Il voulait être militaire, il a été tour à tour bucheron, employé de banque, commerçant et restaurateur. A 56 ans, il est aujourd'hui à la tête d'un château prisé dans le bordelais. Un projet mené à l'économie et sans aucun diplôme.
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Photo © Jean-Luc Thunevin
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"Certains critiques étaient emballés, d'autres sceptiques"
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Son parcours
A l'école, sa bête noire était l'anglais. Il s'arrêtera au BEPC. Au Crédit
Agricole, c'était la comptabilité qu'il l'empêche de décrocher le CAP, indispensable
pour progresser. "Or, je voulais être chef, se souvient Jean-Luc Thunevin. J'ai
donc quitté la banque au bout de 13 ans." De passage à Saint-Emilion, il croise
un ami du temps où il était commercial la semaine et DJ le week-end. Cet épicier
dont les affaires tournaient bien le pousse à s'installer dans la cité viticole.
Avec 150.000 francs, il achète un bâtiment et y installe un dépôt-vente. "J'y
vendais de tout : meubles, cartes postales, macarons, bijoux fluo et, bien sûr,
du vin." Devenu négociant, il décide de créer le premier bar à vin de la ville,
puis met sur pieds un restaurant, puis un autre. En 1990, il choisit de faire
son propre vin. "Un miracle, selon lui. J'utilisais des méthodes archaïques pour
limiter les coûts. Les critiques parlaient de vin de garage, certains étaient
emballés, d'autres sceptiques." Le buzz fait le reste, son vin se vend rapidement
plus cher que les crus prestigieux du Bordelais. Aujourd'hui, sans héritage
familial et sans bagage scolaire, il est un nom dans le monde du vin.
Ses galères
"Entre 1984 et 1996, j'ai risqué de faire faillite deux fois." Sans la sécurité financière des Arnault, Pinault et autres Rothschild qui prospèrent dans le Bordelais, Jean-Luc Thunevin, qui reconnait avoir été parfois négligeant, jouissait d'une situation économique précaire. "Quand tu es pauvre, ton énergie se perd à rembourser les agios."
Ses conseils
Complètement étranger au monde du vin, Jean-Luc Thunevin n'a aucune notion
sur la manière dont on gère un domaine au moment de se lancer. "Je demandais
à ceux qui savaient, je posais les bonnes questions." Cet autodidacte se félicite
de "ne jamais avoir appris". Contrairement aux concurrents, "j'ai complètement
négligé les coûts de revient. Là où la norme est de produire 6.000 bouteilles
par hectare, je n'en produisais que 3.000. Mais je savais que je les vendrai plus
cher."