INTERVIEW 
 
Clark Kokich
Président
Avenue A | Razorfish
Clark Kokich
"L'analyse du ROI constitue le cœur de notre différenciation"
Avenue A | Razorfish, filiale d'aQuantive coté au Nasdaq, a racheté Duke début mars. Clark Kokich, son président, revient sur les raisons de cette acquisition et nous en dit plus sur l'identité de Avenue A, qui se classe au premier rang des agences interactives américaines.
(26/03/2007)
 
JDN. Quelle est l'historique de Avenue A | Razorfish ?
  Les sites
Avenuea-razorfish.com
aQuantive.com
Clark Kokich. Avenue A a été fondée en 1997, et l'introduction en Bourse date de février 2000. La société a fusionné avec Razorfish en juillet 2004. Avenue A était positionnée dans la publicité en ligne, les médias interactifs et la mesure de la performance. Le cœur de métier de Razorfish était plutôt le développement Web, l'ergonomie et la technologie. Nous croyions à la complémentarité des deux compétences, car nous étions persuadés que le marché réclamait des solutions de communication intégrées. Avenue A | Razorfish réalise 100 % de son chiffre d'affaires sur les activités digitales. Il nous arrive occasionnellement de travailler sur du offline, mais ce n'est que ponctuellement, suite à une demande particulière de l'un de nos clients.

Vous êtes la plus grosse agence interactive américaine. Quel est votre chiffre d'affaires et avec combien de clients travaillez-vous ?
Nous avons publié un chiffre d'affaires de 242 millions de dollars en 2006. Nous travaillons pour 27 % des sociétés du Fortune 1000 aux Etats-Unis. Nous comptons parmi nos clients Nike, Apple, Levi's, AT&T, Victoria's Secret, JPMorgan Chase… En matière d'achat média, nous avons géré un budget total de 542 millions de dollars en 2006 aux Etats-Unis.

Dans quelle stratégie s'inscrit le rachat de Duke ?
Il y a deux ans, nous sommes arrivés à la conclusion que les grandes marques internationales avec lesquelles nous travaillons avaient besoin d'un accompagnement global. Nous avons alors identifié six marchés sur lesquels nous implanter : la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France, l'Australie, le Japon et la Chine. L'acquisition de Duke constitue la dernière pièce de ce puzzle, et clôt la première phase de notre expansion internationale. Pour les deux prochaines années, nous regardons vers l'Amérique du Sud, l'Inde, la Russie, la Corée…

Lorsque vous dîtes que vos clients internationaux ont besoin d'une agence qui sache les accompagner de manière globale, comment cela se traduit-il de manière opérationnelle ? Est-ce appliquer le commandement 'think global, act local' ?
Certaines entreprises sont plus centralisées que d'autres. Mais de manière générale, les grandes marques ont compris que pour être efficaces, elles devaient comprendre les besoins particuliers de leurs consommateurs dans chaque pays. Elles veulent une stratégie globale, mais ont besoin de gens en prise directe avec leurs marchés nationaux.

Votre expansion internationale s'est-elle opérée uniquement par croissance externe ?
Nous avons étendu notre présence en procédant exclusivement par acquisitions, sauf au Japon où nous nous sommes associés avec le groupe japonais Dentsu pour créer Dentsu | Avenue A | Razorfish. Nous avons fait ces choix pour atteindre plus rapidement la masse critique, ce qui était vital.

Avez-vous discuté avec d'autres sociétés dans le cadre de vos manœuvres en France ?
Le bureau anglais de Duke conservera son indépendance."
Nous avons eu des contacts avec tous les acteurs significatifs du marché français. Duke, compte tenu de sa taille et de sa réputation, était l'agence qui correspondait le mieux à ce que nous recherchions. Ses dirigeants partagent nos points de vue.

Connaissiez-vous Duke avant d'entamer les négociations ?
Nous les connaissions de réputation, du fait de ses succès dans les compétitions internationales.

Duke a ouvert un bureau à Londres en 2005, et Avenue A | Razorfish est également présente là-bas. Qu'adviendra-t-il du bureau anglais de Duke ?
Il continuera à opérer séparément et à s'occuper de ses clients. Les deux agences de Londres ne vont pas fusionner.

En octobre 2000, Avenue A avait ouvert un bureau en France (lire l'interview du 25/01/01). Qu'est-il arrivé ensuite ?
Au moment de la bulle, nous avions ouvert de petites filiales à Londres et à Paris. Nous les avons fermées en 2001. Nous avons beaucoup appris de cette expérience.

A l'époque, cette filiale puisait sa force dans une technologie propriétaire de mesure d'impact des campagnes publicitaires, basée sur l'analyse de données et les cookies. La mesure du ROI est-elle toujours au centre de votre offre ?
Notre force dans le domaine de l'analyse de données constitue le cœur de notre différenciation. Chez Avenue A, il y a des hommes et des femmes de média qui sont très forts, mais s'il y a une chose que nous faisons très bien, c'est l'analyse Web. Nous avons investi des millions de dollars dans ces technologies ces cinq dernières années, ce qui nous a permis d'atteindre un très haut niveau de précision dans la segmentation et l'analyse de données.

Est-ce grâce à cela que vous êtes aujourd'hui la première agence interactive aux Etats-Unis ?
Nous avons été très surpris par le rachat de Digitas."
La plupart de nos concurrents ont apporté une vision du Web issue des médias traditionnels. Nous nous concentrons pour notre part sur la data, la technologie, l'expérience utilisateur : tout ce que l'on ne trouve pas dans les médias traditionnels, où les agences excellent dans la création ou le conseil stratégique. Or, ces éléments sont essentiels dans les canaux digitaux. L'autre point, c'est que la plupart des agences classiques considèrent Internet uniquement comme un média, alors que nous l'abordons aussi comme un canal, sous les angles du e-commerce, de la relation client et du marketing direct.

Vous êtes l'une des dernières grosses agences indépendantes, avec AKQA qui a récemment cédé la majorité de son capital à un fonds, depuis que Digitas s'est faite racheter par Publicis. A quoi peut-on s'attendre dans les mois qui viennent ?
Il y a de la place pour des agences indépendantes, d'autres viendront. J'avoue que nous avons été très surpris par le rachat de Digitas, bien que je sois sûr que cela signifie quelque chose dans leur stratégie. Mais il n'y a plus guère que nous et AKQA, après les autres acteurs sont plus petits. C'est pourquoi je ne m'attends pas à un grand mouvement de concentration. La tendance en revanche, ce sont les acquisitions à l'international.

Quelles évolutions prévoyez-vous en matière de search marketing ? Jusqu'où la part du search va-t-elle grimper dans les investissements e-pub ?
La part du SEM dans le marché de l'e-pub va se stabiliser ou décliner."
Le search marketing continue de progresser, mais les autres formes de publicité en ligne vont progresser encore plus vite. Par conséquent, la part du SEM dans le marché de l'e-pub va se stabiliser ou décliner. Si le search a tiré le marché ces trois dernières années, la vidéo interactive va stimuler la croissance des prochaines. Il existe de réelles opportunités de créer de tels formats avec l'augmentation des budgets e-pub.

Quelles sont les principales tendances qui vont influencer le marketing en ligne en 2007, selon vous ?
Nous en avons identifié trois. La première, c'est la fragmentation des plates-formes digitales. Le PC n'est plus la seule plate-forme. Il y a le mobile, les lecteurs MP3, les consoles de jeux, la VoD, le câble, le RSS… Trouver le bon mix et combiner ces plates-formes dans une campagne est quelque chose d'extrêmement complexe. La seconde tendance, ce sont les réseaux sociaux et le contenu généré par les utilisateurs. Les jeunes adultes passent un temps significatif à consommer ces nouveaux médias. La troisième, ce sont les nouvelles applications dans le Web design. Nous sommes passés à des interfaces plus complexes, avec Flash, Windows Vista, de la 3D, etc., qui sont des technologies plus matures, propres à satisfaire davantage les utilisateurs, et plus puissantes pour les annonceurs.

Comment voyez-vous le marché européen du marketing interactif, depuis les Etats-Unis ?
  Les sites
Avenuea-razorfish.com
aQuantive.com
Au niveau fondamental, les similarités sont légions. Les consommateurs ont adopté le e-commerce, ils achètent des voyages en ligne, ils utilisent le Web pour se divertir, etc. La plus grande différence réside dans la façon dont les annonceurs et les agences s'adressent aux internautes. D'autant que la méthode ne diffère pas seulement entre les Etats-Unis et l'Europe, mais aussi entre chaque pays européen.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Clark Kokich a été nommé president de Avenue A | Razorfish en septembre 2005, après un intermède d'un an à la direction de West Region.

Auparavant, il a passé plusieurs années à la direction de Avenue A | Razorfish :
Mai 2001 - Juillet 2004 : président de Avenue A Seattle et Chicago
Octobre 2000 - Mai 2001 : président Digital Marketing Solutions, Avenue A Seattle
Janvier 2000 - Octobre 2000 : senior vice president Diversified Services
Juillet 1999 - Janvier 2000 : vice president et DG, Growth Markets Division.

De 1996 à 1998, Clark Kokich a occupé le poste de PDG de Calla Bay (prêt-à-porter). De 1992 à 1996, il a été directeur marketing et commercial pour AT&T Wireless Services. Il a débuté sa carrière dans la publicité et y a passé 12 ans.

Clark Kokich est diplômé de l'Université de l'Oregon.

  
 
 
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