2007, le nouveau travailleur américain de 2010 gagne 2 600 dollars de moins par an que celui de 2008 avant qu'il ne perde son emploi.

Autre indicateur qui illustre la moindre qualité des emplois aux Etats-Unis : l'explosion du nombre d'emplois à temps partiel acceptés par des personnes à la recherche d'un temps-plein mais qui n'ont pu en trouver. Malgré une forte baisse de 10% en octobre, ce chiffre s'établit à 2,5 millions de personnes, soit une hausse de 110% en quatre ans.

les chiffres ci-dessus concernent les travailleurs qui ont accepté un temps
Les chiffres ci-dessus concernent les travailleurs qui ont accepté un temps partiel parce qu'il ne trouvaient pas de plein temps. © JDN