Les nouveaux business de la météo

Les nouveaux business de la météo De plus en plus de secteurs se découvrent "climato sensibles". Ce qui fait bien les affaires des acteurs spécialisés.

Hiver exceptionnellement doux en Europe, sécheresse record en Californie ou froid polaire à New York, le climat semble de plus en plus incertain et difficile à prévoir. Et certains s'en frottent les mains : "Plus le temps se détraque, plus nous constatons une affluence de nouveaux clients", se réjouit Margerie Cauvin, la directrice financière de Climpact, une société qui conseille notamment les marques de grande consommation sur la gestion de leurs ventes en fonction des aléas météorologiques.

"Plus le temps se détraque, plus nous constatons une affluence de nouveaux clients"

La PME française connaît "une croissance de 30% par an du chiffre d'affaires depuis plusieurs années" et investit chaque jour de nouveaux secteurs "météo-sensibles" (comme dernièrement le textile).

Parmi ses gros clients figure Axa entreprise. L'assureur fait appel à ses services pour trouver de nouvelles idées de produits à vendre aux PME et PMI. "Nous assurons par exemple contre la grêle les parcs automobiles de concessionnaires stockés à l'extérieur", raconte Christian Jacq, responsable des souscriptions lignes spécialisées chez AXA Entreprises. Cette division signe environ 500 contrats par an, dans les secteurs du tourisme (fréquentation de parcs de loisirs), de l'évènementiel (concerts), ou autres marchés de niche.

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Pour les écuries automobiles, la météo est un élément crucial à prendre en compte avant la course. © Stéphane Aubert

Décidément, le dérèglement climatique est une véritable aubaine pour certains et le marché suscite à présent l'attention de grands groupes. Aux Etats-Unis, le géant des semences Monsanto a racheté fin 2013 pour 930 millions de dollars la start-up Climate Corporation, spécialiste de la modélisation météorologique dans l'agriculture. "L'acquisition de Climate Corporation nous permet d'améliorer notre soutien aux agriculteurs dans la gestion des risques climatiques", affirme le groupe américain.

L'émergence de nouveaux acteurs et services est aussi liée à l'essor du "big data", permettant l'accumulation et le traitement de données météo de tous types. Climate Corporation analyse par exemple 3 millions d'informations par jour issues de fournisseurs ou de sites gratuits comme l'US National Weather Service.

En France, le marché de la prévision météo est estimé à 30 millions d'euros par an, dont 20 millions reviennent à Météo France. L'entreprise doit faire face à la concurrence des sites Internet qui diffusent une information gratuite et offrent un libre accès à des quantités de données météo.

"Les sites Internet gratuits cannibalisent une partie du marché professionnel"

"Cela cannibalise une partie du marché professionnel", reconnaît Dominique Lapeyre de Chavardès, directeur commercial adjoint chez Météo France. Pour contrer cette concurrence, le groupe développe une expertise par métier. "Les gestionnaires de réseaux autoroutiers nous demandent par exemple de modéliser le comportement du bitume en fonction de la température". Pour l'offshore pétrolier et éolien, il faut des spécialistes en océanographie. Le groupe peut également compter sur ses deux filiales, Predict pour le risque inondations et Meteorage pour le risque foudre, qui réalisent chacune 3 millions d'euros de chiffre d'affaires par an.

Mais ce n'est pas suffisant pour assurer la croissance du marché. "Il faut aller chercher les clients un par un", explique le directeur adjoint. Ou démontrer à des entreprises, qui jusqu'ici faisaient avec les moyens du bord, qu'une expertise leur est indispensable. "1 000 terrains de camping sont aujourd'hui abonnés à nos services", se félicite-t-il. Son dernier argument pour convaincre : "Toyota, un de nos clients, a gagné les deux premières manches du Championnat d'endurance automobile en 2014. Il a détrôné Audi qui gagnait depuis plusieurs années... et qui n'est abonné à aucun service météo lui permettant d'anticiper les conditions de la course", sourit-il.