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Steve Olechowski
Chief operating officer
FeedBurner
Steve Olechowski
"Nous comptons nouer des accords avec les plates-formes de blogs"
Chaque jour pendant une semaine, le Journal du Net interroge un pionnier américain du Web 2.0. Aujourd'hui, le créateur de FeedBurner revient sur l'aventure du service de gestion de flux RSS.
(17/10/2006)
 
JDN. Comment avez-vous eu l'idée de créer FeedBurner ?
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Steve Olechowski. Je travaillais depuis longtemps autour des contenus envoyés sous différentes formes. Après avoir participé aux Etats-Unis au développement du système d'annonces SMS, j'ai fondé avec Dick Costolo, Eric Lunt et Matt Shobe Spyonit, un service qui alerte par e-mail ou message instantané par exemple quand un site est mis à jour et contient une information recherchée. Nous étions donc convaincus qu'il y avait un potentiel autour du contenu envoyé. En 2003, quand nous avons vu l'arrivée et la croissance du fil RSS, nous avons pensé que les éditeurs auraient besoin d'aide avec cette technologie.

Avez-vous réussi à convaincre rapidement des capital-risqueurs ?
La première année, la société a vécu sur les fonds de ses fondateurs. Puis nos besoins en ressources serveurs nous ont poussés à nous ouvrir à des financements extérieurs. Le premier tour de table en 2004, de un million de dollars, concernait des capital-risqueurs de la région de Chicago, où nous sommes situés. De nombreux fonds, basés en Californie, nous disaient à moitié sérieusement : 'Nous n'allons jamais pouvoir vous trouver si vous n'êtes pas sur la côte Ouest !' Finalement, ils ont réussi, et nous ont financé lors d'un deuxième tour de 7 millions de dollars en avril 2005. Le plus dur a été en fait de leur apprendre ce qu'était le RSS, que la plupart d'entre eux au début ne savaient même pas l'épeler ! D'autre part, être implantés à Chicago nous permet d'être proches des sociétés médias, situées majoritairement sur la côte Est.

FeedBurner est donc une sorte de boîte à outils pour les éditeurs de sites et de blogs. Quels services proposez-vous ?

Nos services tournent autour de la gestion de fils. D'abord, nous organisons et simplifions les différents fils de nos clients dans un même format. Cela nous permet ensuite de proposer des services de statistiques sur le trafic des fils. Enfin, nous proposons aux éditeurs de monétiser leurs fils en rejoignant notre réseau publicitaire.

Quel est le modèle économique de FeedBurner ?
Nos revenus viennent essentiellement de notre réseau publicitaire, c'est-à-dire des publicités sur les fils RSS partenaires. Nous avions d'abord testé Google Adsense, mais cela n'a pas marché car ce système a été pensé pour les moteurs de recherche, et s'adapte mal aux fils. Nous sommes une régie qui propose aux annonceurs différentes catégories thématiques (information, technologie, automobile...), mais aussi démographiques. Quant à nos abonnements Pro pour la gestion des fils et l'accès aux statistiques, ils ne nous rapportent pas énormément, mais cela n'a jamais été notre but. On nous a pourtant reproché de ne pas avoir de modèle économique.

Les éditeurs voient souvent les RSS comme un risque pour leur modèle économique, car ils détournent les consommateurs de leur site et donc de la publicité, donc de leurs revenus ?
La peur est la première réaction. Elle me rappelle celle des journaux papiers, il y a quelques années face au Web. Aujourd'hui, tous ont un site. Nous expliquons que le public qui lit des fils RSS est très différent de celui des sites, où viennent beaucoup de lecteurs via les moteurs de recherche. Le RSS est aussi un média à part, qui permet une relation directe avec le lecteur. Nous comptons désormais parmi nos clients, Newsweek, USA Today, Reuters, ou encore Le Figaro en France !

Vous avez acheté il y a quelques mois une société spécialisée dans la mesure d'audience de blogs. Vous vous adressez plus aux blogueurs qu'aux publications ?
Nous ciblons les éditeurs sous toutes leurs formes. Mais il est vrai que les blogs représentent toujours une part importante de nos clients. Nous avons racheté Blogbeat, car nous avons compris que, si la plupart des sites sont très satisfaits des services de mesures d'audience, les blogueurs veulent davantage. Nous proposons désormais une solution intégrée pour leur apporter de nombreuses statistiques. Par ailleurs, nous avons conclu des partenariats avec la plate-forme TypePad pour proposer à ses blogueurs d'utiliser FeedBurner. D'autres accords de ce type vont suivre.

Que pensez-vous du Web 2.0 ? Y a-t-il une "bulle 2.0" selon vous ?
Je ne sais pas. Bien sûr, beaucoup d'argent a été déversé sur des sociétés Internet ces dernières années, et la plupart de ces sociétés auront disparu d'ici 2 ans. Mais le Web 2.0 crée un environnement plus compétitif, car il offre à n'importe qui les moyens de créer son site. Or les idées sympas ne donnent pas forcément des affaires rentables. Il faut faire extrêmement attention à développer un contenu ou un service unique. Cela permettra des complémentarités entre sociétés, qui pourront alors travailler ensemble. Un bon modèle pourrait être le trafic d'un côté et le service de l'autre.

Quels sont vos sites préférés ?
Je suis un véritable geek du gadget et j'aime particulièrement Gizmodo.com. Il se trouve que je parle espagnol et italien donc j'assouvis ma passion du gadget sur des sites équivalents dans ces langues.

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Connaissez-vous des sites Web 2.0 français ? Lesquels trouvez-vous intéressants ?
J'apprécie beaucoup Netvibes, un site qui a très bien réussi à développer sa base d'utilisateurs et "l'expérience utilisateur". J'aime aussi l'éditeur de blogs The Social Media Group, une forme intéressante de plate-forme. Ils ont bien réussi à attirer une audience différente de celle des plates-formes américaines présentes en France.

 
 
Propos recueillis par Baptiste RUBAT du MERAC, JDN

PARCOURS
 
 
Steve Olechowski est diplômé en informatique et en économie de la Northwestern University. Il a travaillé chez Andersen Consulting, Digital Knowledge Assets et Burning Door LLC notamment. Il est aussi l'un des fondateurs de Spyonit, revendu en 2000.

   
 
 
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