INTERVIEW 
 
Michael Birch
Fondateur et président directeur général
Bebo.com
Michael Birch
"La première version non-anglophone de Bebo sera française"
Le fondateur du réseau social Bebo, principal concurrent de MySpace, explique les spécificités de son service, ses atouts face à la concurrence et son business model. Il évoque également l'avenir de Bebo qui pourrait passer par une introduction en bourse.
(25/01/2007)
 
JDN. Comment définir Bebo ?
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Bebo.com
Michael Birch. Bebo est un réseau social similaire à d'autres sur bien des points. Nous proposons des blogs, du partage de photos et nous avons lancé un service de vidéo il y a un an de cela. L'ensemble est administré par 50 employés. Ma femme et moi même l'avons fondé en janvier 2005. Il compte aujourd'hui plus de 30 millions d'utilisateurs. Nous ne sommes présent que sur des marchés anglophones pour le moment. Mais la France est tout de même le 8ème pays le plus actif malgré la barrière de la langue. Nous enregistrons quelques 6 milliards de pages vues chaque mois.

Préparez-vous une version française ?
Il est encore trop tôt pour le dire mais si nous lancions un site pour un pays non-anglophone, la France serait le premier d'entre eux. Peut-être lancerons nous une version française d'ici un an. La gestion d'une autre langue reste un facteur de complexité important. Cela implique par exemple une amélioration globale du service plus lente à mettre en œuvre puisque chaque nouveauté doit être adaptée dans chaque langue.

Pourquoi qualifiez-vous Bebo de réseau social de "nouvelle génération" ?
Je vous l'accorde ça ressemble à un concept marketing ! Plus sérieusement, déjà en 2003 ma femme et moi-même avions lancé un premier réseau social, Ringo.com. Nous l'avons aussi vendu en 2003 d'ailleurs avec une base de 500.000 utilisateurs. Nous l'avons revendu rapidement parce que nous n'avions pas réussi à lever les fonds nécessaires à son développement. A cette époque les réseaux sociaux n'étaient pas sous les feux des projecteurs comme aujourd'hui. Nous avons ainsi pu démarrer Bebo après quelques temps, en prenant en compte toutes les erreurs que nous avions pu commettre avec ce premier essai.

Vous considérez-vous comme meilleur que MySpace ?

Nous sommes aussi simple, aussi sécurisé sans pour autant être ennuyeux. Au contraire nous proposons un service très attractif en donnant de la liberté d'expression sans nous méprendre sur le juste niveau de liberté nécessaire à la bonne marche du site. MySpace semble complètement désordonné et manque de structuration parce qu'il permet aux internautes de casser les pages et de les construire comme bon leur semble. Nous avons opté pour une autre solution en proposant par exemple plus de 1.000 interfaces différentes au choix et librement personnalisables de surcroît.

Comment dépasserez-vous MySpace ?
Nous avons été dépassés aux Etats-Unis dès le début mais nous sommes de solides compétiteurs au Royaume-Uni et en Nouvelle Zélande. En fait, chaque pays a un réseau social dominant différent. Peut-être que le fait d'être de nationalité anglaise m'a permis de mieux appréhender les spécificités du marché anglais.

Quel est votre business model ?
Les réseaux sociaux et leurs business models sont appelés à beaucoup évoluer. En fait, Bebo est rentable depuis le premier jour. Placer de la publicité sur un site n'est pas difficile. Il est même très facile d'être intrusif. Pour multiplier mon chiffre d'affaire par deux je pourrais par exemple multiplier le nombre de pub par deux mais ça ne marche pas comme ça. Nous ne positionnons par exemple pas de publicité sur les pages personnelles des internautes et nous ne dépassons jamais un quota de un encart publicitaire par page. Nous proposons aussi aux groupes musicaux de prendre part à la communauté. Il y a donc là une opportunité claire de vendre de la musique ce que nous ferons très bientôt. Nous voulons juste que cela soit fait proprement et bien intégré au site dans son ensemble. Bebo compte 300.000 groupes inscrits à l'heure actuelle.
Nous sommes aux toutes premières heures des réseaux sociaux. Nous lancerons beaucoup de nouveauté en 2007. J'aime bien faire un parallèle avec le marché des moteurs de recherche. Dans un premier temps, il n'y avait pas d'argent à faire et puis soudainement, ce marché est devenu l'un des plus gros sur Internet et pourtant bien d'autres sources de revenus n'ont pas encore été étudiées.

Avez-vous l'intention de vendre votre site comme ce fut le cas de Ringo ?
Il y a de gros avantages à rester indépendant. MySpace a perdu des marges de manœuvre en signant avec News Corp parce que des conflits d'intérêt peuvent survenir si un autre média concurrent veut utiliser MySpace comme support publicitaire. Google n'aurait jamais été Google si les fondateurs avaient vendu dès le début de l'aventure.

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Bebo.com
Recevez-vous des offres ?
Je n'arrête pas d'en recevoir. Nous avons déjà dis non à beaucoup de monde. Personnellement, ce que je trouve excitant c'est de voir jusqu'où nous pourrons aller avec Bebo. Les gens disent que nous sommes gourmands mais nous essayons surtout de voir sur le long terme. Cependant je vois deux évolutions possibles à long terme : soit la revente à un tiers soit l'introduction en bourse même si cela peut signifier une perte de contrôle.
 
 
Propos recueillis par Guillaume Devaux, JDN

PARCOURS
 
 
Michael Birch, 35 ans, a fondé avec sa femme le réseau social Bebo après avoir quitté l'Angleterre pour s'installer à San Francisco en Californie. Il a également participé avec son frère au lancement du site BirthdayAlarm.com.

   
 
 
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