Journal du Net > Economie 
TENDANCE
 
30/08/2006

Pourquoi Météo France est forcée de se réinventer

La généralisation d'Internet et de la gratuité a privé l'entreprise publique d'une partie de ses ressources traditionnelles. Elle se tourne désormais davantage vers les services aux professionnels, au potentiel encore inexploité.

  Envoyer à un ami | Imprimer cet article  

Le kiosque téléphonique de Météo France fait de moins en moins recette. Le service, qui recevait jusqu'à 50 millions d'appels par an, est délaissé au profit des offres gratuites de l'Internet. Idem, bien sûr, pour le minitel. Dès 2001, les seuls kiosques Audiotel et Teletel ont affiché des recettes en baisse de 2 millions d'euros. Conséquence, le grand public représente aujourd'hui 50% des ressources commerciales de Météo France (44,7 millions d'euros en 2005), contre 60% il y a encore quatre ans. Et "l'évolution reste à la baisse", reconnaît Jean-François Stranart, responsable des services professionnels de Météo France. Et ce malgré l'amélioration de la rentabilité des services en ligne.

Pour respecter le contrat d'objectif 2005-2008 passé avec l'Etat, qui fixe l'accroissement des recettes commerciales à 1 million d'euros par an, l'entreprise n'a donc pas vraiment le choix. Elle doit se renforcer auprès des professionnels. Elle ne peut plus se contenter de fournir des prévisions, plus ou moins fines, à ses traditionnels clients privés du bâtiment, de l'énergie et des transports. Pour Jean-François Stranart, "il n'est pas surréaliste d'imaginer doubler nos recettes professionnelles d'ici cinq à dix ans".

30% du PIB impacté par la météorologie

L'entreprise s'est fixée deux directions. D'abord, prospecter d'autres secteurs et entreprises, avec l'obligation de les convaincre de l'impact de la météorologie sur leur activité. "Selon une étude américaine, 30% du PIB d'un pays industrialisé sont directement ou indirectement impactés par la météo", explique Jean-François Stranart. La restauration rapide sait-elle qu'elle est favorisée par les fortes chaleurs ? Et si oui, dans quelles proportions ? Le fournisseur de cannettes de Coca-Cola anticipe-t-il les baisses de commandes dues aux étés trop doux ?

  • En savoir plus
  • Recettes commerciales 2005: 44,7 millions d'euros
  • Services professionnels: 20,5 millions d'euros
  • Sur le Web : Météo France
  • Sur le Web : Rapports d'activité
Pour répondre à ces questions, Météo France a créé en septembre dernier le service Météo Performance, composé de deux volets : l'un de diagnostic, l'autre de prévision. Le premier établit un indice qui permet aux sociétés de connaître exactement l'impact de la météo sur leur activité. L'autre leur fournit, sur une période de quatre à cinq mois, les grandes tendances météorologiques. Sur ce point, "nous sommes encore en apprentissage", admet Jean-François Stranart. En onze mois, Météo Performance a conquis une quinzaine de clients, pour des contrats "de quelques dizaines de milliers d'euros par an". Un prix "ridicule", selon le météorologiste, comparé à "l'intérêt stratégique énorme" du service. Selon lui, "aujourd'hui, le prix n'est pas un frein. Le frein, c'est que les entreprises ne savent pas comment intégrer cet outil à leur démarche". Là aussi, il faudra convaincre.

Seconde direction prise par Météo France : mettre un pied dans les entreprises, notamment en développant des offres plus personnalisées. Exemple, pour les réseaux routiers : être capable de prévoir le type de neige et les conséquences sur la chaussée. Mais surtout, les météorologistes rêvent de se muer en conseils pour les entreprises. Entre autres, estiment-ils, les sociétés qui cherchent des lieux d'implantation ont besoin de leur lumière.
JDN Economie Envoyer | Imprimer Haut de page

Sondage

Réalisez-vous des achats via des apps de shopping ?

Tous les sondages