Une chute de la Chine peut-elle entraîner l'Europe ? Un risque d'explosion sociale de grande échelle

la région de guandong, une des plus industrialisées de chine. en bleu, les toits
La région de Guandong, une des plus industrialisées de Chine. En bleu, les toits des usines. © DigitalGlobe, GeoEye, Données @ 2008 cartographiques, MapabcMBC, Europa Technologies

Les fermetures en séries d'usines font craindre au régime chinois l'arrivée d'un chômage de masse, qui contribuerait à rendre encore plus explosive une situation sociale déjà extrêmement tendue. Les économistes s'accordent généralement pour dire qu'une croissance de 7% est un minimum pour que le pays puisse absorber une main d'œuvre toujours grandissante en raison des flux migratoires et de la démographie. Mais de premières manifestations violentes ont déjà émaillé les dernières semaines, en particulier dans les régions industrielles touchées par la crise.

Le retour des migrants dans leurs campagnes d'origine, où rien ou presque n'a changé, risque de surcroît d'exacerber le ressentiment à l'égard des autorités locales, généralement gangrenées par la corruption. La ville de Wudu, dans la région de Longnan, sinistrée par le tremblement de terre du Sichuan, a ainsi connu deux jours d'émeutes. Des milliers de personnes ont pillé les bâtiments publics et incendié des véhicules de police.

Le climat social est également mis à mal par le comportement de chefs d'entreprises chinois. Nombre d'entre eux -la quasi-totalité disent certains - ne respectent pas les dernières lois votées en faveur des travailleurs. La loi sur le travail de janvier 2008 impose ainsi à l'employeur de fournir un contrat de travail à tout employé, ce qui assure un niveau de protection jamais vu dans l'empire du Milieu. Les recours devant les tribunaux, qui déboutent généralement les salariés, se multiplient.

Autre comportement qui contribue à mettre le feu au poudre : l'abandon pur et simple par le patron de l'usine et de ses salariés, qui du jour au lendemain se retrouvent sans travail ni salaire. C'est notamment ce qu'a fait le patron de Jianglong Group, la plus grande entreprise de teinture du pays (4 usines, 4 000 employés), qui a pris soin de brûler ses livres de compte et de revendre son abonnement de golf avant de disparaître.