INTERVIEW 
 
Gauthier Picquart
P-DG
RueDuCommerce
Gauthier Picquart
"Nous comptons évoluer vers un modèle de média-distributeur"
Confronté à la baisse des marges, RueDuCommerce met en place une stratégie pour retrouver l'équilibre. Diversification, services à valeur ajoutée et valorisation de l'audience, le PDG en précise les grands axes.
(17/04/2007)
 
JDN. L'exercice fiscal annuel de RueDuCommerce s'est clôturé il y a quelques jours, le 31 mars. Où en est la société financièrement ?
  En savoir plus
 RueDuCommerce
 Gauthier Picquart
Gauthier Picquart. Les résultats seront publiés le 11 juin, avec un chiffre d'affaires annoncé début mai. Nous sommes une société cotée et je ne peux malheureusement rien vous dire. Simplement, nous avions l'objectif d'atteindre l'équilibre sur ce second semestre (octobre 2006 à mars 2007, ndlr), après une perte nette de 1,77 million d'euros annoncée pour notre premier semestre. Au final, sur l'année, nous ne devrions donc pas être revenus à l'équilibre.

Quelle est votre stratégie pour renouer avec la rentabilité ?
Après un premier semestre où nous avons poursuivi notre politique de croissance et d'augmentation de parts de marché sur le marché très concurrentiel du high tech, nous avons décidé de changer de stratégie. Nous avons pris la décision à l'automne de revenir à une croissance rentable, donc moins forte, pour limiter cette fuite en avant qui n'a pas de sens. N'étant pas adossé à un grand groupe, nous avons vocation à développer un modèle rentable.

C'est-à-dire ?
Nous avons étudié des pistes de développement, à partir d'exemples réussis à l'étranger, pour compléter notre modèle. Il y a deux axes importants. Dans notre métier traditionnel, nous avons décidé d'améliorer nos marges avec de nouveaux services à nos clients. Depuis quelques mois, nous proposons ainsi des extensions de garantie, des assurances nouvelles et plusieurs services d'assistance (par téléphone, à domicile, formations...). Par ailleurs, des offres de financement seront mises en place dans les semaines qui viennent, pour permettre notamment d'aller plus loin que le paiement en seulement 3 fois.

Vous voulez aussi renforcer les revenus issus de la publicité ?
Cela fait partie de l'évolution de notre modèle du simple vendeur à un "média distributeur". Il s'agit d'une part de développer notre audience et d'autre part de la monétiser. Cette dimension média sera révélée début juin. Nous allons notamment créer une régie publicitaire, pour monétiser l'audience de nos sites, et travailler davantage avec les marques pour mettre en avant leurs produits, sous forme d'offres spéciales, par exemple.

Vous avez lancé en début d'année RueDesPromotions. Vous vous éloignez du high tech, votre métier d'origine ?
Nous sommes le cinquième ou sixième site e-commerce, mais le premier spécialisé. Nous avons acquis cette position uniquement avec le high tech. Mais ce secteur est extrêmement concurrentiel, surtout en France. Nous voulons donc épauler ce modèle. RueDesPromotions propose, depuis les soldes d'hiver 2007, les meilleures soldes, puis promotions, du marché. Nous donnons la possibilité aux sites, quel que soit leur univers, de mettre en avant leurs produits.

Le CtoC est complémentaire de notre modèle."
Vous avez lancé une offre de petites annonces en décembre dernier (lire RueDuCommerce se diversifie avec les petites annonces, du 18/12/06). Cela relève de la même stratégie ?
Oui, car il s'agit de petites annonces gratuites, qui devraient donc générer un trafic important à monétiser. Nous avons plus ou moins 100.000 annonces. Elles concernent de très nombreux domaines, mais d'autres vont être ajoutés dans les semaines qui viennent, ainsi que de nouveaux outils permettant une approche plus communautaire.

Vous vous essayez donc au CtoC ?
Nous voulons développer notre activité CtoC, car ce modèle est très complémentaire du nôtre. D'ailleurs, pour s'en convaincre, il suffit de regarder le mouvement dans l'autre sens, avec des sites CtoC qui vendent de plus en plus de produits neufs. Il y a donc une tendance au mélange. Mais à mon avis, c'est plus facile dans notre sens, car nous avons un trafic déjà important. Nous ne vivons pas des petites annonces, c'est pourquoi nous pouvons les rendre gratuites.

Comment voyez-vous évoluer ce marché français du high tech, si concurrentiel ?
Le marché a connu une vague de rachats, et RueDuCommerce est d'ailleurs un des deux seuls vendeurs high tech encore indépendants, avec LDLC. Tous les autres s'appuient sur un grand groupe : Cdiscount à Casino, GrosBill à Auchan, MisterGoodDeal à M6... La question est maintenant de savoir si ces gros groupes vont rester et investir pour prendre des parts de marché, où bien s'ils vont céder ces sites à d'autres. Il pourrait alors y avoir une nouvelle consolidation à deux ou trois acteurs importants, avec en plus plusieurs petits. Le high tech devrait continuer à croître, mais cette croissance sera davantage portée par ces petits acteurs.

Notre objectif est d'orchestrer la remontée du cours de Bourse ."
Le cours de Bourse de RueDuCommerce a connu une baisse importante depuis votre introduction il y a un an et demi. Ne regrettez-vous pas votre choix ?
Non, il n'y a pas de regrets. Nous nous sommes introduits fin 2005 sur un marché tendu. Ensuite, nos résultats ont déçu nos investisseurs, notamment avec les pertes annoncées en mai 2006, alors que nous étions rentables depuis 2002. C'est compréhensible. Mais le marché va voir qu'il y a un changement de donne, avec la mise en place d'un modèle très puissant, qui devrait porter ses fruits dans les mois ou les années qui viennent. D'ailleurs, les fondateurs restent actionnaires, car nous croyons que RueDuCommerce a encore beaucoup à prouver.

Une ouverture du capital n'est donc pas à l'ordre du jour ?
Non, car le cours de Bourse est aujourd'hui très bas. Notre objectif à 6 ou 7 mois est d'orchestrer la remontée du cours à un niveau élevé. Cela donnera à la société des possibilités nouvelles, notamment pour des acquisitions.

RueDuCommerce a ouvert un site espagnol en juillet dernier. Avec quels résultats jusqu'ici ?
Les ventes sont bonnes, si on les rapporte aux investissements réalisés. Nous prenons position sur ce marché qui devrait se développer très fortement dans les 2 à 3 ans à venir. Mais notre priorité est de nous développer en France, donc nous n'avons très peu investi en dépenses marketing, nous limitant au référencement naturel et des partenariats. Nous allons poursuivre cela en 2007, en sachant que nous serons amenés à appuyer nos efforts en Espagne. La machine est en place pour cela. Par ailleurs, nous pouvons nous déployer en moins de deux mois en Italie ou au Portugal.

Vous avez signé un partenariat avec France Loisirs (lire RueDuCommerce et France Loisirs unissent leurs forces, du 14/10/06). D'autres sont-ils en préparation ?
Oui, nous préparons un autre partenariat sur le téléchargement. Il portera à la fois sur la musique, la vidéo et les logiciels. Le premier volet de ce partenariat sera mis en place début mai.

  En savoir plus
 RueDuCommerce
 Gauthier Picquart
Votre plainte contre six marchands en ligne étrangers pour concurrence déloyale a été rejetée en appel. Quelle est votre réaction ?
Je suis convaincu qu'il y a un vrai problème avec cette taxe sur les supports vierges que les vendeurs français doivent payer au titre de la copie privée. Elle est de 0 au Royaume-Uni et dix fois moins élevée en Allemagne. Cela pose un problème de concurrence énorme qui nous incite à remettre en cause cette taxe. Nous étudions un recours en cassation, pour pouvoir interpeller la Cour européenne de Justice.
 
 
Propos recueillis par Baptiste RUBAT du MERAC, JDN

PARCOURS
 
 
Voir la fiche de Gauthier Picquart dans le Carnet des Managers du JDN

   
 
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International