La crise sanitaire du Covid-19 permet enfin l'essor de la téléconsultation médicale

La crise du Covid-19 a eu le mérite d'accélérer la transformation numérique de notre système de santé et de permettre à tous les publics de s'approprier ces outils, notamment ceux de la téléconsultation.

A quelque chose malheur est bon : la crise sanitaire du Covid-19 a changé la donne sur la prise en compte des outils numériques au service de la santé et a permis de mettre notamment en évidence la pratique de la télémédecine auprès d’un public plus large et non initié. Si la téléconsultation a fait en France un grand bond en avant, c’est grâce à un assouplissement du cadre réglementaire et une prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie. Mais pas seulement.

Un nouveau regard sur la téléconsultation

5,5 millions de téléconsultations ont été remboursées entre mars et avril 2020 par l’Assurance Maladie, avec au plus fort de la crise en avril, un pic de 1 million de téléconsultations en une semaine. À leur niveau le plus haut entre le début et la fin avril, les téléconsultations ont ainsi représenté jusqu’à 27% en moyenne de l’ensemble des consultations (physiques et à distance). 

Par ailleurs, environ 20% des patients ayant eu recours à une téléconsultation déclarent qu’à défaut, ils se seraient rendus aux urgences. Cette réduction du nombre d’arrivées aux urgences est un point extrêmement positif compte tenu de la surcharge des services hospitaliers au plus fort de l’épidémie.

Les Français enfin conquis par la téléconsultation… même les seniors

La question du pragmatisme s’est posée et a été adoptée : les professionnels de santé comme les patients souhaitent généraliser la télémédecine post Covid-19. Au printemps dernier, un grand nombre de praticiens ont recouru aux dispositifs de vidéocommunication pour pouvoir poursuivre leur activité, que ce soit sur des plateformes de télémédecine et sur Zoom, Skype, WhatsApp ou encore FaceTime… Près de 225 000 médecins de l'Hexagone ont ainsi été sollicités. Côté patients, la télémédecine touche tous les âges : 13,5% jusqu’à 17 ans ; 25% ont entre 25 et 34 ans ; 21% ont entre 35 et 44 ans ; 28% ont plus de 55 ans.

Alors que plus de 20% de la population sur le territoire est âgée de 65 ans et plus - et ce vieillissement démographique n'est pas prêt de s'enrayer - la télémédecine représente également une belle évolution dans l’accès aux soins de santé pour cette catégorie de personnes qui sont les plus à risque compte tenu de la fragilité de leur système immunitaire. Elle présente plusieurs avantages : la limitation des déplacements, un accès plus rapide aux professionnels de santé, un renouvellement d’ordonnance via Internet et une prise en charge directe au sein des maisons de retraite.

Le profil des patients ayant recours à la téléconsultation a changé pendant le confinement et les patients âgés de plus de 70 ans – qui étaient beaucoup moins nombreux à recourir à la téléconsultation avant le confinement (8% des actes facturés) – se sont familiarisés avec ce dispositif (20% des actes facturés).  Et cette tendance semble s’installer depuis mai. 

La crise du Covid-19 : accélérateur de la transformation numérique de la santé 

La transformation de notre système de santé se matérialise déjà à travers plusieurs axes où le numérique a toute sa place, que ce soit pour l’autonomisation des patients, la dématérialisation des échanges, la télémédecine, l’automatisation des processus logistiques et l’appui à la décision médicale et paramédicale.

Mais il faudrait par exemple davantage accompagner les professionnels dans l'utilisation des nouvelles technologies (objets connectés, simulation en santé, téléconsultation) par la formation initiale ou continue, encore trop rare. Par exemple, la plupart des médecins n'ont pas de formation à la télémédecine en première année de leur cursus.

Cousin de la télémédecine, le télé soin – pratique à distance qui met en rapport un patient avec un ou plusieurs auxiliaires médicaux ou pharmaciens – devrait lui aussi prendre son envol dans ce contexte de crise. Des décrets encadrent déjà cette pratique à distance en France.

Et alors que la crise sanitaire du COVID-19 crée tant d’incertitudes, ayons confiance dans ces nouveaux outils numériques qui même sans contact créent du lien et sont efficaces pour enrayer l’épidémie. En attendant le vaccin ….