Crise de l'euro : les scénarios de sortie possibles La dette grecque est monétisée

la dette grecque est monétisée.
La dette grecque est monétisée. © JDN

1. Malgré ses efforts, constatés par la troïka formée par la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE), la Grèce ne peut pas rembourser sa dette seule : les mesures d'économies réduisent son activité et donc sa capacité à rembourser une dette qui gonfle au fur et à mesure des plans d'aide. En effet, ces derniers consistent à octroyer des lignes de crédit et non à régler le fond du problème. La dette grecque s'apparente au tonneau des Danaïdes.

2. Face au mécontentement des populations privées d'une perspective d'amélioration de leur niveau de vie et surtout face au risque de défaut et à une situation déstabilisatrice pour les marchés qui n'a que trop duré, l'Allemagne est convaincue par ses partenaires de la nécessité de monétiser la dette publique grecque. En clair, la BCE finance désormais la Grèce en lui achetant directement de la dette et en créant pour cela de la monnaie. La bonne vieille recette de la planche à billets.

3. Problème : le traité de Lisbonne, via son article 123, interdit aux Etats d'emprunter auprès de la Banque centrale européenne, stipulant que le financement doit s'effectuer auprès des agents privés. Une disposition existante depuis le traité de Maastricht (article 104) que les pays membres se résolvent à modifier, au moins de manière temporaire, le temps d'éponger la dette grecque. "On peut aussi aller vers l'émission d'eurobonds du trésor européen destinés au trésor grec qui seraient ensuite, si nécessaire, monétisée", explique Michel Dévoluy.

4. Bien sûr, toute la dette grecque n'est pas monétisée. Il est décidé de faire défaut sur une partie d'entre elle pour limiter l'émission de capitaux déjà massive de la part de la Banque centrale européenne et pour mettre à contribution une partie du privé comme le réclame les opinions publiques et les Etats forts.

5. Les conséquences d'une monétisation de la dette dépendent de l'ampleur de cette dernière. Limitée à la dette grecque, elle se traduira par "une inflation modérée, la Grèce ne pesant que 3% de la zone euro. Elle durera le temps que la reprise apparaisse, une reprise que l'inflation pourrait favoriser. Les Européens, et notamment les plus nantis, perdront une infime partie de leur capital", estime Michel Dévoluy. Un scénario auquel Christian Saint-Etienne ne croit pas. Outre le fait qu'il exclut un aval de l'Allemagne pour une monétisation de la dette, cette dernière, si elle devait avoir lieu, "entraînerait une hyperinflation, puisque monétiser la dette grecque conduit inévitablement à monétiser l'ensemble de la dette des pays du Sud, voire celle de la France".