Les pays dont les entreprises recourent le plus à la corruption

Les pays dont les entreprises recourent le plus à la corruption Voici le classement des 28 nations dont les sociétés sont le plus susceptibles de verser des pots de vin à l'étranger.

Corrompre des fonctionnaires quand on fait des affaires à l'étranger est une pratique apparemment courante, si l'on en croit une enquête de l'ONG Transparency International de novembre 2011. Réalisée auprès de 3 000 chefs d'entreprises qui œuvrent dans les 28 premiers pays exportateurs de la planète, elle révèle la fréquence à laquelle les sociétés d'un pays donné se livrent à des actes de corruption hors de leurs frontières pour se soustraire à la réglementation, accélérer des procédures ou influencer l'élaboration de politiques publiques.

Dans le tableau ci-dessous, l'indice de corruption se comprend ainsi : 0 signifie que les entreprises de ce pays ont toujours recours à la corruption à l'étranger, 10 qu'elles n'en usent jamais.

 
Les pays où les entreprises ont le plus souvent recours à la corruption
Rang Pays Indice de corruption
Source : Transparency International
1 Russie 6,1
2 Chine 6,5
3 Mexique 7
4 Indonésie 7,1
5 Argentine 7,3
6 Emirats arabes unis 7,3
7 Arabie Saoudite 7,4
8 Taïwan 7,5
9 Inde 7,5
10 Turquie 7,5
11 Hong Kong 7,6
12 Italie 7,6
13 Malaisie 7,6
14 Afrique du Sud 7,6
15 Brésil 7,7
16 Corée du Sud 7,9
17 France 8
18 Espagne 8
19 Etats-Unis 8,1
20 Singapour 8,3
21 Royaume-Uni 8,3
22 Australie 8,5
23 Canada 8,5
24 Allemagne 8,6
25 Japon 8,6
26 Belgique 8,7
27 Pays-Bas 8,8
28 Suisse 8,8

Avec une note de 6,1, la Russie arrive en tête du classement. Concrètement, les entreprises russe sont perçues comme les plus susceptibles de verser des pots-de-vin dans les pays où elles essayent de conquérir des marchés. Une autre étude réalisée en 2010 par l'Association des avocats pour les droits de l'homme avait pour sa part estimé que la corruption en Russie représentait l'équivalent de la moitié du PIB. Deuxième du classement, la Chine récolte une note de 6,5. Le gouvernement chinois tente cependant de limiter le phénomène et a fait passer le 1er mai 2011 une loi punissant de 10 ans d'emprisonnement des responsables de sociétés se livrant à des actes de corruption, y compris à l'étranger. A l'autre bout du classement, les Pays-Bas et la Suisse sont perçus comme les moins corrupteurs.

Corrompu ou corrupteur, qui est responsable ? Pas de réponse évidente : le versement de pots de vin semble parfois indispensable pour remporter des appels d'offres. Mais Transparency International souligne la propension néfaste des entreprises à faire pression sur les gouvernements., les Russes, les Chinois et les Mexicains seraient donc les champions.

Un autre classement de Transparency International révèle, sans grande surprise, que le secteur des travaux publics et du bâtiment est le plus touché par la corruption. "Le contournement des règles dans ce métier et l'exécution bâclée des travaux peuvent pourtant avoir des effets désastreux sur la sécurité publique", déplore Transparency International. L'industrie gazière et pétrolière est également perçue comme particulièrement propice au versement de pots-de-vin, notamment au Nigéria.

 
Les secteurs d'activité où les entreprises ont le plus souvent recours à la corruption
Rang Pays Indice de corruption
Source : Transparency International
1 Travaux Publics et bâtiment 5,3
2 Immobilier, services aux entreprises et services juridiques 6,1
3 Services d'utilité publique 6,1
4 Pétrole et gaz 6,2
5 Exploitation minière 6,3
6 Pharmacie et santé 6,4
7 Production et distribution d'électricité 6,4
8 Industrie lourde 6,5
9 Défense et armement 6,6
10 Pêche 6,6
11 Télécommunications 6,7
12 Transport et stockage 6,7
13 Services aux consommateurs 6,8
14 Banque et finance 6,9
15 Industrie forestière 6,9
16 Industrie aérospatiale civile 7
17 Technologies de l'information 7
18 Agriculture 7,1
19 Industrie légère 7,1

Dans cette étude sur les secteurs d'activité, Transparency International a pour la première fois mesuré la corruption entre entreprises privées. L'ONG souligne que les sociétés ont une tendance presque comparable à verser des pots de vin à d'autres entreprises qu'à des fonctionnaires. Il s'agit par exemple de responsables de grandes entreprises faisant pression sur des sous-traitants ou des "gestes" pour "renforcer" des relations commerciales et évincer des concurrents. Une pratique qui toucherait plus particulièrement l'industrie légère, la finance et l'agriculture.