INTERVIEW 
 
Frédéric Levy
Consultant senior
Greenwich Consulting
Frédéric Levy
"La couverture minimale pour lancer la TV mobile est de 20 % de la population"
Annoncée pour la rentrée 2007, la TV sur mobile en mode broadcast soulève encore de nombreuses interrogations quant à son financement, son modèle économique et l'ampleur de son déploiement. Pour Frédéric Lévy, consultant senior chez Greenwich, l'offre ne devrait pas voir le jour avant 2008.
(04/01/2007)
 
JDN. Les différents acteurs annoncent un lancement commercial de la TV sur mobile en mode broadcast pour la rentrée 2007. Ce calendrier est-il réaliste ?
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Frédéric Levy. Tous les ingrédients sont présents pour un lancement rapide de l'offre : les instances juridiques avec une présentation en janvier du projet de loi sur la télévision du futur à l'Assemblée nationale ; les acteurs économiques (éditeurs, acteurs télécoms, agrégateurs et opérateurs) qui s'alignent sur le constat que la TV mobile représente un potentiel important, notamment les opérateurs mobiles qui ne voient pas le DVB-H comme un réseau concurrent mais complémentaire à l'UMTS ; enfin, même s'il reste encore une zone d'incertitude quant à la norme qui sera finalement adoptée, le DVB-H est une technologie que l'on peut considérer comme mature, ayant déjà été lancée et étant exploitée commercialement, notamment en Italie.

Toutefois, un lancement en full commercial pour la Coupe du Monde de Rugby semble un peu optimiste, car il reste encore beaucoup de chantiers à mener à bien : appels à candidature par le CSA, définition de l'offre commerciale, modèle économique associé et déploiement du réseau. J'envisage plutôt un lancement commercial d'ici 12 mois.

Quelle doit être la couverture minimale pour un lancement commercial ?

Comme pour la TNT et dans son temps la téléphonie mobile, les premiers mois, voire les premières années d'activité de la TV mobile s'accompagneront d'un développement du réseau et donc d'un accroissement de la couverture. On peut émettre l'hypothèse que la couverture minimale pour un lancement commercial sera de 20 % de la population (soit une grande partie de la grande couronne parisienne et quelques agglomérations complémentaires) et pourrait atteindre jusque 30 % de la population, chiffre comparable à celui de la TNT à son lancement. Du fait de la couverture parcellaire du réseau initial, le succès du DVB-H semble conditionné, en partie et du moins pour les premières années, à une complémentarité (notamment via le développement de terminaux hybrides) avec l'UMTS.

Une couverture en DVB-H restreinte jusqu'à l'extinction de l'analogique."
Un taux de couverture de 30 % de la population ne devrait pas favoriser une adoption massive de cette future offre. Pourquoi le gouvernement ne fixe-t-il pas, comme pour la TNT, un objectif de couverture d'au moins 85 % de la population ?
Fixer un taux de couverture cible de la population imposerait de prendre en compte les contraintes associées au déploiement massif de la TV sur mobile. En effet, au-delà de la couverture brute, d'autres problématiques entrent en jeu : pour offrir une qualité de service renforcée, la couverture offerte devra aussi être indoor, ce qui va nécessairement multiplier les investissements initiaux ainsi que les coûts de diffusion. De plus, la persistance de l'analogique dans l'audiovisuel français est un élément qui limite le nombre de bandes disponibles et devrait donc restreindre la couverture proposée par le DVB-H jusque fin 2011, date de fin programmée de l'analogique.

Quelles chaînes bénéficieront selon vous d'un canal de TV sur mobile ?
La visibilité est encore faible, mais on peut raisonnablement penser qu'au total, on comptera entre 10 et 20 chaînes disponibles. Bien entendu, cette fourchette variera en fonction de la volonté de l'ensemble des acteurs - tout particulièrement des éditeurs - à aller dans un modèle DVB-H, de la qualité de diffusion de chaque chaîne (pour un spectre défini, plus la qualité de chaque chaîne augmente, plus la quantité de chaînes qui peut être proposée diminue), et de l'éventuel partage entre les chaînes gratuites ou assimilées et payantes.

Il est peu probable que la TV mobile ne se finance qu'à travers la publicité."
Le modèle économique privilégiera-t-il les chaînes payantes ou gratuites ?
Il est probable que co-existeront des chaînes ou bouquets gratuits (éventuellement soumises à des frais d'accès) et des chaînes ou bouquets payants. Des mouvements de pression divers, économique, social, et politique, vont dans le sens de la gratuité - totale ou partielle -, comme l'illustre l'annonce récente de NRJ12 en faveur d'une TV mobile gratuite. Toutefois, certains acteurs, dont le groupe Canal Plus, très impliqué dans le déploiement du DVB-H en France, sont traditionnellement positionnés sur un modèle payant. Il semble, en outre, peu probable que la TV mobile ne se finance qu'à travers la publicité, du moins au début.

Qui va financer le déploiement de la TV personnelle mobile ?
La loi sur la télévision du futur ne donne aucune indication sur ce sujet. Une chose est certaine : sans compter les investissements initiaux, les coûts de diffusion globaux risquent d'être très importants, aux alentours d'une centaine de millions d'euros par an. Nombre de questions se posent encore : qui financera ces coûts, comment et à quelle hauteur ? L'éditeur devra-t-il rétribuer l'opérateur de multiplex puis refacturer le distributeur commercial ? L'éditeur, l'agrégateur et les distributeurs devront-ils financer en parallèle l'exploitation du multiplex ? Avec quelle répartition ?

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C'est ce modèle économique (quote-part, modèle de reversement…) que vont devoir très rapidement définir ensemble distributeurs (principalement les opérateurs télécoms), agrégateurs (CanalSat / TPS notamment), éditeurs (les chaînes) et opérateurs du multiplex (TDF, Towercast,etc.).
 
 
Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN

PARCOURS
 
 
Frédéric Levy a intégré le cabinet de conseil en stratégie et management des télécommunications Greenwich Consulting en 2005. Il est aujourd'hui consultant senior.

Frédéric Levy a acquis une expérience professionnelle de 6 ans en exerçant notamment des responsabilités de marketing stratégique et opérationnel au sein d'éditeurs et d'opérateurs mobiles : Bouygues Telecom (2003-2004), France Télécom Mobiles Argentine (2001-2002), Itineris (2000-2001).

Et aussi Frédéric Levy est diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce de Rouen.

   
 
 
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