INTERVIEW 
 
Hana Gauer
Directrice générale
MRM Worldwide
Hana Gauer
"Nous sommes passés de 30 % de l'activité réalisée sur le online il y a un an à 60 % aujourd'hui"
Hana Gauer, qui dirige MRM Worldwide (groupe McCann) en France depuis fin 2006, revient sur la réorientation de l'agence intégrée vers les activités digitales, et sur les tendances du marché en termes de communication en ligne et de concentration.
(13/03/2007)
 
(article modifié le 13/03/07 à 10h10)
JDN.
Quelle est la place de MRM Worldwide au sein du groupe McCann ?

Hana Gauer. MRM Worldwide rassemble 2.000 personnes et 67 agences dans le monde. La France, qui est l'une des plus grosses agences du réseau dans le monde, emploie 250 personnes et a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros.

Quel est le positionnement de l'agence, et quels sont ses domaines d'activité dans le online ?
MRM Worldwide en France est une agence intégrée, une agence '360 degrés'. Nos expertises couvrent le conseil en communication, la création, la relation client, la production online et offline, le datamining, les centres de contact, les technologies. Nous gérons l'ensemble de la chaîne, et ceci sur la totalité des points de contact.

Nos activités Internet couvrent le conseil média, y compris sur le search, le développement de site, la gestion de projet… MRM Worldwide est aujourd'hui très fortement orientée sur les activités digitales, puisque elles représentent environ 60 % de l'activité pour nos clients. C'est l'équipe de management américaine, principalement issue de Digitas [l'agence interactive rachetée par Publicis Groupe fin 2006, ndlr], qui a imprimé cette orientation. Cela s'est avéré très bénéfique dans le monde, puisque le chiffre d'affaires de MRM a progressé de 15 % par rapport à 2005. Nous avons également enregistré une croissance de 15 % des profits, après un passage un peu difficile de réorganisation et de restructuration pour aller vers plus de digital.

Comment cela se traduit-il en termes de ressources ?
Sur les 250 personnes qui travaillent chez MRM Worldwide, 200 sont affectées aux métiers de la communication, dont 80 sur les activités offline, 100 sur les activités online, et 70 sur les call centers. Les équipes créatives se réorientent progressivement sur la partie online. Que cela soit pour nos activités online ou pour le reste, notre culture consiste à toujours partir de la connaissance du client. C'est pourquoi nous avons intégré les métiers de la statistique et du datamining, qui occupent une vingtaine de personnes.

Etes-vous la seule agence chargée de la communication interactive au sein du groupe McCann ?
Nous sommes à ce jour celle qui regroupe l'ensemble des talents les plus pointus dans ce domaine.

Malgré votre positionnement très orienté sur les activités digitales, on a l'impression que MRM n'est pas identifié sur le marché comme un acteur moteur de la communication interactive, contrairement aux structures interactives des autres grands réseaux de communication… Qu'en pensez-vous ?
Nous n'avons jamais créé de structure interactive dédiée pour éviter la stratégie de silo."
Effectivement, il y a 12 mois, seulement 30 % de notre activité était réalisée sur le online. Notre image vient aussi du fait que nous n'avons pas créé de web agency au moment de la bulle Internet. Nous avons juste racheté Zentropy en 2004. Il y a une raison à cela : nous avons toujours considéré que l'ADN de MRM, c'était de partir du client, pas de construire une stratégie en silo. C'est pourquoi nous n'avons pas créé deux structures distinctes, mais plutôt insufflé des ambitions d'Internet un peu partout. Nous voulions surtout éviter les centres de profit séparés. Notre transformation s'est ainsi faite, stimulée par celle de nos clients, Microsoft, Reebok... ce qui nous a boostés pour investir. A partir de là, le développement s'est fait d'abord naturellement sur les clients existants.

Vous êtes arrivée à la direction générale de MRM en octobre dernier. Faire évoluer l'agence vers un positionnement plus interactif est-il votre objectif principal pour 2007 ?
Il fallait d'abord remettre en état l'organisation pour gérer la croissance de ce marché. Mon premier objectif est de rattraper les besoins en recrutement sur ces métiers. Nous recrutons en masse, et ma préoccupation quotidienne est de trouver de nouveaux talents, dans tous les domaines, puisque aujourd'hui nous avons intégré tous les métiers. Parmi les objectifs de 2007, nous souhaitons nous renforcer sur la stratégie online, afin de suivre tout ce qui bouge au quotidien, et de nous tourner davantage vers l'anticipation, alors que nous étions tous plus dans l'analyse. Nous ambitionnons également de remettre la création au centre de l'activité, car actuellement la culture qui prédomine chez MRM est celle du conseil, de la mesure, du CRM, de la data… Enfin, je souhaite pouvoir créer des processus industriels pour atteindre une excellence opérationelle.

Combien de clients avez-vous ? Quelles sont vos références principales ?
Nous gérons une trentaine de clients, parmi lesquels Microsoft, Intel, L'Oréal, Axa, Canal+, Expedia, Cofinoga, Fnac Eveil & Jeux, France Télécom, Gaz de France, Maybelline, Nespresso, Total, Reebok, Opel, Michelin…

Tous font du online ?
80 % environ sont actifs sur Internet : du pure player à ceux qui testent encore le média.

Vous travaillez avec L'Oréal et Microsoft, deux acteurs totalement différents mais qui ont tous deux annoncé qu'ils avaient l'intention d'augmenter substantiellement la part de leurs investissements média réservée au Web. Comment analysez-vous cela ?
80 % de nos clients sont actifs sur Internet."
Pour Microsoft, nous travaillons sur la communication BtoB. Sur cette cible, il est totalement naturel de travailler avec Internet. Pour L'Oréal, je le perçois comme une nouvelle orientation. C'est un client qui a toujours eu une très forte culture TV. De plus, avoir une cible ado comme celle de Maybelline a permis beaucoup de créativité, avec une forte demande de la part des jeunes.

MRM a gagné récemment le budget de refonte du site Internet de la marque Maille. La grande consommation est-elle prête à se saisir massivement des opportunités qu'offre le Web ?
Nous avons gagné Maille car ils ont adoré le site e-commerce que nous avons réalisé pour Nespresso, un bon exemple de travail en profondeur. Pour Nespresso, nous avons mené des analyses d'ergonomie poussées à base d'eye tracking.

Le site Maille proposera des cours de cuisine thématiques en vidéo. Comment les marques peuvent-elles mettre à profit la vidéo en ligne ?
Il faut avant tout que cela ait du sens. Il nous arrive régulièrement de nous trouver face à des chefs de produits qui nous réclament une vidéo, par exemple, parce qu'ils ont vu une réalisation qui leur plaisait et disent : je veux la même chose ! Mais ce n'est pas toujours pertinent.

Comme il ne doit pas non plus toujours être pertinent pour les marques de prendre la parole sur les sites de partage vidéo, les sites communautaires, les blogs, etc. Comment interprétez-vous cette volonté de communiquer à tout prix de manière alternative ?
Le petit film bricolé pour faire du buzz, c'est terminé."
Les marques expriment un besoin de toucher aussi un autre public avec un autre discours. Les agences ont envie de faire des tas de créas différentes. Et puis, sur le Web, on peut avoir des formats plus longs. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faut bien analyser l'audience des supports avant de faire quoi que ce soit. L'autre tendance forte, c'est que le petit film bricolé pour faire du buzz - plus il a l'air bricolé, plus il fonctionne -, c'est fini. Par exemple aujourd'hui, les films online de Microsoft aux Etats-Unis coûtent 100.000 euros. Les productions online sont désormais de très bonne qualité. Ce qui est intéressant, c'est de travailler les films, avec de la 3D par exemple, pour pouvoir jouer avec la vidéo, lui apporter une richesse d'utilisation, d'animation, et y intégrer du contenu.

Qu'est-ce qui pousse les marques à se lancer sur des médias trop jeunes pour avoir un recul suffisant sur leur public et leur impact ?
Si on ne dispose pas d'un minimum d'outils d'aide à la décision, qui permettent de décrire les supports, de suivre les comportements de sa cible, pour au final déterminer la bonne stratégie de moyens, on cède à la culture du suivisme, à la peur de se rater. Parfois aussi, il y a ce que l'on appelle des périodes d'opportunité : on sait qu'une nouvelle possibilité s'ouvre pour le client, et on estime que c'est le bon moment pour lui en parler. Mais les fenêtres s'ouvrent et se referment très vite.

Depuis deux ans, la restructuration du marché des agences interactives a été motivée par l'intégration de compétences spécifiques. Aujourd'hui, les agences indépendantes, comme Duke, se font racheter par des groupes présents à l'international. Cette problématique d'internationalisation est-elle le nouvel élément qui va modifier en profondeur la structure du marché ?
Sur notre marché ne resteront que les réseaux solides implantés partout dans le monde. Il est clair que l'international représente une part grandissante de notre activité. Si on ne dispose pas de cette capacité demain, sur les grandes marques, on n'est plus dans la course.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Hana Gauer a rejoint en octobre 2006 la direction générale de l'agence de marketing services MRM Worldwide, filiale du Groupe McCann France présente dans 37 pays. Sa vocation est d'accompagner les marques et les entreprises à toutes les étapes de leur relation avec les clients/consommateurs.

Après 9 années passées au sein de McCann Communications, Hana Gauer rentre dans le Groupe Axa en 1997, en tant que responsable de la direction commerciale et marketing de Direct Assurances en France, et directrice marketing au Japon, en Allemagne et en Espagne.

En 2000, elle prend la direction aux programmes de services clients du groupe Axa puis elle est nommée directrice marketing et publicité, fonction qu'elle exerce jusqu'en 2006.

  
 
 
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