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Plus d'une centaine de motos-taxis sillonnent Paris. Photo
© Bordeaux Moto Transport
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Attraper un avion en moins d'une demi-heure depuis le centre de Paris ou enchaîner
plusieurs réunions dans la journée avec un timing serré, rien de tout cela n'était
possible il y encore trois ans. C'était avant l'apparition des motos- taxis, ces
deux-roues qui slaloment dans les bouchons et qui garantissent à leurs clients
des temps de trajet au cordeau.
Depuis que les entreprises ont adopté ce mode de transport original, on assiste
à une véritable frénésie créatrice sur ce marché balbutiant. "On n'est pas
loin d'une société créée par semaine", affirme un des pionniers du secteur,
Eddy Lacour, à la tête d'une flotte de neuf luxueuses Goldwing Honda. "C'est un
métier où il y a beaucoup d'indépendants avec une ou deux motos, mais tous ont
de vrais problèmes de fidélisation" précise Xavier Fonte, le patron de Skoot,
une des plus florissantes entreprises parisiennes de moto-taxi. En effet, difficile
de satisfaire plusieurs clients s'ils sollicitent le même service au même moment.
"Un ou deux refus de prise en charge et le client va voir ailleurs, prévient-il.
Comme Cyril Masson, le fondateur du leader des motos-taxis, City Bird,
il a donc fait le choix d'une flotte conséquente de 14 à 19 engins pour répondre
à tous ses clients.
"C'est encore un eldorado pour tous ceux qui se lancent, confirme Cyril Masson,
mais pour ne pas faire du racolage, ce que la loi interdit pour les motos, ils
doivent se structurer." C'est ce qu'a fait Eddy Lacour en créant un GIE (Groupement
d'intérêt économique) auquel ont déjà adhéré 23 sociétés dont 15 auraient plus
de deux motos dans leur flotte. "Aujourd'hui une centaine de Goldwing Honda sillonnent
la capitale," affirme Eddy Lacour qui a réalisé 500.000 euros de chiffre d'affaires
en 2007, deux fois plus que lors de l'exercice précédent. "Les chauffeurs s'échangent
les clients." Deux familles de motos-taxis sont donc en train de se constituer
à Paris, à l'instar de ceux à quatre roues. Celles des artisans
et des sociétés.
Beaucoup tentent leur chance aussi en
province
Le concept commence à faire des petits. Si une société niçoise à pu connaître
des démêlés judiciaires avec le syndicat local de taxi en 2002, des tentatives
ont fleuri dans les grandes villes comme Lyon, Grenoble et Marseille, mais aussi
Bordeaux. C'est là que Franck Norget, un ancien pilote de ligne a crée Bordeaux
Moto Transports, début 2006. "J'ai commencé avec une moto en m'inspirant de ce
qui se faisait à Paris. Aujourd'hui j'ai deux salariés et je viens d'acheter une
troisième motos." Le succès n'est pas fulgurant. Son activité taxi se concentre
surtout en période estivale "quand les stars du show-biz qui connaissent déjà
ce service à Paris veulent aller sur le bassin d'Arcachon." Du coup il a dû
diversifier ses services en devenant coursier pour les entreprises. "Une activité
bien plus régulière," explique-t-il. En 2007, il a réalisé 95.000 euros de chiffre
d'affaires dont seulement 40% en tant que taxi.