SNCF Réseau économisera 100 millions d'euros d'ici 2020 en partie grâce à l'IoT

SNCF Réseau économisera 100 millions d'euros d'ici 2020 en partie grâce à l'IoT Dans le cadre de la présentation du projet de transformation digitale à 900 millions d'euros de sa maison-mère, l'entreprise a présenté un plan d'action IoT basé sur trois axes forts.

574 kilomètres heure. C'est la vitesse maximale jamais atteinte par un TGV, mais aussi le nom que la SNCF a donné à ses "maisons digitales", des espaces dédiés à l'innovation installés dans toute la France, mais aussi à San Francisco. Ce n'est pas un hasard si ce 18 mai, le président de la société Guillaume Pepy a choisi de présenter la stratégie numérique du groupe, qui s'appuiera dans les 3 ans à venir sur un budget massif de 900 millions d'euros, sur les poufs multicolores du 574 de Saint-Denis, une antenne spécialisée dans l'IoT industriel. "L'Internet des objets est LE principal levier de performance et d'efficacité pour une compagnie comme la nôtre, qui est en phase d'industrialisation de son basculement au numérique", affirme le patron.

La SNCF met les bouchées doubles dans ce domaine : 400 personnes, réparties dans 50 équipes disséminées au sein des différentes branches métiers de cette firme tentaculaire, travaillent à 100% sur des thématiques IoT. 5 projets liés aux objets connectés sont en phase d'industrialisation, 12 de pré-industrialisation et 30 expérimentations sont aujourd'hui en cours. L'Intelligence artificielle (IA) se mêle à certains de ces déploiements.

5 projets liés aux objets connectés sont en phase d'industrialisation, 12 de pré-industrialisation et 30 expérimentations sont aujourd'hui en cours

Ces programmes sont en particulier mis en œuvre au sein de SNCF Réseau, l'un des trois établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), qui constitue aujourd'hui la SNCF. "Cette branche doit réaliser 100 millions d'euros de gains de productivité d'ici 2020. L'IoT tiendra une place clef dans cette progression de la compétitivité. Tous les composants du réseau ferré ont une certaine durée de vie. Jusqu'à présent, nous les remplacions tous un peu avant la fin de cette période, pour limiter au maximum les risques de panne. Désormais, nous disposons d'informations granulaires sur l'état de chacun de nos équipements et ne les changeons que lorsque c'est nécessaire. Cela nous permet de réaliser des économies importantes, mais aussi de limiter les problèmes de sécurité pour les pièces qui s’abîment avant l'heure", souligne Claude Solard, directeur général délégué à l'innovation et à la performance industrielle de SNCF Réseau.

Pour réaliser au plus vite ces gains de productivité, la filiale de la SNCF, minée par une dette abyssale de 44,1 milliards d'euros en 2016, déroule un plan stratégique IoT structuré autour de trois axes phares : la maintenance prédictive, la capacité de signalisation et la surveillance du réseau.

Pour accélérer sur la maintenance prédictive, SNCF Réseau compte faire de onze de ses technicentres (les espaces dédiés à l'entretient des trains et du matériel ferroviaire) des usines 4.0. 120 capteurs ont par exemple été installés sur des machines du centre d'Oullins, situé en Rhône-Alpes. L'entreprise a également équipé tous les aiguillages de sa ligne LGV Sud-Est d'accéléromètres. Lorsque la vitesse de déplacement de cet équipement devient anormale, un technicien est averti et se rend sur place pour l'inspecter. "Le nombre d'incidents liés aux problèmes d'aiguillage a baissé de 30% depuis que ces capteurs ont été installés", indique Claude Solard.

"Le nombre d'incidents liés aux problèmes d'aiguillage a baissé de 30% depuis que des accéléromètres y ont été installés"

La compagnie a également créé six stations qui permettent d'inspecter les pantographes, ces dispositifs articulés installés sur le toit des trains et des tramways. Ils captent le courant électrique qui circule dans les caténaires, les fils électriques qui surplombent les voies. "Ce sont des pièces extrêmement fiables. Mais lorsqu'elles ont un défaut, elles peuvent tomber et entraîner avec elles jusqu'à 1,5 kilomètre de câbles, c'est très difficile à gérer. Ces stations filment à l'aide de caméras les pantographes et analysent les images grâce à un logiciel IA, capable de détecter des anomalies de moins d'un millimètre, invisibles pour nos techniciens. Cet outil est très efficace, nous allons installer progressivement 40 de ces stations sur l'ensemble de notre réseau", détaille le directeur général délégué à l'innovation et à la performance industrielle.

400 personnes, réparties dans 50 équipes disséminées au sein des différentes branches métiers de la SNCF travaillent à 100% sur des thématiques IoT

SNCF Réseau souhaite également améliorer sa capacité de signalisation grâce à l'IoT. Aujourd'hui, les feux installés le long des voies pour réguler le trafic sont actionnés au moment où les voitures entrent dans un "canton", un tronçon de voie d'environ 500 mètres, en fonction de la position des autres véhicules sur la carte. Ce système n'est pas très précis, les trains ne circulent donc pas trop près les uns des autres pour éviter les collisions. Mais le géant du transport travaille sur une solution de géolocalisation environ un million de fois plus précise que le GPS d'un smartphone. Les capteurs enverront directement au centre de contrôle ferroviaire la position exacte de leur train. Un logiciel combinera les data de l'ensemble du réseau et gèrera les feux de signalisation en fonction de ces données. "Nous testons en ce moment une version bêta de ce système sur nos 8000 kilomètres de voies uniques (où les trains ne peuvent pas se croiser, ndlr) en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. Nous pourrons ainsi y faire circuler un plus grand nombre de trains et donc améliorer notre service", détaille le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet.

Pour surveiller son réseau, la société a mis en service en septembre 2016 le train laboratoire Iris 320. Les experts du groupe n'ont plus besoin de faire à pieds la tournée des lignes à grande vitesse pour inspecter l'état des infrastructures. Cette locomotive bardée de capteurs et de caméras, dont les images sont traitées par une intelligence artificielle qui recherche les anomalies sur le matériel ferroviaire, parcourt tous les quinze jours l'ensemble du réseau tricolore.