Crise de l'euro : les scénarios de sortie possibles L'Allemagne fait sécession

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L'Allemagne fait sécession. © JDN

1. Face à une dette "hors de contrôle", de l'aveu même du nouveau Bureau du budget de l'Etat grec, et à des efforts de réduction de déficit jugés insuffisants, Européens et FMI décident de ne pas procéder au dernier volet du plan d'aide à la Grèce, qui se voit privée d'un prêt de 109 milliards d'euros. Incapable de faire face à ses frais de fonctionnement et au remboursement de sa dette, dans l'incapacité vus les coûts d'emprunter sur les marchés, la Grèce fait défaut sur tout ou partie de sa dette.

2. Face au "lâchage" de la Grèce par ses partenaires européens, un vent de panique s'empare des marchés qui ont eu confirmation que les pays membres étaient incapables de s'entendre pour un sauvetage durable de la zone euro. Ce n'est plus seulement la dette de la Grèce qui est rejetée par les acteurs financiers, mais aussi celles des pays dits faibles, en particulier le Portugal et l'Espagne, mais aussi celles de la France et de l'Italie. Or, une telle "attaque violente simultanée" conduit les Etats membres à "se tourner vers l'Allemagne pour lui réclamer 2 000 milliards d'euros", estime l'économiste Christian Saint-Etienne. Une somme que l'Allemagne ne veut, ou ne peut, débourser.

3. Angela Merkel, poussée par son opinion et par le patronat allemand, prend acte la fin de la zone euro telle qu'on la connait. "Les problèmes de la zone euro n'ont pas commencé avec la Grèce. Ils viennent de la différence de performance des pays, avec d'un côté la France, l'Italie et l'Espagne qui ont une balance commerciale déficitaire et de l'autre l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche qui ont une balance excédentaire", rappelle Christian Saint-Etienne.

4. Face à ces différences, la création de deux zones euro est décidée. L'une sera l'euroMark, avec une monnaie forte, une balance commerciale excédentaire et une croissance tirée par la production. Elle sera menée par l'Allemagne et inclura l'Autriche, les Pays-Bas, la Finlande voire le Danemark. L'autre, l'euroSud, sera menée par la France et inclura notamment l'Espagne, l'Italie, la Grèce et le Portugal.

5. L'euroMark se retrouve en position de force. "Si les pays forts forment leur propre union, ils bénéficieront d'une image très positive dans le monde. Leur euro s'imposerait dans la rivalité face au dollar et ils importeraient à bas prix", explique Michel Dévoluy, qui prédit cependant "une situation géopolitique bousculée après des années de stabilité". Les pays de l'euroSud, de leur côté, profitent d'une dévaluation compétitive pour relancer leur économie.

6. Pour la suite, tout dépend de la formation des deux zones euro, selon Christian Saint-Etienne : "Si elle s'effectue dans la coopération, cela peut régler le fond du problème. L'Allemagne s'engagerait à limiter la réévaluation de sa monnaie et à financer le Fonds européen de stabilité financière. On aurait là un accord gagnant-gagnant." Pour Jean-Jacques Rosa, en revanche,"l'euroSud serait encore constitué de pays aux caractéristiques très différentes –comme l'actuelle zone euro– et de ce fait finirait par exploser."