"DSK au FMI" : les meilleurs extraits Les secrets de sa candidature

jean-claude juncker l'aurait  convaincu de se présenter à la direction du fmi.
Jean-Claude Juncker l'aurait  convaincu de se présenter à la direction du FMI. © IMF Photograph/Stephen Jaffe

Le 29 juin 2007, alors qu'il patiente devant la mairie du XIe arrondissement où sa fille va se marier, DSK passe un coup de téléphone qui va changer son destin.


« DSK, vêtu de l'un de ses habituels costumes sombres, extrait son BlackBerry de sa poche d'un geste nonchalant. Et, par l'un de ces hasards qui lient le fortuit et l'inévitable, il choisit ce moment d'oisiveté pour appeler son ami Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois qui a subi une opération sérieuse à l'intestin. Après avoir été rassuré par son interlocuteur sur son état de santé, DSK oriente la conversation sur la succession du directeur général du FMI, Rodrigo de Rato. L'Espagnol avait créé la surprise, la veille, en annonçant son départ pour des raisons personnelles. Il écourtait son mandat de deux ans. L'échange prend un tour inattendu. Il bouleversera le destin politique de DSK.

" De Rato a démissionné, comment vois-tu les choses ? interroge Dominique Strauss-Kahn.

– C'est un poste pour toi ! Est-ce que ça t'intéresse ?

– Peut-être, il faut voir, mais j'aurais besoin de ton appui comme patron de l'Eurogroupe et de celui des autres chefs d'État.

– Je m'occupe des Belges, des Néerlandais, des Allemands, occupe-toi des Latins, de Romano Prodi, mais je ne peux rien faire sans le ?go? de Nicolas Sarkozy. "

"C'est un poste pour toi ! Est-ce que ça t'intéresse ?"

Un taxi arrive. David et sa compagne en descendent. Les portières claquent. Strauss-Kahn raccroche. Il prend Anne Sinclair par le bras, les sourcils relevés et le regard brillant :

" Que dirais-tu d'aller faire un tour à Washington ?

– Tu sais bien que nous avons prévu d'aller au Maroc...

– Un tour, je veux dire quelques années... "

La famille entre dans la mairie. Jean-Claude Juncker a attisé le désir de Dominique Strauss-Kahn. L'idée lui avait peut-être déjà traversé l'esprit à la lecture de l'encadré du Monde révélant le départ de Rodrigo de Rato. Cette décision inopinée avait stupéfié le monde politique, y compris le chef de gouvernement luxembourgeois. En tant que président de l'Eurogroupe, le club des pays de la zone euro, il avait lui-même soutenu la candidature de l'Espagnol au FMI en 2004. Informé quelques jours plus tôt de sa démission, il a d'abord tenté de dissuader Rodrigo de Rato de quitter son poste. En vain. Déterminé, le directeur général attendait, pour officialiser son départ, la fin des turbulences provoquées par l'affaire Paul Wolfowitz, le président de la Banque mondiale, contraint d'abandonner sa fonction suite à une accusation de népotisme. Ce dernier la quittait effectivement le lendemain. Jean-Claude Juncker pensa alors immédiatement à Dominique Strauss-Kahn. »