David Leborgne (SNCF) "Nous voulons devenir l'agrégateur de notre écosystème de mobilités"

Alors que la Nuit du Directeur Digital se rapproche, le CDO de la SNCF présente au JDN le chantier majeur qu'il conduit pour transformer le groupe.

Le JDN propose pour la quatrième année consécutive le 19 juin prochain un événement destiné à récompenser les meilleurs chief digital officers de France. Pour en savoir plus : la Nuit du Directeur Digital.

JDN. Vous êtes chief digital officer (CDO) de la SNCF depuis avril 2017. Quel est votre principal chantier en cours ? 

Passé par Cisco et Google, David Leborgne a rejoint la SNCF cette année. © SNCF

David Leborgne. La création d'un assistant personnel de mobilité "as a service". Cet assistant a été lancé en 2015 dans le cadre de la transformation numérique de la SNCF afin de nous transformer en véritable fournisseur de services de mobilités, notamment face aux offensives d'Uber et de Google Maps. Nous sommes partis d'une idée simple qui est de répondre aux besoins et aux demandes de mobilité de nos clients. En quinze ans, nous sommes passés de Sncf.com à un véritable service multimodal dans le cadre d'un processus complètement itératif.

Notre objectif est de devenir l'agrégateur de notre écosystème en y associant les collectivités locales, les diverses autorités organisatrices, Idvroom (service de covoiturage de la SNCF, ndlr), voire Transdev, Autolib, Vélib' ou Ouibus sur certains types de mobilités. Il s'agit pour nous de séduire par la preuve. Avec 37 millions de visites par mois et neuf millions de téléchargements uniques pour notre assistant personnel, nous considérons que nous sommes sur la bonne voie. Il s'agit aussi d'améliorer l'information des voyageurs, notamment pour qu'elle soit cohérente.

Quels sont les principaux obstacles que vous ayez eu à surmonter ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans la mise en œuvre de cette stratégie ?

Ce n'est pas évident pour une entreprise ferroviaire de convaincre, de persuader, de faire comprendre qu'à la SNCF il n'y a pas que le train. Pour certains collaborateurs, le numérique  peut être un sujet d'anxiété. Nous mettons donc un focus très fort sur l'humain, les compétences comportementales, l'apprentissage intergénérationnel, etc. Ce plan s'inscrit notamment dans les 300 millions d'euros d'investissements par an dans la transformation numérique de l'entreprise.

De qui dépendez-vous et de combien de collaborateurs disposez-vous ?

Je dépends directement de Benoît Tiers, le directeur général d'e-SNCF, l'entité de 4 500 personnes qui pilote l'ensemble des technologies de l'information du groupe. Pour ma part, je dirige une équipe de 120 collaborateurs dédiés avec le recrutement cette année d'une vingtaine de collaborateurs supplémentaires, notamment dans l'intelligence artificielle (IA) et le big data.

Disposez-vous d'un budget spécifique ?

Non, nous sommes partie prenante du budget précédemment évoqué avec pour objectif de devenir une entreprise de données, du premier au dernier kilomètre. En ce moment, nous mettons plus particulièrement l'accent sur la prédictivité de la reconnaissance client en nous appuyant notamment sur la géolocalisation, l'IA et le big data, autant d'éléments que nous traitons directement.

Quelles relations entretenez-vous avec les start-up ?

Nous travaillons avec elles depuis 2010. Nous comptons aujourd'hui trois cents start-up dans notre écosystème dont une quarantaine étaient présentes à VivaTech. A titre d'exemple, 6 000 personnes sont connectées à notre API SNCF. Outre le Fab Open Inno, notre structure dédiée à l'open innovation, notre fonds SNCF Digital Ventures doté de 30 millions d'euros a investi dans une douzaine de start-up (Luckyloc, Famoco, Deepki, Intercloud, Ermeo…).

Résumé du projet :

Pourquoi ce projet est-il innovant ?

"Parce que nous sommes une industrie ferroviaire qui n'est pas née digitale. L'irruption du numérique nous oblige à répondre à l'ensemble des besoins de nos clients. Pour la SNCF, la transformation numérique est donc quelque chose de très innovant".

Pourquoi ce projet est-il stratégique ?

"Ce projet est stratégique car nous voulons être et rester un champion de la mobilité et du développement durable. Mais aussi parceque l'autosolisme, c'est-à-dire que l'usage individuel de sa voiture personnelle, devra nécessairement diminuer au profit d'une mobilité partagée avec une expérience qualitative et contextualisée."

Pourquoi ce projet est-il transformateur ?

"Ce projet est transformateur car nous devons continuer à gérer étroitement la relation avec nos clients, notamment à travers notre plateforme dédiée, afin de ne pas nous faire disrupter par de nouveaux entrants."

Pourquoi ce projet est-il accélérateur ?

"Ce projet est accélérateur car si nous gagnons en audience, nous disposons du bon produit. Ce qui devrait faire progresser nos revenus, y compris dans le contexte de la voiture autonome et grâce à nos initiatives de mobilité connectée."