Free obtient la 4e licence 3G. Et maintenant ?

Le processus aura été long depuis 2007, mais il a enfin abouti. Le 4e opérateur téléphonique a laissé entrevoir une partie de son offre, et s'est engagé à couvrir 90% de la population.

La décision
Le 17 décembre 2009, l'Arcep (autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a retenu la candidature de la société Free Mobile pour l'exploitation d'un système de téléphonie mobile de 3ème génération (3G). Free sera donc le 4e opérateur de téléphonie mobile en France.

Que va-t-il se passer maintenant ?
L'autorisation d'utilisation des fréquences sera délivrée à Free Mobile en janvier 2010. Toutefois, le développement d'un réseau de téléphonie prendra du temps. Le 4e opérateur s'est engagé à ouvrir commercialement son réseau mobile au plus tard deux ans après la délivrance de l'autorisation, soit d'ici janvier 2012. Il s'est engagé d'autre part à couvrir au moins 90% de la population pour les services voix d'ici 2018.

En quoi consistera l'offre de Free Mobile ?
Pour le moment, l'entreprise est restée très discrète sur ses futures offres. Voici ce qu'on apprend par l'intermédiaire du dossier de presse de l'Arcep. Tout d'abord, elle donnera accès sans discrimination à tous les services disponibles sur le Web (service de messagerie instantanée, de téléphonie sur IP...). C'est un engagement fort étant donné que les 3 opérateurs actuels ont plutôt tendance à désactiver le WiFi et la téléphonie sur IP, de peur de voir leurs revenus chuter.

Avec ou sans engagement ?
Pour le moment, Free Mobile semble avoir choisi l'option sans engagement. Cela signifie qu'on pourra souscrire aux offres d'abonnements sans engagement de durée. Dans le cas où l'utilisateur souhaiterait changer de téléphone, Free proposerait d'étaler l'achat du terminal sur plusieurs mois.

Des forfaits à quels prix ?
On aurait pu croire à une offre et un prix unique, comme Free le pratique sur Internet. Mais ce ne sera pas le cas a priori. Free Mobile devrait pratiquer une offre graduelle à l'instar des autres opérateurs. Le nouvel opérateur s'est engagé à commercialiser une offre 3h vers les fixes et mobiles en métropole à moins de 20 euros par mois. Un montant qui n'a pas d'équivalent chez les 3 principaux opérateurs, mais qui existe déjà chez le MVNO Zéro Forfait.

Dans toutes ses offres, Free Mobile a indiqué qu'il souhaitait permettre l'accès à Internet pour les consommateurs. Peut être un bon moyen pour promouvoir la 3G et les usages de l'Internet mobile que de l'intégrer même dans les petits forfaits.

Où Free peut-il bousculer les prix ?
A peu près partout. Déjà sur le terrain occupé aujourd'hui par les MVNO, c'est à dire les mini-forfaits, les forfaits essentiels, et les forfaits tous compris. Mais aussi sur les prix des SMS et MMS. On peut s'attendre à des offres plus avantageuses pour les clients ayant choisi Free pour la téléphonie et Internet. Mais les clients actuels étant souvent contractuellement liés à un opérateur téléphonique, il sera compliqué et long de conquérir des parts de marché, d'autant que la concurrence ne fera rien pour lui faciliter la tâche.

Free Mobile va-t-il accueillir des MVNO sur son réseau ?
Oui, dès que sa couverture réseau aura atteint au moins 25% de la population, il devra publier une offre d'accès à son réseau. Si les demandes sont jugées recevables, il pourra accueillir jusqu'à 4 MVNO complets sur son réseau.

Où et comment seront implantées les antennes réseaux ?
Le développement sera progressif et pourra prendre comme base les sites des opérateurs concurrents afin d'éviter la multiplication d'antennes. Cette solution devra être privilégiée indique l'Arcep. Dans les autres cas, Free s'engage à respecter les normes et chartes en matière d'exposition du public aux champs électromagnétiques. L'entreprise devra effectuer des mesures d'exposition aux rayonnements avant et après avoir déployé des antennes sur des nouveaux sites. Par ailleurs, les antennes devront s'intégrer en respectant au maximum l'environnement alentour.

Et quelles conséquences pour l'emploi ?
Ce point fait l'objet de chiffres contradictoires. Les concurrents jugent que l'arrivée de Free sera destructrice en termes d'emploi et que la stratégie commerciale basée sur des prix bas va les contraindre à une externalisation progressive de leurs centres d'appels... De son coté, Free Mobile s'est engagé à ouvrir en France avant fin 2012 un centre de relation abonnés d'au moins 500 salariés. L'opérateur estime que cette licence 3G pourrait lui permettre de créer près de 8 000 emplois d'ici fin 2018.

Free Mobile réfléchit pour l'heure à l'opportunité d'ouvrir son réseau de boutiques, comme le font SFR, Orange et Bouygues. Les consommateurs de téléphonie mobile sont plus enclins à acheter en boutiques que sur Internet.

Historique et coût du projet
Les deux premières licences 3G ont été vendues par le gouvernement en 2001 à SFR et Orange. Bouygues Telecom rejoint ce groupe en 2002. Le prix des licences 3G est alors fixé à 619 millions d'euros, mais le paiement est étalé dans le temps. Un appel d'offre infructueux en 2007 visait déjà à trouver un 4e opérateur, mais il n'a pas trouvé de prétendant. Le prix était jugé trop élevé à l'époque par Free. Aujourd'hui, l'entreprise a acquis cette licence pour un montant de 240 millions d'euros, mais elle comporte 3 fois moins de spectre dans la bande de 2,1 Ghz que ses concurrents.

Beaucoup de prétendants se seront cassés les dents sur cet appel d'offres, notamment Numéricable, Bolloré Télécom et Virgin qui y ont renoncé en octobre 2009.

Et pour la 4G ?
L'Arcep a indiqué qu'elle lancerait au second semestre 2010 les procédures d'attribution des bandes 800 Mhz et 2,6 Ghz pour le déploiement des réseaux mobiles à très haut débit. Free pourra y participer au même titre que les 3 opérateurs nationaux existants.