INTERVIEW 
 
Ajaz Ahmed
Président
AKQA
Ajaz Ahmed
"Pour la première fois, les consommateurs sont en avance sur les marketers"
Où va la publicité digitale ? Comment organiser la création quand on est une agence interactive prestigieuse mais singulière ? Le président du britannique AKQA détaille pour le JDN ce qui fait l'"AKQA Touch".
(31/01/2007)
 
JDN. Quel est le positionnement de AKQA au Royaume-Uni ? Adoptez-vous la même stratégie dans tous les pays où vous êtes présents ?
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Ajaz Ahmed. Le bureau londonien de AKQA est l'endroit où tout a commencé, et il est encore largement considéré comme le vaisseau amiral au sein du réseau. C'est aussi notre bureau le plus important : près de 250 collaborateurs travaillent ici. Bien sûr, toutes les filiales partagent les mêmes valeurs d'entreprise que sont l'innovation, le service, la qualité et l'idée. Et réussir à assurer ces prestations de manière constante et partout où nous sommes implantés est notre objectif principal. De cette course à la création naît même une certaine concurrence entre tous nos bureaux, et cette compétition est source d'inspiration. Nous possédons aujourd'hui sept bureaux dans le monde, dont trois aux Etats-Unis, deux en Asie et deux en Europe.

Avec quelles agences entrez-vous le plus souvent en compétition ?
Nous avons la chance que beaucoup de nos clients nous choisissent sans lancer aucun appel d'offres, sur la seule base de notre travail, nos réalisations antérieures et la qualité de notre équipe.

Quelle est votre marge brute ?
Notre marge brute au niveau mondial s'élève à environ 85 millions de dollars.

Vous avez remporté de nombreux prix et connu une croissance très rapide. Quels sont les forces et les avantages compétitifs de l'agence qui lui ont permis d'en arriver là ?
AKQA se définit par les gens qu'elle emploie et par ses valeurs, c'est pourquoi nous investissons toute notre énergie dans le recrutement et la fidélisation des talents. Les 500 personnes qui travaillent chez AKQA partagent les valeurs de l'agence et c'est leur engagement vis-à-vis de ces valeurs qui font réussir nos clients. Nous sommes obsédés par l'idée d'innover et de concevoir des campagnes aussi efficaces que possible. Nous voulons amener nos clients vers des territoires vierges, avant même qu'ils n'aient décidé d'y aller.

Pensez-vous que AKQA aurait connu le même succès, si la société n'était pas restée indépendante ?
Les grands groupes de pub cherchent avant tout à faire de l'argent."
Je pense que l'indépendance est plus un état d'esprit qu'autre chose. Notre équipe est d'une nature très indépendante. Je pense qu'il est possible de faire du très bon travail si vous gardez cet état d'esprit et si vous vous concentrez sur ce que vous avez à faire. L'important est de toujours mettre l'accent sur la qualité des créations et le service que vous apportez aux clients, et de ne jamais transiger là-dessus. Malheureusement, la plupart des grands groupes de publicité paraissent plus enclins à chercher à faire de l'argent qu'à tenter de ne pas se compromettre. C'est pourquoi les clients transfèrent de plus en plus leurs budgets aux agences qui, ils peuvent le vérifier par eux-mêmes, se soucient de la créa et des résultats.

Vous avez ouvert une agence virtuelle dans Second Life en 2006, dans le but de repérer des talents, de tenir des séminaires virtuels et de collaborer avec des membres sur des projets créatifs. Quel bilan faites-vous de cette expérience ?
Jusqu'à présent, c'est amusant. Nos employés qui se sont connectés ont eu plusieurs fois l'occasion de rencontrer des personnes intéressées par un poste chez AKQA. C'est une opportunité pour elles de poser des questions. De ce point de vue là, cela se passe très bien.

Vous avez également ouvert un bureau, bien réel, à Shangai. Quelle est la place des agences d'origine étrangère sur le marché chinois ? Quelle est la particularité de ce marché ?
Nous pensons que notre bureau en Chine pourrait bien devenir notre plus gros bureau. Je suis allé en Chine plusieurs fois l'année dernière et plus j'y vais, plus le pays me plaît. C'est incroyable que les médias occidentaux ne s'intéressent pas plus à ce qui se passe en Asie, en termes de progrès et d'innovation. Et je pense, là encore, que ceci est dû à la barrière de la langue.

En février 2006, vous avez créé AKQA Mobile. Dans quelle mesure considérez-vous qu'il est possible de mener des campagnes de branding sur les réseaux mobiles ? Croyez-vous que le contenu généré par les utilisateurs va débarquer sur le mobile cette année ?
L'iPhone va tout changer."
Le nouvel Apple iPhone change tout. Au fond, l'iPhone c'est le multimédia à la demande et l'avènement du téléphone comme moyen principal de communication. Il y a déjà des exemples de contenu généré par les utilisateurs et de très bonnes applications sur mobile. Nos clients investissent d'ores et déjà dans le mobile, dans une perspective d'innovation.

Quelles sont les principales problématiques de la communication digitale au Royaume-Uni, à l'heure actuelle ?
La tendance la plus importante est que les consommateurs sont tombés amoureux de la technologie, et qu'ils sont en avance sur les marketers dans la manière de l'utiliser. Alors les marketers jouent au chat et à la souris avec leurs consommateurs, et c'est probablement la première fois qu'un tel événement se produit. Cela va assez loin.

Quelles sont vos prévisions pour 2007, en matière de communication digitale ?
Nous avons l'habitude de dire, chez AKQA, que le digital ça n'a rien à voir avec la technologie, mais avec les idées. Ce que nous voulons dire, c'est qu'il y aura toujours de nouvelles technologies, mais les racines du succès doivent se trouver dans une idée et sa résonance chez le consommateur. Beaucoup de grandes success stories, telles que Wikipedia et YouTube, ne sont pas des phénomènes technologiques. Ce sont des phénomènes sociaux. La technologie derrière ces services est en réalité relativement simple.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de créations online que vous avez trouvé particulièrement réussies ces derniers mois ?
Le digital ça n'a rien à voir avec la technologie, mais avec les idées."
Les gens vont être surpris de m'entendre dire cela, mais je crois que quelques unes des meilleures publicités sur le Web sont celles qui apparaissent dans les moteurs de recherche comme Google. C'est exactement ça, la publicité : un consommateur a un besoin et la publicité l'aide à faire un choix. Or, sur les moteurs de recherche, il est très facile pour le consommateur de prendre une décision. Les grandes agences de pub ont vraiment du mal à s'adapter à ce concept.

Avez-vous l'intention de vous implanter en France dans les prochaines années ?
A partir du moment où nous trouvons des gens bien et où nous pouvons construire une bonne équipe sur place, nous ouvrons un bureau. J'adorerais ouvrir un bureau en France car cela me donnerait une bonne raison de visiter Paris plus souvent !

AKQA, mais plus largement les agences britanniques, sont souvent citées par les créatifs français comme un exemple à suivre en matière de création à la fois qualitative et efficace. Quel est votre point de vue là-dessus ? Que diable manque-t-il aux agences françaises ?
Il se trouve qu'un grand nombre de nos employés à Londres sont français. Je pense que la France produit d'excellentes choses mais qu'elle n'en retire pas la reconnaissance qu'elle mérite parce que beaucoup de jurys, dans les compétitions, ne parlent pas français. C'est plus la barrière de la langue qui pose problème, et qui explique que la plupart des prix prestigieux décernés dans les grandes compétitions internationales favorisent plus qu'ils ne le devraient les pays anglophones, au détriment d'une vraie représentativité. Vous savez, parmi les plus grands clubs de football anglais, nombre d'entre eux possèdent une équipe dont les joueurs viennent de partout dans le monde, je trouve ça intéressant. Prenez Arsenal, l'entraîneur est français, le capitaine est français, mais ils jouent en Angleterre. A l'agence, nous avons la même conception des choses. Nous voulons les meilleurs, d'où qu'ils viennent.

Quels sont vos sites et vos blogs favoris ?
J'aime bien Google, Digg, Wikipedia, Facebook, iTunes.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Ajaz Ahmed est président de l'agence AKQA, qu'il a co-fondée en octobre 1995. Auparavant, il a travaillé chez Apple.

Parmi les clients de AKQA figurent Coca-Cola, Cadbury, Nike, Xbox, Microsoft, Visa, Unilever, 19 Entertainment, FIAT, Virgin Group. L'agence est aujourd'hui présente à New York, San Francisco, Londres, Washington, Shanghai et Singapour.

Et aussi Ajaz Ahmed s'est vu décerner le titre de personnalité innovante de l'année par Advertising Age International et Forbes en 1998. Il intervient au Massachusetts Institute of Technology et à la Sloan School of Management, et a été décoré par l'université d'Oxford Brookes en Angleterre en 2002. En 2004, il a été nommé par le Département du commerce et de l'industrie parmi les 'personnes les plus influentes' vis-à-vis de la croissance du commerce électronique.

  
 
 
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