Les nouveaux acteurs de l'éducation EdX, la riposte des universités

Les universités ne souhaitent évidemment pas laisser les rênes de l'enseignement supérieur en ligne aux seuls entrepreneurs, qu'ils soient professeurs ou non.

anant agarwal, président d'edx.
Anant Agarwal, président d'EdX. © EdX

Harvard et l'Institut de Technologie de Massachussetts (MIT) ont ainsi investi 60 millions de dollars pour créer EdX en mai 2012. A l'instar des autres MOOC, la plateforme permet de suivre les cours d'université prestigieuses via le Net gratuitement. À ce jour, plus de 900 000 personnes se sont enregistrées sur EdX.

"L'éducation est un droit fondamental et devrait être disponible à tous comme l'oxygène", s'enthousiasme son président Anant Agarwal, ancien professeur d'ingénierie électrique et d'informatique.

EdX propose des cours, plutôt portés sur l'informatique et la chimie, de 27 université dont, depuis peu, de nombreuses situées en Asie comme l'université de Hong Kong, l'université de Pékin ou encore l'université nationale de Séoul. Au terme du cours, la plupart du temps ponctué par un examen final, est délivré un certificat. Celui-ci porte le nom d'EdX et du campus d'où provient le cours en question : par exemple, MITX ou HarvardX.

"Nous avons considérablement amélioré les prestations que peuvent offrir les MOOC"

"Nous avons considérablement amélioré les prestations que peuvent offrir les MOOC, explique Anant Agarwal. Si vous m'aviez demandé, il y a un an, si on allait pouvoir réaliser ce que l'on accomplit aujourd'hui, je vous aurais répondu : vous rêvez ! Mais désormais, nous disposons de travaux pratiques, des laboratoires où l'on peut travailler sur des simulations et maquettes."

Et alors qu'on pensait impossible la correction de dissertations sur le Net, EdX invente un système informatique d'évaluation de ce type d'examen. Le système informatique d'évaluation exige la participation d'enseignants qui notent d'abord une centaine de papiers. Ensuite, il utilise des techniques d'apprentissage automatique pour s'auto-former. Puis le logiciel évalue une dissertation presque instantanément en attribuant une note en fonction du système de notation créé par l'enseignant. Une méthode toutefois contestée par certains professeurs qui prétendent avoir déjà berné ce type de système, en obtenant des notes élevées pour des papiers emplis de balivernes. "Les retours sont encourageants", nous confie cependant Anant Agarwal. Le système n'en est pas moins complété par deux autres moyens de notation : l'un par ses pairs, l'autre par soi-même. Des méthodes qui font des émules chez les autres MOOC.

Mais qu'est-ce qui distingue réellement EdX d'autres MOOC tels que Coursera ?

"Avec notre logiciel open source, même les universités qui ne sont pas partenaires d'EdX peuvent utiliser notre technologie"

"Rappelons que nous sommes une organisation à but non lucratif, répond Anant Agarwal. Avec notre logiciel open source, même les universités qui ne sont pas partenaires d'EdX peuvent utiliser notre technologie pour incorporer leurs cours sur la plateforme. Nous travaillons de près avec les campus afin d'intégrer les cours en ligne dans le cursus même de l'université."

L'université de San Jose en Californie a ainsi expérimenté avec EdX un cours dit "mélangé" qui se déroule à la fois sur le lieu même de l'université et en ligne. "On a obtenu de surprenants résultats, se réjouit Anant Agarwal. Près de 90% des étudiants du cours mélangé ont réussi alors qu'auparavant, ce même cours, enseigné de manière traditionnelle, affichait un taux de réussite de seulement 60%."

L'université de San Jose a décidé de poursuivre l'expérience avec d'autres cours en automne malgré l'opposition de certains professeurs qui voient d'un mauvais œil l'intrusion de cours sur Internet qui, craignent-ils, pourraient les remplacer à terme.