2020 sonnera-t-elle la fin de la voiture individuelle ?

Dans ce contexte marqué par les mouvements sociaux, la prise de conscience environnementale généralisée et l'engouement des français pour les mobilités douces, 2020 pourrait être le début d'une nouvelle ère qui sonnerait la sortie de la dépendance automobile.

631 km d’embouteillages le 9 décembre 2019. Un nouveau record pour l’Île-de-France. Dans ce contexte de mouvements sociaux, les actions ont principalement touché les transports en commun et ont impacté en profondeur les habitudes des Français : malgré un certain engouement pour la mobilité douce – trottinettes en free-floating, achats et locations de vélos, trajets en bus et tramways… -, le nombre d’embouteillages n’a cessé de grimper, entraînant une hausse drastique des émissions polluantes.

Une prise de conscience environnementale généralisée est aujourd’hui nécessaire pour répondre aux nouveaux enjeux de mobilité. Le gouvernement commence d’ailleurs à prendre cette problématique à bras le corps avec l’adoption de la loi mobilités le 24 décembre. En effet, de nouvelles lignes de conduites ont été définies avec notamment la sortie de la dépendance automobile et l’accélération de la croissance des nouvelles mobilités. Une nouvelle ère se dessine : celle du Mobility As a Service.

Le MaaS offre une nouvelle approche de la mobilité

Les offres de transport se sont multipliées ces dernières années et ne se limitent plus à la micro-mobilité urbaine. En effet, certains de ces nouveaux modes de transport, comme le covoiturage et le bus longue distance, s’adressent aussi aux zones rurales. Ce foisonnement a été permis par de nombreuses évolutions technologiques, commerciales et réglementaires, avec entre autres :

  • Les smartphones permettant la réservation instantanée ;
  • L’IoT et les outils de gestion de flotte ;
  • L’amélioration des rapports capacité/poids et capacité/coût des batteries ;
  • Les offres d’assurance par trajet facilitant l’autopartage ;
  • Les restrictions à la circulation automobile dans les métropoles.

Si la plupart des habitants des grandes métropoles bénéficient désormais de nombreux transports collectifs ou partagés, beaucoup d’usagers potentiels préfèrent encore se déplacer en voiture individuelle qui leur offre une flexibilité et un confort inégalés. L’enjeu est donc de créer un service unifié de mobilité afin d’améliorer l’ergonomie des transports collectifs. Pour cela, le Mobility As A Service, également appelé MaaS offre un service digital de transport porte-à-porte à la demande grâce à une application unique proposant les fonctionnalités suivantes :

  • L’agrégation des offres des différents modes de transport
  • La création d’offres tarifaires consolidées et un service de billettique 
  • Le calcul d’itinéraires multimodaux porte-à-porte
  • Un assistant de voyage 

Le Maas a un fort impact sur les modes de transport utilisés, en plus d’améliorer le confort

Cependant, le MaaS doit également influer sur les modes de transport utilisés, en incitant les citadins à renoncer à la voiture individuelle. Il est donc indispensable que les applications MaaS intègrent tous les modes de transport, y compris la voiture en tant que service (covoiturage, autopartage). Or, la voiture en tant que service apparaît souvent onéreuse par rapport à la voiture individuelle (d’une part à cause des coûts de transaction ; d’autre part car l’automobiliste-propriétaire ne perçoit que les coûts variables), ce qui peut constituer un obstacle.

Pour que le MaaS favorise l’évolution en cours vers des modes de transports plus propres, il est donc nécessaire de subventionner leur utilisation, de soutenir l’innovation et l’agrément d’opérateurs de transport ou encore de réduire les barrières à l’entrée et les coûts de transaction. Cette dernière forme d’action est cruciale pour le Maas, elle consiste notamment à :

  • Imposer aux opérateurs subventionnés ou agréés, de proposer leurs données temps réel en open data;
  • Donner accès au système billettique depuis les applications MaaS.

Citons le projet Comute à Toulouse qui s’appuie sur une plate-forme digitale pour supporter une gouvernance collaborative public-privée en évaluant les expérimentations visant à fluidifier la mobilité de la zone aéronautique. Les apps MaaS doivent aussi permettre de moduler le subventionnement selon le comportement en intégrant une fonction de billettique ou de preuve. Il est même possible d’aller plus loin, avec la mise en place d’un forfait de mobilité complet comme le propose l’application Whim à Helsinki.

Comment faire du MaaS notre réalité ?

Les technologies réduisant les coûts de transaction et améliorant la sécurité et la transparence des échanges sont cruciales pour concrétiser le MaaS. Ainsi, les API sont nécessaires pour agréger les plans de transport des différents opérateurs, comme le font par exemple l’assistant SNCF ou Citymapper. L’IoT est nécessaire pour développer la location 24h/24 et 7j/7, afin de permettre une flexibilité suffisante pour concurrencer la voiture particulière. Enfin, la blockchain peut servir à tracer les usages multi-transporteurs et à outiller un mécanisme de bonus / malus pour moduler les subventions accordées et récompenser les comportements écologiques.

Enfin, il faudrait peut-être intégrer au MaaS les acteurs de la "non-mobilité". En effet, la meilleure solution pour éviter l’heure de pointe ne serait-elle pas de télétravailler jusqu’à 10 heures ? En cas de trafic perturbé, ne pourrait-on pas compter sur une application qui nous orienterait vers un espace de coworking afin de nous connecter à temps à une visioconférence ? Et si WeWork, Skype et Oculus faisaient partie des solutions pour désengorger les transports publics des métropoles ?