Journal du Net > Economie  Untitled Document > Garages en libre-service : les clients deviennent mécaniciens
Le self-garage O'Garage, précurseur en France du renouveau des garages en libre-service.. Photo © Credit

O'Garage a fait des petits. En lançant à Roubaix en avril 2005 le principe du self-garage, Stéphane Brusset et Joachim Vianney, deux trentenaires passionnés de mécanique, ne pensaient pas qu'ils feraient des émules. Pourtant, à Gennevilliers, Crissey (Saône-et-Loire), Argenteuil notamment, des entrepreneurs ont suivi leur exemple.

Les self-garages, ou garage en libre-service, reposent sur un principe simple : ponts auto et parfois ponts moto sont loués, ainsi que tous les outils nécessaires, à des particuliers désireux de s'occuper eux-mêmes de leur véhicule. Les tarifs oscillent entre 6 et 8 euros la demi-heure.

Un investissement de départ élevé

Les self-garages, très présents aux Etats-Unis, ont déjà eu leur heure de gloire en France. C'était dans les années 80. Mais ils ont progressivement disparu au fil de la décennie. "S'ils n'ont pas marché, c'est parce qu'ils reposaient sur de trop petites structures et n'étaient pas assez conceptualisés. Ils ne proposaient ni outils, ni accompagnement éventuel", analyse aujourd'hui Stéphane Brusset.


Michelle Astier, gérante avec son mari de Tradi Self Garage, à Savigny-le-Temple, avance une autre explication, elle dont l'établissement a abandonné le libre-service au début des années 90. "Nous nous étions transformé en un atelier de travail au noir. Tous les jours, les mêmes clients revenaient avec des voitures différentes. Nous ne voulions pas tremper là-dedans".


O'Garage a tout fait pour éviter ces écueils. Les deux fondateurs sont partis se renseigner à Saint-Étienne, observer le fonctionnement de l'APIMA, une association qui propose le même type de service depuis 1984.

"Nous avons tout fait pour apparaître comme une véritable enseigne, et non comme un garage lambda", explique Stéphane Brusset. En témoigne la signalétique bleue et jaune de son garage.

Le matériel acheté est forcément neuf. "Quand on loue à des particuliers, c'est une obligation", justifie Jessica Alix, associée à son mari Patrick depuis octobre 2006 dans Self Garage 71, un garage installé à Crissey.

Une caisse à outils nécessite 126 outils différents. Photo © DR

Conséquence, l'investissement de départ est plus élevé que pour un garage classique, d'autant que le libre-service nécessite un équipement plus fourni. Jessica Alix et son mari ont ainsi acquis deux ponts autos et un pont moto. "Pour un garage traditionnel, nous nous serions contenté d'un seul pont auto", explique-t-elle. De son côté, un module outil se compose de 126 outils différents. Au total, l'investissement nécessaire au lancement de Self Garage 71 s'est donc élevé à 70.000 euros, dont 30.000 euros pour les seuls ponts et outils.

Les débuts ont été difficiles. O'Garage a connu "un petit démarrage". Chez Self Garage 71, "nous nous sommes vite rendus compte que si nous nous contentions de la location, nous serions forcé de mettre la clef sous la porte", raconte Jessica Alix. La stricte location ne représente pour l'instant que 20 % de son chiffre d'affaires (10.000 euros par mois) "mais tend à progresser". Le reste du chiffre provient d'une activité de garagiste classique et de la vente de pièces détachées.

Les pièces détachées, O'Garage a choisi de leur consacrer un magasin entier en son sein. "A emporter, elles représentent 25 % de nos clients", détaille Stéphane Brusset. Accessoirement, "le magasin est également un moyen de communiquer sur les services de location", ajoute-t-il.

Les clients, même de bonne volonté, ne sont pas faciles à conserver. De nombreux freins existent : "des outils pas forcément commodes, des modèles de voitures trop sophistiqués, des opérations que nous ne laissons pas faire pour des raisons de sécurité et l'impossibilité de garder les mains propres", énumère Stéphane Brusset, dont la clientèle est composée en majorité d'habitués.

Pour continuer à progresser, Stéphane Brusset et Joachim Vianney ne voient qu'une solution : "continuer de conceptualiser. Cela passe notamment par la création de nouveaux outils adaptés à notre activité. Par exemple, un outil unique qui permet de démonter à tous les coups un filtre à huile, alors qu'aujourd'hui il en existe trois selon les modèles. L'idée est d"y réfléchir puis de les fabriquer nous même." L'objectif des deux associés : franchiser leur société.

 

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