INTERVIEW 
 
Laurent Curutchet
Directeur général
eBookers France
Laurent Curutchet
"Nous nous concentrons pour l'instant sur le retour sur investissement"
Enregistrant une progression de près de 70 % en 2006, eBookers réaffirme ses ambitions sur le marché français. L'agence de voyage du groupe Travelport prépare une migration sur l'outil d'Orbitz pour fin 2007.
(22/02/2007)
 
JDN. eBookers est la marque de distribution de voyage sur Internet du groupe Travelport sur le marché français. Quels résultats avez-vous enregistrés au cours de l'année 2006 ?
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 Laurent Curutchet
 eBookers
Laurent Curutchet. Nous ne communiquons pas notre chiffre d'affaires par marché. Mais nous avons enregistré une croissance très forte, un peu inférieure à 70 %, ce qui témoigne d'une véritable accélération de notre activité en France en 2006. Un dynamisme qui se prolonge également sur ce début d'année, avec + 80 % au mois de janvier 2007, tandis qu'au premier trimestre 2006, la croissance était de 30 %.

Comment expliquez-vous cette accélération ?
Elle est due à l'effet combiné entre la performance retrouvée sur le segment du vol, qui est notre positionnement historique, et au développement de toutes les autres activités sur lesquelles nous nous sommes plus récemment positionnés. Notre activité de distribution de vols secs avait été freinée en 2005 car notre outil ne fonctionnait pas au mieux. Il était donc difficile d'investir beaucoup en termes marketing. Entretemps, nous avons réalisé les développements techniques qui nous ont permis d'améliorer considérablement sa performance, et nous avons donc pu réinvestir dans la promotion marketing de nos offres. Parallèlement à cela, la location de voitures a continué à se développer en 2006, et le taux de croissance sur la distribution de produits hôteliers, qui est récente, est à 4 chiffres.

Quelle est aujourd'hui la part du segment du vol sec ?
Le vol sec reste encore l'activité principale d'eBookers, pesant un peu moins de 70 % de notre chiffre d'affaires en 2006. Mais sa part est en très forte décroissance, étant donné qu'il représentait plus de 90 % du chiffre d'affaires en 2004.

Vous avez lancé en novembre 2006 les packages dynamiques. Rencontrent-ils le succès escompté ?
Le package dynamique est aujourd'hui une activité naissante. Nous n'avons réalisé de marketing autour de cette offre que depuis le début de l'année seulement. Mais les premiers retours s'avèrent plus importants que ce à quoi nous nous attendions. Le panier moyen est très élevé, et le niveau de marge intéressant. Nous assurons la promotion de cette offre pour les courts séjours, notamment à destination des capitales européennes, dans le cadre de la tendance générale en France de fractionnement des vacances. Les outils de dynamic packaging ont aujourd'hui fait beaucoup de progrès : ils permettent aux internautes d'accéder à des tarifs aériens bonifiés, de dénicher de bonnes affaires, et apportent donc un vrai bénéfice client. Il n'y a donc pas de raison que le package dynamique ne fonctionne pas.

Pour l'année 2007, vos ambitions s'avèrent plutôt fortes sur le marché français. Pouvez-vous préciser votre approche ?
Nous ne réaliserons pas de branding en 2007, nous privilégions le marketing à la performance"
Ebookers a été racheté en 2005 par Cendant, et fait désormais partie du groupe Travelport, détenu par le fond d'investissement Blackstone. Le fait d'appartenir à un groupe important au plan mondial accroît d'une part nos ambitions, mais également nos moyens, tant d'un point de vue technique que financier et humain. En France, eBookers est aujourd'hui la plus petite agence en ligne des plus grands groupes. Notre ambition est bien évidemment de rejoindre les leaders du marché, via une croissance plus rapide que la moyenne. Mais en termes de stratégie, pas question de réaliser de l'achat pur et simple de parts de marché. Notre approche consiste à toujours surveiller notre niveau de ROI. Pour l'heure, tous les voyants sont au vert, et l'année 2007 se présente plutôt bien.

En 2007, comptez-vous mettre l'accent sur le développement de la marque et de la notoriété d'eBookers ?
Non, nous sommes très "ROI focused". Donc investir dans le branding n'est pas notre axe de développement. Nous avons choisi de continuer à investir et même d'accroître nos investissements dans le marketing à la performance, via le search, le méta-search et l'affiliation. Nous sommes convaincus que notre marque a de la valeur, mais notre priorité réside tout d'abord dans la migration. Quand nous bénéficierons d'un meilleur outil, l'investissement dans la marque pourra être une prochaine étape. Le branding est une stratégie de long terme, le retour sur investissement étant très dilué dans le temps. D'autre part, il est nécessaire pour ce faire d'avancer une promesse de marque et une différenciation importante. De son côté, Orbitz a su le faire aux Etats-Unis grâce à son outil.

Dans le cadre du groupe Travelport, des synergies étaient attendues entre les différentes entités. Où en est l'intégration technique des différentes marques et contenu ?
Travelport regroupe des marques positionnées sur trois métiers différents, avec d'une part les GDS, tels que Galileo et Worldspan, suite au récent rachat, d'autre part la consolidation hôtelière, via Gulliver Travel Association (GTA), et enfin un pôle de distribution de voyage en ligne, qui rassemble des marques comme Orbitz et CheapTickets aux Etats-Unis, Rates-to-go en Europe, et eBookers. En termes d'intégration entre ces différents métiers, l'approche n'est pas dogmatique : une bascule d'Ebookers pour fonctionner avec le GDS Galileo a été opérée dans certains pays, mais en France ça n'est pas le cas, car cela n'était pas forcément opportun, ni pratique en termes de compatibilité technique. Nous continuons donc à travailler avec Amadeus. En revanche, à l'intérieur de l'entité de distribution de voyages sur Internet, la stratégie consiste à partager ce qui se fait de mieux. Nous sommes en train d'intégrer l'offre hôtelière d'Octopus Travel, ce qui nous permet d'enregistrer ces taux de croissance forts sur ce segment.

Vous préparez également en 2007 une migration sur la plate-forme d'Orbitz. Pouvez-vous préciser vos attentes ?
La migration sur la plate-forme d'Orbitz pour accroître notre performance commerciale."
La migration de l'ensemble des sites eBookers sur la plate-forme Orbitz est un chantier majeur, qui va nous permettre d'utiliser les contenus et les technologies d'Orbitz. Cette plate-forme est l'une des plus évoluées dans le monde, elle a assuré à Orbitz un gain important de parts de marché. Nous en attendons donc un accroissement significatif de la performance commerciale, ainsi que de la satisfaction client.

Quels nouveaux services et fonctionnalités seront proposés grâce à cette plate-forme ?
C'est tout d'abord une plate-forme robuste et rapide. D'autre part, elle va permettre à eBookers de disposer de nouvelles fonctionnalités, comme notamment un espace personnel dans lequel l'internaute pourra retrouver tout son historique de commandes, accéder à son dosser en cours, mais aussi modifier son dossier, enregistrer des produits touristiques, paramétrer des alertes. Orbitz a été rebaptisé aux Etats-Unis "Obitz TLC", pour "Orbitz Tender Loving Care". La fidélisation des clients est donc au cœur de l'approche d'Orbitz. En termes de performance, de nouvelles fonctionnalités plus sophistiquées de ventes croisées seront disponibles. Et en ce qui concerne le contenu, la base hôtelière disponible sur Orbitz est trois fois plus importante que celle actuellement disponible sur eBookers. Sans oublier que cette plate-forme dispose d'un outil de management du contenu du site, facilitant la mise à jour des produits de voyage, ce qui permettra de réduire les coûts opérationnels.

Quid des fonctionnalités dites Web 2.0 ?
En termes de fonctionnalités innovantes, eBookers permet d'ores et déjà le téléchargement de podcasts. Si le choix sur la destination n'est pas complètement de notre responsabilité, l'aide au choix sur un produit est très important. Et à ce titre, des présentations en 360°, la vidéo, sont aujourd'hui des axes sur lesquels nous travaillons. Par ailleurs, les avis des consommateurs sont l'avenir dans le domaine du voyage, car ce sont de véritables outils d'aide au choix. Cela a un coût, car cela impose une gestion des contributions, un filtrage en fonction des règles d'affichage, et une gestion des droits pour s'assurer qu'il s'agisse bien de clients. Mais la valeur ajoutée est forte.

Quand pensez-vous réaliser la migration sur ce nouvel outil en France ?

Nous sommes en discussion avec les comparateurs de voyage."
Le Royaume-Uni est le premier pays à avoir déjà basculé sur la plate-forme, l'Irlande va suivre d'ici peu. Pour la France, l'objectif est de migrer sur cette plate-forme pour la fin de l'année 2007. Cette implantation dans les 15 pays européens est un projet très lourd, car c'est une plate-forme conçue pour les Etats-Unis, qu'il faut adapter de manière à gérer différentes langues, différentes monnaies. Cette traduction et cette adaptation sont gérées par l'équipe française.

Pour quelle raisons la France sera le prochain pays à s'équiper de la plate-forme ?
Le choix a été réalisé en fonction d'un mix entre performance et importance du marché. La France est un pays important, avec un fort potentiel, et le marché hexagonal a enregistré de belles performances en 2006. D'autre part, l'environnement concurrentiel est fort, eBookers en France doit donc se donner tous les moyens. Nous nous sommes également portés volontaires pour migrer rapidement sur cette plate-forme.

Comment évoluent les rapports entre les voyagistes en ligne et les comparateurs de prix dans le domaine du voyage, ainsi que les nouveaux outils de meta-search spécialisés dans le tourisme ?
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 Laurent Curutchet
 eBookers
Les comparateurs sont des partenaires des e-voyagistes, mais la menace serait cependant qu'ils choisissent de travailler en direct avec les compagnies aériennes. Cependant, cette position commerciale serait difficile à tenir, car les agences de voyage pourraient alors choisir de ne plus travailler en collaboration avec ces outils, et ceux-ci perdraient leur exhaustivité. Nous sommes justement en discussion avec les principaux comparateurs de voyage, comme EasyVoyages, Kelkoo Voyages et Voyagermoinscher, dans le cadre du SNAV, de manière à normer la manière de collaborer, à assurer une certaine transparence, et à bien définir les rôles.
 
 
Propos recueillis par Solveig Emerard-Jammes

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